Bulletin of Sri Aurobindo International

Centre of Education

Bulletin du Centre International d' Éducation Sri Aurobindo

 

Août 1973

 

Contents :

Table des Matières:

The Synthesis of Yoga

The Yoga of Self-Perfection

Faith and Shakti

— Sri Aurobindo

Sri Aurobindo Says

La Synthèse des Yogas

Le Yoga de la Perfection de Soi

Foi et Shakti

— Sri Aurobindo

Sri Aurobindo a dit

Sri Aurobindo:

Thoughts and Aphorisms

Mother Answers

Questions and Answers

(Translation)

The Mother

Sri Aurobindo:

Pensées et Aphorismes

Mère Répond

Entretiens

(Original) 

 — La Mère

Sri Aurobindo

Correspondence with Nirodbaran

Sri Aurobindo

Correspondance  avec Nirodbaran

Report on the Quarter

Rapport Trimestriel

Illustrations

 

The Synthesis of Yoga

 

The Synthesis of Yoga

 "All Life is Yoga"

 

Part IV

 

THE YOGA OF SELF-PERFECTION

 

CHAPTER XVIII

 

FAITH AND SHAKTI

 

THE three parts of the perfection of our instrumental nature of which we have till now been reviewing the general features, the perfection of the intelligence, heart, vital consciousness and body, the perfection of the fundamental soul powers, the perfection of the surrender of our instruments and action to the divine Shakti, depend at every moment of their progression on a fourth power that is covertly and overtly the pivot of all endeavour and action, faith, śraddhā. The perfect faith is an assent of the whole being to the truth seen by it or offered to its acceptance, and its central working is a faith of the soul in its own will to be and attain and become and its idea of self and things and its knowledge, of which the belief of the intellect, the heart's consent and the desire of the life mind to possess and realise are the outward figures. This soul faith, in some form of itself, is indispensable to the action of the being and without it man cannot move a single pace in life, much less take any step forward to a yet unrealised perfection. It is so central and essential a thing that the Gita can justly say of it that whatever is a man's śraddhā, that he is, yo yacchraddhaḥ sa eva saḥ., and, it may be added, whatever he has the faith to see as possible in himself and strive for, that he can create and become. There is one kind of faith demanded as indispensable by the integral Yoga and that may be described as faith in God and the Shakti, faith in the presence and power of the Divine in us and the world, a faith that all in the world is the working of one divine Shakti, that all the steps of the Yoga, its strivings and sufferings and failures as well as its successes and satisfactions and victories are utilities and necessities of her workings and that by

La Synthèse des Yoga

"Toute la Vie est un Yoga"

 

Livre IV

 

LE YOGA DE LA PERFECTION DE SOI

 

CHAPITRE XVIII

 

FOI ET SHAKTI

 

LES trois parties de la perfection des instruments de notre nature dont nous avons jusqu'à présent étudié les caractéristiques générales — la perfection de l'intelligence, du cœur, de la conscience vitale et du corps, la perfection des pouvoirs fondamentaux de l'âme, et la perfection de la soumission de nos instruments et de notre action à la Shakti divine — dépendent d'un quatrième pouvoir pour leur progrès de chaque instant, et ce pouvoir, visiblement ou non, est le pivot de toute entreprise et de toute action : la foi, shraddhâ. La foi parfaite est un assentiment de tout l'être à la vérité qu'il a vue ou qui s'est offerte à son acceptation, et son ressort central est la foi de l'âme en sa propre volonté d'être, de réaliser et de devenir, une foi en son idée d'elle-même et des choses et en sa connaissance, dont les croyances de l'intellect, le consentement du cœur et le désir mental-vital de posséder et de réaliser sont des images extérieures. Cette foi de l'âme, sous une forme ou une autre, est indispensable à l'action de l'être, sans elle, l'homme ne pourrait pas faire un seul pas dans la vie, et encore moins avancer le moins du monde vers une perfection encore irréalisée. La foi est quelque chose de si central et de si essentiel que la Guîtâ peut en dire à juste titre que, quelle que soit la shraddhâ d'un homme, cela il l'est, yô yacchraddhah sa éva sah, et l'on peut ajouter : quelle que soit la chose qu'il voie comme possible en lui-même avec foi et vers quoi il tende, cela il peut le créer et le devenir. Il existe une sorte de foi indispensable pour le yoga intégral : on peut l'appeler la foi en Dieu et en la Shakti, la foi en la présence et en le pouvoir du Divin en nous et dans le monde, la foi que tout, dans le monde, est l'action d'une unique Shakti

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a firm and strong dependence on and a total self-surrender to the Divine and to his Shakti in us we can attain to oneness and freedom and victory and perfection.

The enemy of faith is doubt, and yet doubt too is an utility and necessity, because man in his ignorance and in his progressive labour towards knowledge needs to be visited by doubt, otherwise he would remain obstinate in an ignorant belief and limited knowledge and unable to escape from his errors. This utility and necessity of doubt does not altogether disappear when we enter on the path of Yoga. The integral Yoga aims at a knowledge not merely of some fundamental principle, but a knowing, a gnosis which will apply itself to and cover all life and the world action, and in this search for knowledge we enter on the way and are accompanied for many miles upon it by the mind's unregenerated activities before these are purified and transformed by a greater light: we carry with us a number of intellectual beliefs and ideas which are by no means all of them correct and perfect and a host of new ideas and suggestions meet us afterwards demanding our credence which it would be fatal to seize on and always cling to in the shape in which they come without regard to their possible error, limitation or. imperfection. And indeed at one stage in the Yoga it becomes necessary to refuse to accept as definite and final any kind of intellectual idea or opinion whatever in its intellectual form and to hold it in a questioning suspension until it is given its right place and luminous shape of truth in a spiritual experience enlightened by supramental knowledge. And much more must this be the case with the desires or impulsions of the life mind, which have often to be provisionally accepted as immediate indices of a temporarily necessary action before we have the full guidance, but not always clung to with the soul's complete assent, for eventually all these desires and impulsions have to be rejected or else transformed into and replaced by impulsions of the divine will taking up the life movements. The heart's faith, emotional beliefs, assents are also needed upon the way, but cannot be always sure guides until they too are taken up, purified, transformed and are eventually replaced by the luminous assents of a divine Ananda which is at one with the divine will and knowledge. In nothing in the lower nature from the reason to the vital will can the seeker of the Yoga put a complete and permanent faith, but only at last in the spiritual truth, power, Ananda which become in

divine, la foi que tous les pas du yoga, ses efforts, ses souffrances, ses échecs autant que ses succès, ses satisfactions et ses victoires, sont utiles et nécessaires à la marche de la Shakti, et que, par une forte et ferme confiance, par un don de soi total au Divin et à sa Shakti en nous, nous pouvons parvenir à l'unité, à la liberté, à la victoire et à la perfection.

L'ennemi de la foi est le doute, et pourtant le doute aussi est utile et nécessaire, parce que, dans son ignorance et son labeur progressif vers la connaissance, l'homme a besoin d'être visité par le doute, sinon il resterait obstinément enfermé dans une croyance ignorante, une connaissance limitée, et il serait incapable d'échapper à ses erreurs. L'utilité et la nécessité du doute ne cessent pas tout à fait quand nous entrons sur la voie du yoga. Le yoga intégral ne vise pas simplement à la connaissance de quelque principe fondamental mais à une compréhension, à une gnose qui s'applique à toute la vie, à toute l'action du monde et l'embrasse tout entière, or, dans cette recherche de la connaissance, nous nous mettons en route et sommes accompagnés pendant des kilomètres par les activités non régénérées du mental, jusqu'à ce que celles-ci soient purifiées et transformées par une lumière plus grande, nous emportons avec nous quantité de croyances intellectuelles et d'idées qui sont fort loin d'être toutes correctes ni parfaites, puis une troupe d'idées nouvelles et de suggestions arrivent plus tard à notre rencontre pour nous demander créance, or, il serait fatal de nous en emparer et de les adopter toujours sous la forme qu'elles revêtent sans nous soucier des erreurs, des limitations ou des imperfections qu'elles peuvent receler. En vérité, à un certain stade du yoga, il devient nécessaire de refuser d'accepter comme définitive et ultime toute idée intellectuelle ou opinion sous une forme intellectuelle, et de la garder en suspens, interrogativement, jusqu'à ce qu'elle trouve sa place exacte et sa forme de vérité lumineuse dans une expérience spirituelle illuminée par la connaissance supramentale. Il en va de même, et plus encore, quand il s'agit des désirs ou des impulsions mentales-vitales que nous sommes souvent obligés d'accepter provisoirement comme les indices immédiats d'une action temporairement nécessaire avant de recevoir la direction complète ; mais nous ne devons pas nous y attacher avec le total consentement de l'âme, car, finalement, tous ces désirs et toutes ces impulsions doivent être rejetés, ou transformés et remplacés par les impulsions de la volonté divine lorsqu'elle prendra en main les mouvements

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the spiritual' reason his sole guides and luminaries and masters of action.

And yet faith is necessary throughout and at every step because it is a needed assent of the soul and without this assent there can be no progress. Our faith must first be abiding in the essential truth and principles of the Yoga, and even if this is clouded in the intellect, despondent in the heart, outwearied and exhausted by constant denial and failure in the desire of the vital mind, there must be something in the innermost soul which clings and returns to it, otherwise we may fall on the path or abandon it from weakness and inability to bear temporary defeat, disappointment, difficulty and peril. In the Yoga as in life it is the man who persists unwearied to the last in the face of every defeat and disillusionment and of all confronting, hostile and contradicting events and powers who conquers in the end and finds his faith justified because to the soul and Shakti in man nothing is impossible. And even a blind and ignorant faith is a better possession than the sceptical doubt which turns its back on our spiritual possibilities or the constant carping of the narrow pettily critical uncreative intellect, asūyā, which pursues our endeavour with a paralysing incertitude. The seeker of the integral Yoga must however conquer both these imperfections. The thing to which he has given his assent and set his mind and heart and will to achieve, the divine perfection of the whole human being, is apparently an impossibility to the normal intelligence, since it is opposed to the actual facts of life and will for long be contradicted by immediate experience, as happens with all far-off and difficult ends, and it is denied too by many who have spiritual experience but believe that our present nature is the sole possible nature of man in the body and that it is only by throwing off the earthly life or even all individual existence that we can arrive at either a heavenly perfection or the release of extinction. In the pursuit of such an aim there will for long be plenty of ground for the objections, the carpings, asūyā, of that ignorant but persistent criticising reason which founds itself plausibly on the appearances of the moment, the stock of ascertained fact and experience, refuses to go beyond and questions the validity of all indices and illuminations that point forward ; and if he yields to these narrow suggestions, he will either not arrive or be seriously hampered and long delayed in his journey. On the other hand, ignorance and blindness in the faith are obstacles to a large success, invite much disappointment and disillusionment, fasten on false finalities and

de notre vie. La foi du cœur, les croyances émotives et leur assentiment aussi sont nécessaires sur le chemin, mais ils ne sont pas toujours des guides très sûrs tant que, eux aussi, n'ont pas été pris en main, purifiés, transformés, et finalement remplacés par l'assentiment lumineux d'un Ânanda divin en union avec la volonté et la connaissance divines. Il n'est rien dans la nature inférieure, de la raison jusqu'à la volonté vitale, en quoi le chercheur du yoga puisse mettre une foi totale et permanente, sauf, à la fin, dans la vérité, dans le pouvoir et l'Ânanda spirituels qui, en la raison spirituelle, deviennent ses seuls guides, ses luminaires, les maîtres de son action.

Et pourtant, la foi est nécessaire tout du long et à chaque pas, parce que c'est l'assentiment nécessaire de l'âme et sans cet assentiment il ne peut pas y avoir de progrès. Et d'abord, notre foi doit rester fidèle à la vérité essentielle et aux principes du yoga; même si elle est voilée dans l'intellect, découragée dans le cœur, lassée et épuisée par les négations et les échecs constants des désirs du mental-vital, il faut que quelque chose dans l'âme profonde s'y accroche et y retourne, sinon nous risquons de tomber sur le chemin ou de l'abandonner par faiblesse et incapacité de supporter une défaite, une déception, une difficulté, un péril temporaires. Dans le yoga, comme dans la vie, celui qui persiste inlassablement jusqu'au bout en face de toutes les défaites et toutes les désillusions, tous les événements contradictoires et les pouvoirs hostiles qui l'assaillent, celui-là, à la fin, conquiert et voit sa foi justifiée, parce que rien n'est impossible à l'âme et à la Shakti dans l'homme. Même une foi aveugle et ignorante est une possession meilleure que le doute sceptique qui tourne le dos à nos possibilités spirituelles ou que la censure constante de l'intellect étroit mesquinement critique et non créateur (asoûya) qui harcèle notre entreprise avec ses incertitudes paralysantes. D'une manière ou d'une autre, le chercheur du yoga intégral doit conquérir ces deux imperfections. Ce à quoi il a donné son assentiment et que, dans son mental, dans son cœur et dans sa volonté, il a décidé d'accomplir — la perfection divine de l'être humain tout entier—est apparemment une impossibilité pour l'intelligence normale, puisqu'elle s'oppose aux faits concrets de la vie et sera pendant longtemps contredite par l'expérience immédiate comme il en est de tous les buts lointains et difficiles , elle est même démentie par beaucoup de ceux qui ont une expérience spirituelle et qui croient que

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prevent advance to greater formulations of truth and perfection. The Shakti in her workings will strike ruthlessly at all forms of ignorance and blindness and all even that trusts wrongly and superstitiously in her, and we must be prepared to abandon a too persistent attachment to forms of faith and cling to the saving reality alone. A great and wide spiritual and intelligent faith, intelligent with the intelligence of that larger reason which assents to high possibilities, is the character of the śraddhā needed for the integral Yoga.

This śraddhā — the English word faith is inadequate to express it — is in reality an influence from the supreme Spirit and its light a message from our supramental being which is calling the lower nature to rise out of its petty present to a great self-becoming and self-exceeding. And that which receives the influence and answers to the call is not so much the intellect, the heart or the life mind, but the inner soul which better knows the truth of its own destiny and mission. The circumstances that provoke our first entry into the path are not the real index of the thing that is at work in us. There the intellect, the heart, or the desires of the life mind may take a prominent place, or even more fortuitous accidents and outward incentives ; but if these are all, then there can be no surety of our fidelity to the call and our enduring perseverance in the Yoga. The intellect may abandon the idea that attracted it, the heart weary or fail us, the desire of the life mind turn to other objectives. But outward circumstances are only a cover for the real workings of the spirit, and if it is the spirit that has been touched, the inward soul that has received the call, the śraddhā will remain firm and resist all attempts to defeat or slay it. It is not that the doubts of the intellect may not assail, the heart waver, the disappointed desire of the life mind sink down exhausted on the wayside. That is almost inevitable at times, perhaps often, especially with us, sons of an age of intellectuality and scepticism and a materialistic denial of spiritual truth which has not yet lifted its painted clouds from the face of the sun of a greater reality and is still opposed to the light of spiritual intuition and inmost experience. There will very possibly be many of those trying obscurations of which even the Vedic Rishis so often complained, "long exiles from the light," and these may be so thick, the night on the soul may be so black that faith may seem utterly to have left us. But through it all the spirit within will be keeping its unseen hold and the soul

notre nature actuelle est la seule nature possible pour l'homme dans un corps et que c'est seulement en rejetant la vie terrestre, ou même toute existence individuelle, que nous pouvons atteindre à une perfection céleste ou à la délivrance de l'anéantissement. Dans la poursuite de notre but, nous trouverons pendant longtemps de nombreuses raisons aux objections et censures (asoûya) de cette raison critique ignorante et obstinée qui se fonde avec tant de plausibilité sur les apparences du moment, sur le répertoire des faits et des expériences établies, refuse d'aller plus loin et questionne la validité de tous les indices, toutes les illuminations annonçant un chemin plus avancé, et si le chercheur cède à ces étroites suggestions, il n'arrivera pas au but, ou il sera sérieusement entravé et, pendant longtemps, retardé dans son voyage. Par contre, l'ignorance et l'aveuglement de la foi sont des obstacles à un large succès, ils appellent bien des déceptions et des désillusions, lient à de faux buts et empêchent d'avancer vers des expressions plus grandes de la vérité et de la perfection. Dans son mouvement, la Shakti frappera sans merci toutes les formes d'ignorance et d'aveuglement, elle frappera même tout ce qui a confiance en elle d'une façon fausse et superstitieuse — nous devons être prêts à abandonner un attachement trop persistant aux formes de la foi et nous agripper seulement à la réalité qui sauve. Une foi spirituelle et intelligente, forte, vaste — intelligente de cette intelligence de l'autre raison plus large qui consent aux hautes possibilités —, tel est le caractère de la shraddhâ nécessaire au yoga intégral.

Cette shraddhâ (le mot français "foi" est inadéquat pour l'exprimer) est en fait une influence qui vient de l'Esprit suprême et de sa lumière, un message de notre être supramental appelant la nature inférieure à sortir de son petit état actuel et à s'élever à un devenir et à un dépassement de soi plus grands. Or, ce n'est pas tant l'intellect, le cœur ni le mental-vital qui reçoivent l'influence et répondent à l'appel, que l'âme intérieure qui voit avec plus de clairvoyance la vérité de sa propre destinée et de sa mission. Les circonstances qui déterminent notre première entrée sur le chemin ne sont pas l'indice véritable de ce qui est à l'œuvre en nous. À ce stade, l'intellect, le cœur ou les désirs du mental-vital peuvent jouer un rôle prépondérant, ou même les accidents fortuits et les stimulants extérieurs, mais s'il n'y a pas autre chose, nous ne pouvons guère être sûrs de notre fidélité à l'appel ni de notre endurance persévérante dans le yoga. L'intellect peut abandonner

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will return with a new strength to its assurance which was only eclipsed and not extinguished, because extinguished it cannot be when once the inner self has known and made its resolution.1 The Divine holds our hand through all and if he seems to let us fall, it is only to raise us higher. This saving return we shall experience so often that the denials of doubt will become eventually impossible and, when once the foundation of equality is firmly established and still more when the sun of the gnosis has risen, doubt itself will pass away because its cause and utility have ended.

Moreover, not only a faith in the fundamental principle, ideas, way of the Yoga is needed, but a day to day working faith in the power in us to achieve, in the steps we have taken on the way, in the spiritual experiences that come to us, in the intuitions, the guiding movements of will and impulsion, the moved intensities of the heart and aspirations and fulfilments of the life that are the aids, the circumstances and the stages of the enlarging of the nature and the stimuli or the steps of the soul's evolution. At the same time it has always to be remembered that we are moving from imperfection and ignorance towards light and perfection, and the faith in us must be free from attachment to the forms of our endeavour and the successive stages of our realisation. There is not only much that will be strongly raised in us in order to be cast out and rejected, a battle between the powers of ignorance and the lower nature and the higher powers that have to replace them, but experiences, states of thought and feeling, forms of realisation that are helpful and have to be accepted on the way and may seem to us for the time to be spiritual finalities, are found afterwards to be steps of transition, have to be exceeded and the working faith that supported them withdrawn in favour of other and greater things or of more full and comprehensive realisations and experiences, which replace them or into which they are taken up in a completing transformation. There can be for the seeker of the integral Yoga no clinging to resting-places on the road or to half-way houses; he cannot be satisfied till he has laid down all the great enduring bases of his perfection and broken out into its large and free infinities, and even there he has to be constantly filling himself with more experiences of the Infinite. His progress

 

1 saṅkalpa, vyavasāya

l'idée qui l'avait séduit, le cœur se fatiguer ou nous faire défaut, le désir du mental-vital se tourner vers d'autres objets. Mais les circonstances extérieures ne sont qu'un prétexte des opérations véritables de l'esprit et si c'est l'esprit qui a été touché, si c'est l'âme intérieure qui a reçu l'appel, la shraddhâ restera ferme et résistera à toutes les tentatives qui voudraient l'abattre ou la détruire. Non pas que les doutes de l'intellect ne viendront pas à l'assaut, que le cœur ne vacillera pas, que le désir du mental-vital, désappointé, ne retombera pas épuisé sur le bord de la route. Tout cela est parfois inévitable—peut-être souvent, surtout pour nous, fils d'un âge d'intellectualité, de scepticisme et de négation matérialiste qui refuse toute vérité spirituelle, un âge qui n'a pas encore secoué les nuages qu'il a peints sur la face du soleil d'une réalité plus grande et qui s'oppose encore à la lumière de l'intuition spirituelle et de l'expérience profonde. Très probablement, ces obscurcissements pénibles seront nombreux; les Rishi védiques eux-mêmes se sont si souvent plaints de ces "longs exils de la lumière", et ces obscurcissements peuvent être si épais, la nuit de l'âme si noire, que la foi peut sembler nous avoir totalement quittés. Mais tout du long, l'esprit au-dedans garde son emprise invisible, et l'âme reviendra avec une force nouvelle à son assurance, qui était seulement éclipsée mais non éteinte, car elle ne peut pas être éteinte une fois que le moi intérieur a connu cela et pris sa résolution1. Tout du long, le Divin tient notre main, et s'il semble nous laisser chuter, c'est seulement pour nous soulever plus haut. Nous aurons si souvent l'expérience de ces retours sauveurs que les démentis du doute deviendront finalement impossibles et, une fois le fondement d'égalité fermement établi ou, plus encore, quand le soleil de la gnose se sera levé, le doute même disparaîtra, parce que sa cause et son utilité auront pris fin.

En outre, ce n'est pas seulement la foi en les principes fondamentaux, en les idées et la voie du yoga qui est nécessaire, mais, jour après jour, une foi active en notre propre pouvoir de réaliser, en les pas que nous avons accomplis sur le chemin, en les expériences spirituelles qui viennent à nous, en les intuitions, les mouvements qui guident la volonté et l'impulsion, en les intensités émues du cœur et les aspirations, les accomplissements de la vie qui viennent aider, entourer et marquer les étapes de l'élargissement

 

1 sankalpa, vyavasâya

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is an ascent from level to level and each new height brings in other vistas and revelations of the much that has still to be done, bhūri kartvam, till the divine Shakti has at last taken up all his endeavour and he has only to assent and participate gladly by a consenting oneness in her luminous workings. That which will support him through these changes, struggles, transformations which might otherwise dishearten and baffle, — for the' intellect and life and emotion always grasp too much at things, fasten on premature certitudes and are apt to be afflicted and unwilling when forced to abandon that on which they rested, — is a firm faith in the Shakti that is at work and reliance on the guidance of the Master of the Yoga whose wisdom is not in haste and whose steps through all the perplexities of the mind are assured and just and sound, because they are founded on a perfectly comprehending transaction with the necessities of our nature.

The progress of the Yoga is a procession from the mental ignorance through imperfect formations to a perfect foundation and increasing of knowledge and in its more satisfyingly positive parts a movement from light to greater light, and it cannot cease till we have the greatest light of the supramental knowledge. The motions of the mind in its progress must necessarily be mixed with a greater or lesser proportion of error, and we should not allow our faith to be disconcerted by the discovery of its errors or imagine that because the beliefs of the intellect which aided us were too hasty and positive, therefore the fundamental faith in the soul was invalid. The human intellect is too much afraid of error precisely because it is too much attached to a premature sense of certitude and a too hasty eagerness for positive finality in what it seems to seize of knowledge. As our self-experience increases, we shall find that our errors even were necessary movements, brought with them and left their element or suggestion of truth and helped towards discovery or supported a necessary effort and that the certitudes we have now to abandon had yet their temporary validity in the progress of our knowledge. The intellect cannot be a sufficient guide in the search for spiritual truth and realisation and yet it has to be utilised in the integral movement of our nature. And while, therefore, we have to reject paralysing doubt or mere intellectual scepticism, the seeking intelligence has to be trained to admit a certain large questioning, an intellectual rectitude not satisfied with half-truths, mixtures of error or approximations and, most positive and helpful, a perfect readiness

de la nature, stimuler ou jalonner les degrés de l'évolution de l'âme. Aussi, il faut toujours se souvenir que nous partons de l'imperfection et de l'ignorance pour aller à la lumière et à la perfection, et la foi en nous doit être libre de tout attachement aux formes de notre effort et aux étapes successives de notre réalisation. Non seulement il y aura bien des choses en nous qui seront fortement soulevées afin d'être extirpées et rejetées, une bataille entre les pouvoirs de l'ignorance, de la nature inférieure et les pouvoirs supérieurs qui doivent les remplacer, mais il y aura aussi des expériences, des états de pensée et de sentiment, des formes de réalisation — qui sont utiles et doivent être acceptés en cours de route, et qui peuvent nous apparaître, sur le moment, comme des sommets spirituels —, mais nous nous apercevrons plus tard que c'étaient des étapes de transition et qu'ils doivent être dépassés, et la foi pratique qui les avait soutenus retirée en faveur de formes plus grandes ou de réalisations et d'expériences plus pleines, plus vastes, qui prendront leur place ou en lesquelles ils seront intégrés et complétés dans une transformation enrichissante. Pour le chercheur du yoga intégral, il ne peut pas y avoir d'attachement aux lieux de repos en route ni aux demeures à mi-chemin ; il ne peut pas être satisfait tant qu'il n'a pas établi toutes les grandes bases durables de sa perfection et débouché dans les infinitudes larges et libres — et même alors, il doit constamment se remplir d'expériences nouvelles de l'Infini. Son progrès est une ascension de niveau en niveau et chaque hauteur nouvelle ouvre d'autres perspectives, d'autres révélations de tout ce qui reste encore à accomplir, bhoûri kartwam-, jusqu'au jour où la Shakti divine, enfin, ' prendra en main toute notre entreprise et le chercheur n'aura plus qu'à adhérer et à participer joyeusement à Ses œuvres lumineuses par son unité consentante. Ce qui le soutiendra tout au long de ces changements, ces luttes, ces transformations — qui autrement pourraient décourager, déconcerter, car l'intellect, la vie et les émotions veulent toujours s'emparer trop vite du but, se fixer à des certitudes prématurées et sont enclins à l'affliction ou à la mauvaise volonté quand ils sont forcés d'abandonner ce sur quoi ils se reposaient —, c'est une foi inébranlable en la Shakti qui est à l'œuvre et une confiance en la direction du Maître du Yoga dont la sagesse n'est pas pressée et dont chaque pas, à travers toutes les perplexités du mental, est assuré, juste, solide, parce que chacun se fonde sur une large et parfaite compréhension des transactions avec les

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always to move forward from truths already held and accepted to the greater corrective, completing or transcending truths which at first it was unable or, it may be, disinclined to envisage. A working faith of the intellect is indispensable, not a superstitious, dogmatic or limiting credence attached to every temporary support or formula, but a large assent to the successive suggestions and steps of the Shakti, a faith fixed on realities, moving from the lesser to the completer realities and ready to throw down all scaffolding and keep only the large and growing structure.

A constant śraddhā, faith, assent of the heart and the life too are indispensable. But while we are in the lower nature the heart's assent is coloured by mental emotion and the life movements are accompanied by their trail of perturbing or straining desires, and mental emotion and desire tend to trouble, alter more or less grossly or subtly or distort the truth, and they always bring some limitation and imperfection into its realisation by the heart and life. The heart too when it is troubled in its attachments and its certitudes, perplexed by throw-backs and failures and convictions of error or involved in the wrestlings which attend a call to move forward from its assured positions, has its draggings, weariness, sorrowings, revolts, reluctances which hamper the progress. It must learn a larger and surer faith giving in the place of the mental reactions a calm or a moved spiritual acceptance to the ways and the steps of the Shakti which is in its nature the assent of a deepening Ananda to all necessary movements and a readiness to leave old moorings and move always forwards towards the delight of a greater perfection. The life mind must give its assent to the successive motives, impulsions, activities of the life imposed on it by the guiding power as aids or fields of the development of the nature and to the successions also of the inner Yoga, but-it must not be attached or call a halt anywhere, but must always be prepared to abandon old urgency and accept with the same completeness of assent new higher movements and activities, and it must learn to replace desire by a wide and bright Ananda in all experience and action. The faith of the heart and the life mind, like that of the intelligence, must be capable of a constant correction, enlarging and transformation.

This faith is essentially the secret śraddhā of the soul, and it is brought more and more to the surface and there satisfied, sustained and increased by an increasing assurance and certainty of spiritual experience. Here too

nécessités de notre nature.

Le progrès du yoga est semblable à une lente procession qui s'étend de l'ignorance mentale avec ses formations imparfaites à un fondement de connaissance parfait et à une connaissance croissante, dans ses parties plus positivement satisfaisantes, c'est un mouvement qui va d'une lumière à une autre lumière plus grande, et il ne peut cesser jusqu'à ce que l'on arrive à la suprême lumière de la connaissance supramentale. Les mouvements du progrès mental sont nécessairement mélangés à une proportion d'erreur plus ou moins grande, et nous ne devons pas permettre à notre foi d'être déconcertée par la découverte de ces erreurs, ni imaginer que notre foi fondamentale en l'âme n'est plus valable sous prétexte que les croyances intellectuelles qui nous avaient aidés étaient trop hâtives et trop affirmatives. L'intellect .humain a trop peur de l'erreur, justement parce qu'il est trop attaché à un sentiment prématuré de certitude et à une ardeur trop empressée d'arriver au sommet absolu de ce qu'il lui semble saisir de la connaissance. Plus notre expérience de nous-mêmes grandit, plus nous nous apercevons que même nos erreurs étaient des mouvements nécessaires ; qu'elles apportaient avec elles et laissaient leur élément de vérité ou leur suggestion de vérité, et qu'elles avaient aidé à la découverte ou prêté leur appui à un effort nécessaire, et que les certitudes qu'il nous faut abandonner avaient cependant leur validité temporaire dans le progrès de notre connaissance. L'intellect ne peut pas être un guide suffisant dans la recherche de la vérité et de la réalisation spirituelles, et, pourtant, il doit être utilisé dans le mouvement intégral de notre nature. Par conséquent, même si nous devons rejeter le doute paralysant ou le scepticisme purement intellectuel, cependant l'intelligence chercheuse doit s'entraîner à accepter une large remise en question, une rectitude intellectuelle qui ne se satisfait point des demi-vérités, des mélanges d'erreurs ou d'approximations et, surtout, d'une façon plus positive et plus utile, elle doit toujours être prête à aller de l'avant et à passer des vérités déjà acquises ou acceptées à des vérités rectificatives plus grandes qui complètent ou transcendent, vérités que tout d'abord elle avait été incapable d'accepter, ou peut-être même peu encline à envisager. Une foi pratique de l'intellect est indispensable — non pas une croyance superstitieuse, dogmatique ni limitative qui s'attache à chaque support et à chaque formule temporaires, mais un large assentiment aux suggestions successives

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the faith in us must be unattached, a faith that waits upon Truth and is prepared to change and enlarge its understanding of spiritual experiences, to correct mistaken or half-true ideas about them and receive more enlightening interpretations, to replace insufficient by more sufficient intuitions, and to merge experiences that seemed at the time to be final and satisfying in more satisfying combinations with new experience and greater largenesses and transcendences. And especially in the psychical and other middle domains there is a very large room for the possibility of misleading and often captivating error, and here even a certain amount of positive scepticism has its use and at all events a great caution and scrupulous intellectual rectitude, but not the scepticism of the ordinary mind which amounts to a disabling denial. In the integral Yoga psychical experience, especially of the kind associated with what is often called occultism and savours of the miraculous, should be altogether subordinated to spiritual truth and wait upon that for its own interpretation, illumination and sanction. But even in the purely spiritual domain, there are experiences which are partial and, however attractive, only receive their full validity, significance or right application when we can advance to a fuller experience. And there are others which are in themselves quite valid and full and absolute, but if we confine ourselves to them, will prevent other sides of the spiritual truth from manifestation and mutilate the integrality of the Yoga. Thus the profound and absorbing quietude of impersonal peace which comes by the stilling of the mind is a thing in itself complete and absolute, but if we rest in that alone, it will exclude the companion absolute, not less great and needed and true, of the bliss of the divine action. Here too our faith must be an assent that receives all spiritual experience, but with a wide openness and readiness for always more light and truth,, an absence of limiting attachment and no such clinging to forms as would interfere with the forward movement of the Shakti towards the integrality of the spiritual being, consciousness, knowledge, power, action and the wholeness of the one and the multiple Ananda.

The faith demanded of us both in its general principle and its constant particular application amounts to a large and ever increasing and a constantly purer, fuller and stronger assent of the whole being and all its parts to the presence and guidance of God and the Shakti. The faith in the Shakti, as long as we are not aware of and filled with her presence,

et aux étapes progressives de la Shakti—, une foi fixée sur les réalités et qui s'avance des réalités moindres aux réalités plus complètes, prête à jeter bas tous les échafaudages pour retenir seulement la vaste structure qui grandit.

Une shraddhâ, une foi et un consentement constants du cœur et de la vie sont également indispensables. Mais tant que nous sommes dans la nature inférieure, le consentement du cœur est teinté d'émotions mentales, et les mouvements de la vie s'accompagnent d'un sillage de désirs troublants et de tensions, or, les émotions mentales et le désir amènent la confusion, ils altèrent plus ou moins grossièrement ou subtilement la vérité et la déforment, et toujours ils apportent quelque limitation, une imperfection dans la réalisation de la vérité par le cœur et par la vie. Le cœur aussi, quand il est dérangé dans ses attachements et ses certitudes, troublé par des déconvenues, des échecs, et convaincu d'erreur, ou lorsqu'il est engagé dans la lutte qui accompagne l'appel à dépasser ses positions assurées, oppose ses traînardises, ses lassitudes, ses chagrins, ses révoltes, ses résistances qui entravent le progrès. Il doit apprendre à avoir une foi plus large et plus sûre, et, au lieu des réactions mentales, donner une acceptation spirituelle calme ou vibrante aux manières et aux mesures de la Shakti, acceptation qui est en fait l'assentiment d'un Ânanda de plus en plus profond à tous les mouvements nécessaires, un empressement à quitter les vieilles amarres pour avancer toujours plus loin vers la félicité d'une perfection supérieure. Le mental-vital doit donner son consentement aux impulsions, aux mobiles successifs de la vie et aux activités successives qui lui sont imposées par le pouvoir-guide comme des aides ou des terrains de développement de la nature, son consentement aussi aux mouvements successifs du yoga intérieur, mais il ne doit avoir aucun attachement et ne demander nulle part de halte; au contraire, il doit être toujours prêt à abandonner les vieilles urgences et à accepter avec le même assentiment complet des activités et des mouvements nouveaux plus élevés, et il doit apprendre à remplacer le désir par un vaste Ânanda clair en toute expérience et en toute action. Comme la foi de l'intelligence, la foi du cœur et celle du mental-vital doivent être capables de se rectifier constamment, de s'élargir et de se transformer sans cesse.

Essentiellement, cette foi est la shraddhâ secrète de l'âme, elle vient

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must necessarily be preceded or at least accompanied by a firm and virile faith in our own spiritual will and energy and our power to move successfully towards unity and freedom and perfection. Man is given faith in himself, his ideas and his powers that he may work .and create and rise to greater things and in the end bring his strength as a worthy offering to the altar of the Spirit. This spirit, says the Scripture, is not to be won by the weak, nāyam ātmā balahīnena labhyaḥ. All paralysing self-distrust has to be discouraged, all doubt of our strength to accomplish, for that is a false assent to impotence, an imagination of weakness and a denial of the omnipotence of the spirit. A present incapacity, however heavy may seem its pressure, is only a trial of faith and a temporary difficulty and to yield to the sense of inability is for the seeker of the integral Yoga a non-sense, for his object is a development of a perfection that is there already, latent in the being, because man carries the seed of the divine life in himself, in his own spirit, the possibility of success is involved and implied in the effort and victory is assured because behind is the call and guidance of an omnipotent power. At the same time this faith in oneself must be purified from all touch of rajasic egoism and spiritual pride. The sadhaka should keep as much as possible in his mind the idea that his strength is not his own in the egoistic sense but that of the divine universal Shakti and whatever is egoistic in his use of it must be a cause of limitation and in the end an obstacle. The power of the divine universal Shakti which is behind our aspiration is illimitable, and when it is rightly called upon it cannot fail to pour itself into us and to remove whatever incapacity and obstacle, now or later; for the times and durations of our struggle while they depend at first, instrumentally and in part, on the strength of our faith and our endeavour, are yet eventually in the hands of the wisely determining secret Spirit, alone the Master of the Yoga, the Ishwara.

The faith in the divine Shakti must be always at the back of our strength and when she becomes manifest, it must be or grow implicit and complete. There is nothing that is impossible to her who is the conscious Power and universal Goddess all-creative from eternity and armed with the Spirit's omnipotence. All knowledge, all strengths, all triumph and victory, all skill and works are in her hands and they are full of the treasures of the Spirit and of all perfections and siddhis. She is Maheshwari, goddess of the supreme knowledge, and brings to us her vision for all kinds and

déplus en plus à la surface et elle est affermie, entretenue, augmentée par l'assurance et la certitude grandissantes de l'expérience spirituelle. Ici aussi, cette foi en nous doit être sans attachement, elle doit se mettre à la disposition de la Vérité et être prête à changer, à élargir sa compréhension des expériences spirituelles, à corriger les idées erronées ou à demi vraies qu'elle en avait et à recevoir des interprétations plus illuminatrices, à remplacer les intuitions insuffisantes par des intuitions plus suffisantes et, par des expériences nouvelles, par des largeurs et des transcendances plus grandes, à refondre en des combinaisons plus satisfaisantes des expériences qui semblaient définitives sur le moment et satisfaisantes. Dans le domaine psychique surtout et les autres domaines intermédiaires, les possibilités d'erreurs fourvoyantes et souvent captivantes sont considérables et, ici, même une certaine somme de scepticisme positif a son utilité ou, en tout cas, une grande précaution et une rectitude intellectuelle scrupuleuse mais non le scepticisme du mental ordinaire qui équivaut à une négation paralysante. Dans le yoga intégral, les expériences psychiques (surtout celles du genre qui s'associe à ce que l'on appelle souvent "occultisme" et qui sentent le miraculeux) doivent être complètement subordonnées à la vérité spirituelle et s'en remettre à elle pour être interprétées, illuminées, autorisées. Mais même dans le domaine purement spirituel, il existe des expériences partielles et, bien qu'attrayantes, elles ne trouvent leur validité entière, leur signification complète et leur application correcte que quand nous nous approchons d'une expérience plus totale. Et il existe d'autres expériences qui, en elles-mêmes, sont tout à fait valables, complètes, absolues, mais qui, si nous nous y confinons, empêcheront d'autres aspects de la vérité spirituelle de se manifester et donc tronqueront l'intégrité du yoga. Ainsi, la quiétude profonde et absorbante de la paix impersonnelle qui résulte de la tranquillisation du mental est une expérience complète et absolue en soi, mais si nous en restons là, elle fermera la porte à son compagnon absolu — non moins grand, non moins nécessaire, non moins vrai — de la béatitude de l'action divine. Ici aussi, notre foi doit consentir à recevoir toutes les expériences spirituelles, mais avec une large ouverture, un empressement à recevoir toujours plus de lumière et de vérité, une absence de tout attachement limitateur et elle ne doit jamais s'accrocher aux formes qui pourraient entraver la marche de la Shakti vers l'intégralité de l'être, de la conscience, de la connaissance, de l'action, du

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widenesses of truth, her rectitude of the spiritual will, the calm and passion of her supramental largeness, her felicity of illumination: she is Mahakali, goddess of the supreme strength, and with her are all mights and spiritual force and severest austerity of tapas and swiftness to the battle and the victory and the laughter, the aṭṭahāsya, that makes light of defeat and death and the powers of the ignorance : she is Mahalakshmi, the goddess of the supreme love and delight, and her gifts are the spirit's grace and the charm and beauty of the Ananda and protection and every divine and human blessing: she is Mahasaraswati, the goddess of divine skill and of the works of the Spirit, and hers is the Yoga that is skill in works, yogaḥ karmasu kauśalam, and the utilities of divine knowledge and the self-application of the spirit to life and the happiness of its harmonies. And in all her powers and forms she carries with her the supreme sense of the masteries of the eternal Ishwari, a rapid and divine capacity for all kinds of action that may be demanded from the instrument, oneness, a participating sympathy, a free identity, with all energies in all beings and therefore a spontaneous and fruitful harmony with all the divine will in the universe. The intimate feeling of her presence and her powers and the satisfied assent of all our being to her workings in and around it is the last perfection of faith in the Shakti.

And behind her is the Ishwara and faith in him is the most central thing in the śraddhā of the integral Yoga. This faith we must have and develop to perfection that all things are the workings under the universal conditions of a supreme self-knowledge and wisdom, that nothing done in us or around us is in vain or without its appointed place and just significance, that all things are possible when the Ishwara as our supreme Self and Spirit takes up the action and that all that has been done before and all that he will do hereafter was and will be part of his infallible and foreseeing guidance and intended towards the fruition of our Yoga and our perfection and our life work. This faith will be more and more justified as the higher knowledge opens, we shall begin to see the great and small significances that escaped our limited mentality and faith will pass into knowledge. Then we shall see beyond the possibility of doubt that all happens within the working of the one Will and that that will was also wisdom because it develops always the true workings in life of the self and nature. The highest state of the assent, the śraddhā of the being will be when we

pouvoir spirituels et vers la totalité de l'Ânanda, un et innombrable.

La foi exigée de nous, non seulement en son principe général mais dans son application constante et détaillée, consiste en un large assentiment, toujours plus grand, toujours plus pur, plus complet, plus fort, de l'être tout entier et de toutes ses parties, à la présence et à la direction de Dieu et de la Shakti. Mais la foi en la Shakti, tant que nous ne sommes pas conscients de sa présence et remplis par elle, doit nécessairement être précédée, ou du moins accompagnée, d'une foi ferme et virile en notre propre volonté et en notre propre énergie spirituelles, en notre propre pouvoir d'avancer victorieusement vers l'unité, vers la liberté et la perfection. La foi de l'homme en lui-même, en ses idées, en ses pouvoirs, lui est donnée afin qu'il puisse œuvrer et créer, s'élever à des hauteurs plus grandes, et finalement apporter sa force comme une offrande valable sur l'autel de l'Esprit. Cet esprit, dit l'Écriture, ne sera pas conquis par le faible, nâyam âtmâ balahînéna labhyah. Tout manque de confiance en soi paralysant doit être repoussé, tout doute en notre pouvoir d'accomplir, car c'est un consentement faux à l'impuissance, une imagination de faiblesse et une négation de la toute-puissance de l'esprit. Une incapacité présente, si lourd semble son poids, est seulement une épreuve de la foi et une difficulté temporaire, céder à un sentiment d'incapacité est un non-sens pour le chercheur du yoga intégral puisque son but est le développement d'une perfection qui est déjà là, latente en son être — car l'homme porte en lui-même, dans son propre esprit, la semence de la vie divine, et, par conséquent, la possibilité de succès est contenue et impliquée dans l'effort même, et la victoire assurée parce que, derrière, se trouvent l'appel et la direction d'un pouvoir omnipotent. Mais en même temps, cette foi en nous-mêmes doit être purifiée de toute trace d'égoïsme râdjasique et de tout orgueil spirituel. Le sâdhak, autant que possible, doit se rappeler que sa force n'est pas la sienne, au sens égoïste du terme, mais celle de la Shakti divine universelle, et que tout égoïsme dans l'usage qu'il en fait est nécessairement une cause de limitation et finalement un obstacle. Le pouvoir de la Shakti divine universelle derrière notre aspiration est illimité et, si nous y faisons appel correctement, il ne peut manquer de se déverser en nous et de supprimer toute incapacité et tout obstacle, maintenant ou plus tard ; car le temps et la durée de nos luttes, bien qu'ils dépendent au début (comme un instrument et partiellement) de la force de notre foi

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feel the presence of the Ishwara and feel all our existence and consciousness and thought and will and action in his hand and consent in all things and with every part of our self and nature to the direct and immanent and occupying will of the Spirit. And that highest perfection of the śraddhā will also be the opportunity and perfect foundation of a divine strength: it will base, when complete, the development and manifestation and the works of the luminous supramental Shakti.

SRI AUROBINDO

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Suite de la p. 23

 

et de notre effort, sont pourtant, en fin de compte, entre les mains de la sage détermination de l'Esprit secret qui est le seul Maître du yoga : l'Ishwara.

La foi en la Shakti divine doit être l'appui secret dé notre force, toujours, et quand Elle se manifeste, elle doit être sans réserve et devenir complète. Rien ne lui est impossible, car Elle est le Pouvoir conscient, la Divinité universelle qui crée toute chose de toute éternité, et Elle est armée de l'omnipotence de l'Esprit. Toute connaissance, toute force, tous les triomphes et les victoires, toutes les habiletés et les œuvres sont entre ses mains qui sont pleines des trésors de l'Esprit et de toutes les perfections, toutes les siddhi. Elle est Mahéshwarî, la déesse de la connaissance suprême, et Elle nous apporte sa vision de toutes les sortes de vérité, de toutes les immensités de la vérité, la rectitude de sa volonté spirituelle, le calme et la passion de son ampleur supramentale, la félicité de son illumination ; Elle est Mahâkâlî, la déesse de la force suprême, et avec Elle se trouvent toutes les puissances, toutes les vigueurs spirituelles, les austérités des plus sévères tapas et la rapidité dans la bataille, la victoire et le rire (l'attahâsya) qui se fait un jeu de la défaite, de la mort et des pouvoirs de l'ignorance, Elle est Mahâlakshmî, la déesse de l'amour et de la félicité suprêmes, et ses dons sont la grâce de l'esprit, le charme et la beauté de l'Ânanda, la protection et toutes les bénédictions divines et humaines ; Elle est Mahâsaraswatî, la déesse de l'habileté divine et des œuvres de l'Esprit, et avec Elle se trouvent le yoga qui est l'habileté dans les œuvres, yogah karmasou kanshalam, les utilités pratiques de la connaissance divine, l'application de l'esprit à la vie et le bonheur des harmonies spirituelles.

Et en chacun de ses pouvoirs, chacune de ses formes. Elle apporte avec Elle le sens suprême des maîtrises de l'Ishwarî éternelle, l'aptitude rapide et divine aux activités de toutes sortes que l'instrument peut être appelé à entreprendre, l'unité, la sympathie qui partage, la libre identité avec toutes les énergies dans tous les êtres et, par suite, l'harmonie spontanée et féconde avec la volonté divine dans l'univers. Le sentiment intime de sa présence et de ses pouvoirs, l'heureux assentiment de tout l'être à ses œuvres en nous et autour de nous, telle est l'ultime perfection de la foi en la Shakti.

Mais derrière Elle, se trouve l'Ishwara, et la foi en l'Ishwara est l'élément le plus central dans la shraddhâ du yoga intégral. Nous devons avoir foi — une foi qu'il faut pousser à la perfection — que toutes choses, dans les conditions de l'univers, sont l'œuvre d'une connaissance et d'une sagesse suprêmes, que rien de ce qui se fait en nous ou autour de nous n'est en vain et sans sa place assignée, sans son sens juste, que tout est possible quand l'Ishwara, en tant que Moi et Esprit suprême en nous, entreprend l'action, et que tout ce qui a été fait avant et tout ce qu'il fera à l'avenir fait et fera partie de sa direction prévoyante, infaillible, et visait à la fructification de notre yoga, de notre perfection et de l'œuvre de notre vie. Plus la connaissance supérieure s'ouvrira, plus cette foi se trouvera justifiée, nous commencerons à voir les significations grandes et petites qui avaient échappé à notre mentalité limitée, et la foi se changera en connaissance. Alors, sans aucun doute possible, nous verrons que tout ce qui arrive est l'œuvre de l'unique volonté et que cette volonté était aussi la sagesse, car elle façonnait sans cesse la marche vraie du moi et de la nature dans la vie. L'état suprême de l'assentiment, la shraddhâ de l'être sera parfaite quand nous sentirons la présence de l'Ishwara, sentirons que toute notre existence, toute notre conscience, notre pensée, notre volonté, notre action, sont entre ses mains et que, en toutes choses, avec toutes les parties de notre être et de notre nature, nous consentirons à la volonté directe et immanente de l'Esprit qui nous habite. Et cette perfection suprême de la shraddhâ sera aussi la porte d'entrée et le fondement parfait de l'énergie divine : quand la shraddhâ sera complète, elle servira de base au développement de la Shakti supramentale, lumineuse, à sa manifestation et à ses œuvres.

 

SRI AUROBINDO

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Sri Aurobindo Says

 

THE more intense the experiences that come, the higher the forces that descend, the greater become the possibilities of deviation and error. For the very intensity and the very height of the force excites and aggrandises the movements of the lower nature and raises up in it all opposing elements in their full force, but often in the disguise of truth, wearing a mask of plausible justification. There is needed a great patience, calm, sobriety, balance, an impersonal detachment and sincerity free from all taint of ego or personal human desire. There must be no attachment to any idea of one's own, to any experience, to any kind of imagination, mental building or vital demand, the light of discrimination must always play to detect those things, however fair or plausible they may seem. Otherwise, the Truth will have no chance of establishing itself in its purity in the nature.

Letters on Yoga (1972), p. 112

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He is quite right in saying that the heaviness of these attacks was due to the fact that you had taken up the sadhana in earnest and were approaching, as one might say, the gates of the Kingdom of Light. That always makes these forces rage and they strain every nerve and use or create every opportunity to turn the sadhak back or, if possible, drive him out of the path altogether by their suggestions, their violent influences and their exploitation of all kinds of incidents that always crop up more and more when these conditions prevail, so that he may not reach the gates. I have written to you more than once alluding to these forces, but I did not press the point because I saw that like most people whose minds have been rationalised by a modern European education you were not inclined to believe in or at least to attach any importance to this knowledge. People nowadays seek the explanation for everything in their ignorant reason,

Sri Aurobindo a Dit

 

PLUS les expériences qui viennent sont intenses et les forces qui descendent sont hautes, plus les possibilités de déviation et d'erreur deviennent grandes. Car l'intensité même et la hauteur même de la force excitent et grossissent les mouvements de la nature inférieure, y soulèvent tous les éléments contraires avec toute leur vigueur, mais souvent sous le déguisement de la vérité et avec un masque de justification plausible. Il est nécessaire d'avoir beaucoup de patience, du calme, de la sobriété, de l'équilibre, un détachement impersonnel et une sincérité exempte de toute trace d'ego et de tout désir humain personnel. Il ne doit y avoir aucun attachement à aucune idée personnelle, aucune expérience, aucune sorte d'imagination, de construction mentale ni d'exigence vitale, la lumière du discernement doit toujours être présente pour dépister ces choses, si justes ou plausibles puissent-elles sembler. Sinon, la Vérité n'a aucune chance de s'installer dans toute la pureté de sa nature.

Letters on Yoga (éd. 1972)3 p. 112

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Il a tout à fait raison lorsqu'il dit que l'acharnement des attaques vient de ce que vous aviez entrepris sérieusement la sâdhanâ et que vous vous approchiez des portes du Royaume de la Lumière, pourrait-on dire. Cela rend toujours ces forces furieuses et elles font tout ce qu'elles peuvent, suscitent ou utilisent toutes les occasions pour tirer en arrière le sâdhak, ou, si possible, le chasser du chemin complètement par leurs suggestions, leurs influences violentes, en exploitant toutes sortes d'incidents qui ne manquent pas de surgir de plus en plus lorsque cet état prédomine, afin que l'on ne puisse pas arriver à la porte. Je vous ai écrit plus d'une fois en faisant allusion à ces forces, mais je n'ai pas insisté, car j'ai vu que, comme la plupart de ceux dont la pensée a été rationalisée par une éducation européenne moderne, vous n'étiez pas enclin à croire en cette connaissance, ou du moins à y attacher de l'importance. Aujourd'hui, les gens cherchent l'explication des choses dans leur raison ignorante, dans leur

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their surface experience and in outside happenings. They do not see the hidden forces and inner causes which were well known and visualised in the traditional Indian and yogic knowledge. Of course, these forces find their point d'appui in the sadhak himself, in the ignorant parts of his consciousness and its assent to their suggestions and influences; otherwise they could not act or at least could not act with any success. In your case the chief points d'appui have been the extreme sensitiveness of the lower vital ego and now also the physical consciousness with all its fixed or standing opinions, prejudices, prejudgments, habitual reactions, personal preferences, clinging to old ideas and associations, its obstinate doubts and its maintaining these things as a wall of obstruction and opposition to the larger light. This activity of the physical mind is what people call intellect and reason, although it is only the turning of a machine in a circle of mental habits and is very different from the true and free reason, the higher Buddhi, which is capable of enlightenment and still more from the higher spiritual light or that insight and tact of the psychic consciousness which sees at once what is true and right and distinguishes it from what is wrong and false. This insight, you had very constantly whenever you were in a good condition and especially whenever Bhakti became strong in you. When the sadhak comes down into the physical consciousness, leaving the mental and higher vital ranges on which he had first turned towards the Divine, these opposite things become very strong and sticky and, as one's more helpful states and experiences draw back behind the veil and one can hardly realise that one ever had them, it becomes difficult to get out of this condition. The only thing then, as X has told you and I also have insisted, is to stick it out. If once one can get and keep the resolution to refuse to accept the suggestions of these forces, however plausible they may seem, then either quickly or gradually this condition can diminish and will be overpassed and cease. To give up yoga is no solution.

Letters on Yoga (1972), pp. 1742-43

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expérience de la surface et dans les événements extérieurs. Ils ne voient pas les forces cachées ni les causes intérieures, qui étaient bien connues de la connaissance yoguique et décrites dans la tradition indienne. Bien sûr, ces forces trouvent leur point d'appui dans le sâdhak lui-même, dans les parties ignorantes de sa conscience et dans leur assentiment à ces suggestions et influences, sinon elles ne pourraient pas agir, ou du moins pas agir avec succès. Dans votre cas, le point d'appui principal était l'extrême vulnérabilité de l'ego vital inférieur et maintenant de la conscience physique aussi avec toutes ses opinions arrêtées ou coutumières, ses préjugés, ses parti pris, ses réactions habituelles, ses préférences personnelles, son attachement aux vieilles idées et vieilles associations, ses doutes obstinés, qu'elle dresse comme un mur d'obstruction et d'opposition à la lumière supérieure. Cette activité du mental physique constitue ce que les gens appellent l'intellect ou la raison, mais c'est simplement une machine qui tourne en rond dans ses habitudes mentales et quelque chose de très différent de la vraie raison libre — la Bouddhi supérieure qui est capable d'illumination — et encore plus différent de la lumière spirituelle supérieure ou de la perception et du sens intérieurs de la conscience psychique qui voient instantanément ce qui est vrai et juste et le distinguent de ce qui est erroné et mensonger. Cette perception intérieure, vous l'aviez constamment lorsque vous étiez en bonne condition et surtout quand la bhakti était forte en vous. Lorsque le sâdhak descend dans la conscience physique et laisse les régions du mental ou du vital supérieurs par lesquelles il s'était tout .d'abord tourné vers le Divin, ces éléments contraires deviennent très forts et collants, et puisque les états ou les expériences plus favorables que l'on avait eus se retirent derrière le voile, au point que l'on se demande presque si on les avait jamais eus, il devient difficile de sortir de cet état. Comme X. vous l'a dit et comme j'y ai insisté aussi, la seule chose à faire, alors, est de s'accrocher jusqu'au bout. Dès que l'on peut prendre et garder la résolution de refuser les suggestions de ces forces, si plausibles puissent-elles sembler, cet état peut se calmer vite ou graduellement, puis il est surmonté et disparaît. Abandonner le yoga n'est pas une solution.

 

Letters on Yoga (éd. 1972), p. 1742

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The soul, the psychic being is in direct touch with the divine Truth, but it is hidden in man by the mind, the vital being and the physical nature. One may practise yoga and get illuminations in the mind and the reason; one may conquer power and luxuriate in all kinds of experiences in the vital, one may establish even surprising physical Siddhis; but if the true soul-power behind does not manifest, if the psychic nature does not come into the front, nothing genuine has been done. In this yoga the psychic being is that which opens the rest of the nature to the true supramental light and finally to the supreme Ananda. Mind can open by itself to its own higher reaches , it can still itself and widen into the Impersonal, it may too spiritualise itself in some kind of static liberation or Nirvana; but the supramental cannot find a sufficient base in a spiritualised mind alone. If the inmost soul is awakened, if there is a new birth out of the mere mental, vital and physical into the psychic consciousness, then this yoga can be done; otherwise (by the sole power of the mind or any other part) it is impossible.... If there is a refusal of the psychic new birth, a refusal to become the child new born from the Mother, owing to attachment to intellectual knowledge or mental ideas or to some vital desire, then there will be a failure in the sadhana.

Letters on Yoga (1972), pp. 1095-96

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The supramental principle is secretly lodged in all existence. It is there even in the grossest materiality, it preserves and governs the lower worlds by its hidden power and law; but that power veils itself and that law works unseen through the shackled limitations and limping deformations of the lesser rule of our physical, vital, mental Nature. Yet its governing presence in the lowest forms assures us, because of the unity of all existence, that there is a possibility of their awakening, a possibility even of their perfect manifestation here in spite of every veil, in spite of all the mass of our apparent disabilities, in spite of the incapacity or unwillingness of our mind and life and body. And what is possible, must one day

L'âme, l'être psychique, est en contact direct avec la Vérité divine, mais dans l'homme il est caché par le mental, par l'être vital et par la nature physique. On peut pratiquer le yoga et avoir des illuminations dans le mental ou dans la raison, on peut conquérir le pouvoir et se griser de toutes sortes d'expériences vitales, on peut même édifier d'étonnantes siddhi physiques, mais si, derrière, le vrai pouvoir d'âme ne se manifeste pas, si la nature psychique ne vient pas au premier plan, rien d'authentique n'a été accompli. Dans ce yoga, l'être psychique est ce qui ouvre le reste de la nature à la vraie lumière supramentale, et finalement à l'Ananda suprême. À lui seul, le mental peut s'ouvrir à ses régions supérieures, il peut s'immobiliser et s'élargir en l'Impersonnel, il peut aussi se spiritualiser dans une sorte de libération statique ou de nirvana, mais le supramental ne trouve pas de base suffisante dans un mental simplement spiritualisé. Si l'âme profonde s'éveille, si une nouvelle naissance nous fait passer de la conscience purement mentale, vitale et physique à la conscience psychique, alors on peut faire ce yoga, autrement (par le seul pouvoir du mental ou de n'importe quelle autre partie), c'est impossible.... Si l'on refuse la nouvelle naissance psychique, refuse de devenir l'enfant nouveau-né de la Mère par attachement à la connaissance intellectuelle ou aux idées mentales ou à quelque désir du vital, la sâdhanâ est vouée à l'échec.

Letters on Yoga (éd. 1972), p. 1095

 

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Le principe supramental habite secrètement au cœur de toute l'existence. Il est même là dans la matérialité la plus grossière, il préserve et gouverne les mondes inférieurs par sa loi et son pouvoir cachés, mais ce pouvoir se voile et cette loi œuvre invisible sous les limitations contraignantes et les déformations boiteuses du règne inférieur de notre Nature physique, vitale et mentale. Et pourtant, sa présence directrice dans les formes les plus basses nous garantit, en raison de l'unité de toute l'existence, que ces formes elles-mêmes ont la possibilité de s'éveiller, la

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be, for that is the law of the omnipotent Spirit.

The Synthesis of Yoga (1972), p. 454

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It is a question of faith, patience and persistence. One must be more obstinate than the obstinate material nature and persevere until the light and truth can take permanent hold of the parts which are still responsive to the old movements. There can be no doubt that with this perseverance the Truth will in the end conquer.

Letters on Yoga (1972), p. 1336

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We must be governed by the guide within rather than by the opinions of men. The influence of the environment works often with great subtlety, we prefer and put on almost unconsciously the garb which will look best in the eye that regards us from outside and we allow a veil to drop over the eye within;... The eye of man outside matters nothing, the eye within is all.

The Synthesis of Yoga (1972), p. 316

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The true divine law, unlike these mental counterfeits, cannot be a system of rigid ethical determinations that press into their cast-iron moulds all our life-movements. The Law divine is truth of life and truth of the

possibilité même d'une manifestation parfaite ici-bas en dépit de tous les voiles, en dépit de toute la masse de nos infirmités apparentes, en dépit de l'incapacité ou de la mauvaise volonté de notre mental, de notre vie et de notre corps. Et ce qui est possible sera un jour, nécessairement, car telle est la loi de l'Esprit tout-puissant.

The Synthesis of Yoga (éd. 1972), p. 454

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C'est une question de foi, de patience et de persévérance. Il faut être plus obstiné que la nature matérielle obstinée et persévérer jusqu'à ce que la lumière et la vérité puissent s'emparer d'une façon permanente des parties qui répondent encore aux vieux mouvements. Il n'y a pas de doute qu'avec cette persévérance, la Vérité finira par vaincre.

Letters on Yoga (éd. 1972), p. 1336

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Nous devons être gouvernés par le guide intérieur et non par l'opinion des hommes. L'influence du milieu agit souvent avec une extrême subtilité; presque inconsciemment, nous préférons et revêtons le vêtement qui fera le meilleur effet aux yeux du dehors, et nous laissons tomber un voile sur F œil du dedans ... L'œil extérieur de l'homme n'a aucune importance ; l'œil du dedans est tout.

 

The Synthesis of Yoga (éd. 1972), p. 316

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spirit and must take up with a free living plasticity and inspire with the direct touch of its eternal light each step of our action and all the complexities of our life-issues. It must act not as a rule and formula but as an enveloping and penetrating conscious presence that determines all our thoughts, activities, feelings, impulsions of will by its infallible power and. knowledge.

The Synthesis of Yoga (1972), pp. 191-92

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There is no happiness in smallness of the being, says the Scripture, it is with the large being that happiness comes. The ego is by its nature a smallness of being, it brings contraction of the consciousness and with the contraction limitation of knowledge, disabling ignorance, — confinement and a diminution of power and by that diminution incapacity and weakness, — scission of oneness and by that scission disharmony and failure of sympathy and love and understanding, — inhibition or fragmentation o¥ delight of being and by that fragmentation. pain and. sorrow. To recover what is lost we must break out of the worlds of ego. The ego must either disappear in impersonality or fuse into a larger I : it must fuse in the wider cosmic 'I' which comprehends all these smaller selves or the transcendent of which even the cosmic self is a diminished image.

The Synthesis of Yoga (1972), pp. 342-43

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We regard the spirit in man not as solely an individual being travelling to a transcendent unity with the Divine, but as a universal being capable of oneness with the Divine in all souls and all Nature and we give this extended view its entire practical consequence. The human soul's individual

La vraie loi divine, à l'encontre de ces contrefaçons mentales, ne peut pas être un système de sentences morales rigides qui comprime dans un moule de fer tous les mouvements de notre vie. La Loi divine est une vérité de la vie et une vérité de l'esprit; elle doit embrasser dans une libre et vivante plasticité chaque pas de notre action et toute la complexité des problèmes de notre vie, et les inspirer par le contact direct de sa lumière éternelle. Elle ne doit pas fonctionner comme une règle ni une formule, mais comme une présence enveloppante et pénétrante, consciente, qui détermine toutes nos pensées, toutes nos activités, tous nos sentiments et toutes les impulsions de notre volonté, par son pouvoir et sa connaissance infaillibles.

La Synthèse des Yoga 1 (éd. 1970), p. 308

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Il n'est point de bonheur dans la petitesse de l'être, dit l'Écriture; l'être large apporte le bonheur. Essentiellement, l'ego est une petitesse d'être ; il produit une contraction de la conscience et, par cette contraction, une limitation de la connaissance, une ignorance paralysante; il amène un emprisonnement, une diminution de pouvoir, et, par cette diminution, l'incapacité et la faiblesse; il crée une scission dans l'unité et, par cette scission, la désharmonie et le manque de sympathie, d'amour et de compréhension; il entraîne une inhibition ou une fragmentation de la joie d'être et, par cette fragmentation, la douleur et le chagrin. Pour recouvrer ce que nous avons perdu, nous devons nous échapper des mondes de l'ego. L'ego doit disparaître en l'impersonnalité ou se fondre en un "Je" plus large — il doit se fondre dans l'immensité du "Je" cosmique qui contient tous ces "moi" plus petits, ou en le Transcendant dont le Moi cosmique lui-même n'est qu'une image amoindrie.

The Synthesis of Yoga (éd. 1972), p. 342

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liberation and enjoyment of union with the Divine in spiritual being, consciousness and delight must always be the first object of the Yoga; its free enjoyment of the cosmic unity of the Divine becomes a second object; but out of that a third appears, the effectuation of the meaning of the divine unity with all beings by a sympathy and participation in the spiritual purpose of the Divine in humanity. The individual Yoga then turns from its separateness and becomes a part of the collective Yoga of the divine Nature in the human race. The liberated individual being, united with the Divine in self and spirit, becomes in his natural being a self-perfecting instrument for the perfect outflowering of the Divine in humanity.

 

The Synthesis of Yoga (1972), p. 587

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Two then are the objects of the high-reaching soul, to attain the Supreme and to be for ever for the good of all the world, — even as Brahman Himself; whether here or elsewhere, does not essentially matter; still where the struggle is thickest, there should be the hero of the spirit, that is surely the highest choice of the son of Immortality; the earth calls most, because it has most need of him, to the soul that has become one with the universe.

The Upanishads (1972), p. 233

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The generalisation of Yoga in humanity must be the last victory of Nature over her own delays and concealments. Even as now by the progressive mind in Science she seeks to make all mankind fit for the full development of the mental life, so by Yoga must she inevitably seek to

Nous considérons que l'esprit dans l'homme n'est pas simplement un être individuel qui voyage vers une unité transcendante avec le Divin, mais un être universel capable de s'unir au Divin dans toutes les âmes et dans toute la Nature, et nous donnons à cette vision élargie toutes ses conséquences pratiques. La libération individuelle de l'âme humaine et la jouissance de l'union avec le Divin en l'être spirituel, en la conscience et la félicité spirituelles, restent toujours le premier but du yoga, sa libre jouissance de l'unité cosmique du Divin devient le second but, mais un troisième but découle des deux premiers : la réalisation pratique du sens de l'unité divine avec tous les êtres, par une sympathie pour l'humanité et une participation au dessein spirituel du Divin dans l'humanité. Alors, le yoga individuel sort de sa séparativité et prend sa place dans le yoga collectif de la Nature divine dans l'espèce humaine. L'être individuel libéré, uni au Divin en le moi et esprit, devient, en son être naturel, un instrument en perfectionnement de soi pour l'épanouissement parfait du Divin dans l'humanité.

The Synthesis of Yoga (éd. 1972), p. 587

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Ainsi, le but est double pour l'âme de haute volée : parvenir au Suprême et être à jamais pour le bien de tout le monde — tel Brahman Lui-même. Ici ou ailleurs n'importe pas essentiellement, et pourtant, là où la bataille est le plus lourde doit se trouver le héros de l'esprit, et tel est certainement le choix suprême des fils de l'immortalité — la terre appelle surtout les âmes qui sont devenues une avec l'univers, parce que c'est d'elles surtout qu'elle a le plus grand besoin.

The Upanishads, (éd. 1972), p. 233

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make all mankind fit for the higher evolution, the second birth, the spiritual existence. And as the mental life uses and perfects the material, so will the spiritual use and perfect the material and the mental existence as the instruments of a divine self-expression. The ages when that is accomplished, are the legendary Satya or Krita1 Yugas, the ages of the Truth manifested in the symbol, of the great work done when Nature in mankind, illumined, satisfied and blissful, rests in the culmination of her endeavour.

 

The Synthesis of Yoga (1972), p. 24

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It is always the individual who receives the intuitions of Nature and takes the step forward dragging or drawing the rest of humanity behind him.... a mass experience or discovery or expression is not the first method of Nature, it is at some one point or a few points that the fire is lit and spreads from hearth to hearth, from altar to altar.

The Life Divine (1972), pp. 869-70

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One must have faith in the Master of our life and works, even if for a long time He conceals Himself, and then in His own right time He will reveal His Presence.

Letters on Yoga (1972)3 p. 124

1 Satya means Truth; Krita, effected or completed.

 

 

 

 

 

 

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La généralisation du yoga dans l'humanité sera la dernière victoire de la Nature sur ses propres lenteurs et ses propres déguisements. De même que, maintenant, par le mental progressif scientifique, elle cherche à préparer l'humanité entière au plein développement de la vie mentale, de même, par le yoga, elle cherche inévitablement à préparer l'humanité entière à l'évolution supérieure : la seconde naissance, l'existence spirituelle. Et, de même que la vie mentale utilise et perfectionne la vie matérielle, de même la vie spirituelle utilisera et perfectionnera l'existence matérielle et mentale afin d'en faire les instruments d'une expression divine. L'âge de cet accomplissement est le Satya youga ou Krita youga1 légendaire, l'âge de la Vérité manifeste dans le symbole et du grand Œuvre achevé quand la Nature dans l'humanité, illuminée, satisfaite et bienheureuse, repose au sommet de son entreprise.

La Synthèse des Yoga (éd. 1970), p. 40

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C'est toujours l'individu qui reçoit les intuitions de la Nature et fait le pas en avant, puis il traîne ou tire derrière lui le reste de l'humanité ... Une expérience ou une découverte ou une expression en masse n'est pas la méthode première de la Nature : le feu s'allume en un point ou quelques points, puis il se répand de foyer en foyer, d'autel en autel.

Thé Life Divine (éd. 1972), p. 869

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Nous devons avoir foi en le Maître de notre vie et de nos œuvres, même si pendant longtemps Il se cache—à son heure. Il révélera Sa Présence.

Letters on Yoga (éd. 1972), p. 124

1 Satya signifie Vérité ; Krita, effectué ou achevé. La tradition indienne distingue quatre cycles ou youga dans le déroulement universel : i) satya-youga, l'âge de la Vérité, ou âge d'or ; 2) trétâyouga, l'âge où il ne reste plus que les trois quarts de la Vérité ; 3) dwâpara-youga, l'âge où il ne reste plus que la moitié de la Vérité ; 4) kali-youga, l'âge de fer ou âge noir, quand toute vérité a disparu. Après le kali-youga, revient le satya-youga et ainsi de suite. (Note de l'éditeur)

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Sri Aurobindo

 

Pensées et Aphorismes

 

(suivis de quelques réponses de la Mère)

 

320 — Les gouvernements, les sociétés, les rois, la police, les juges, les institutions, les Églises, les lois, les coutumes, les armées, sont des nécessités temporaires qui nous sont imposées pendant quelques séries de siècles parce que Dieu nous a caché Sa face. Quand elle apparaîtra de nouveau devant nous en  sa vérité et en sa beauté, alors, dans sa lumière, ces nécessités s'évanouiront.

321 — L'état anarchique est le véritable état divin pour l'homme, à la fin comme au commencement, mais au milieu il nous mènerait tout droit au diable et à son royaume.

 

L'ÉTAT anarchique est le gouvernement de chacun par lui-même.

Et ce sera le gouvernement parfait quand chacun sera conscient du Divin intérieur et n'obéira qu'à Lui et à Lui seul.

5.2.1970

322 — Intrinsèquement, le principe de société communiste est aussi supérieur au principe individualiste que l'est la fraternité à la jalousie et au massacre mutuel ; mais tous les systèmes pratiques de socialisme inventés en Europe sont un joug, une tyrannie et une prison.

323 — Si jamais le communisme réussit à se réinstaurer sur la terre, ce doit être sur le fondement de la fraternité de l'âme et sur la mort de l'égoïsme. Une association forcée et une camaraderie mécanique aboutiraient à un fiasco mondial.

324 — Le Védânta réalisé est la seule base pratique pour une société communiste. C'est le royaume des saints dont rêvaient le christianisme, l'islam et l'hindouisme pourânique.

Sri Aurobindo

 

Thoughts and Aphorisms

 

(Followed by some answers by the Mother)

 

320 — Governments, societies, kings, police, judges, institutions, churches, laws, customs, armies are temporary necessities imposed on us for a few groups of centuries, because God has concealed His face from us. When it appears to us again in its truth and beauty, then in that light they will vanish.

321 — The anarchic is the true divine state of man in the end as in the beginning; but in between it would lead us straight to the devil and his kingdom.

 

THE anarchic state is the government of each one by himself.

And it will be the perfect government only when each one becomes conscious of the inner Divine and obeys Him and Him only.

5.2.1970

322 — The communistic principle of society is intrinsically as superior to the individualistic as is brotherhood to jealousy and mutual slaughter ; but all the practical schemes of Socialism invented in Europe are a yoke, a tyranny and a prison.

323 — If communism ever re-establishes itself successfully upon earth, it must be on a foundation of soul's brotherhood and the death of egoism. A forced association and a mechanical comradeship would end in a world-wide fiasco.

324 — Vedanta realised is the only practicable basis for a communistic society. It is the kingdom of the saints dreamed of by Christianity, Islam and Puranic Hinduism.

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Comme Sri Aurobindo nous le dit si bien, l'individualisme est une sorte de jalousie légitimée, le règne de chacun pour soi.

Mais la seule guérison véritable est le règne exclusif et universel du Seigneur Suprême présent et conscient en tous les êtres, avec le gouvernement intermédiaire de ceux qui sont vraiment conscients de Lui et entièrement soumis à Sa volonté.

7.2.1970

 

325 — "Liberté, Égalité, Fraternité", s'écriait la révolution française, mais, en vérité, seule la liberté a été mise en pratique, avec une certaine dose d'égalité; quant à la fraternité, c'est une fraternité de Gain qui seulement s'est fondée... et de Barabbas. Quelquefois, elle s'appelle "trust" ou "cartel", et parfois "Concert des Nations d'Europe".

326 — Les penseurs avancés d'Europe s'écrient : "Puisque la Liberté a échoué, essayons la Liberté + l'Égalité, ou, puisqu'il n'est pas facile d'apparier les deux, essayons l'égalité à la place de liberté. Quant à la fraternité, elle est impossible, par conséquent nous la remplacerons par l'association industrielle." Mais je pense que, cette fois-ci non plus, Dieu ne sera pas trompé.

 

Pour le moment encore, liberté, égalité, fraternité, ne sont que des mots qui ont été proclamés à grands cris mais qui n'ont jamais encore été mis en pratique et ne peuvent pas l'être tant que les hommes resteront tels qu'ils sont, gouvernés par leur ego et tous ses désirs au lieu d'être gouvernés seulement par l'Un Suprême et suprêmement Divin.

8.2.1970

327 — L'Inde avait trois forteresses dans sa vie collective : la communauté de village, la grande famille indivise et l'ordre des Sannyâsin ; toutes trois sont brisées ou en train de se briser sous la foulée des conceptions égoïstes de la vie sociale ; mais après tout, n'est-ce point seulement la démolition de moules imparfaits sur le chemin qui conduit à un communisme plus large et plus divin ?

As Sri Aurobindo tells us so well, individualism is a kind of legitimatised jealousy, the reign of each for himself.

But the only real remedy is the exclusive and universal reign of the Supreme Lord, present and conscious in all beings, with the transitional government by those who are truly conscious of Him and entirely surrendered to His will.

7.2.1970

 

325 — "Freedom, equality, brotherhood," cried the French revolutionists, but in truth freedom only has been practised with a dose of equality ; as for brotherhood, only a brotherhood of Cain was founded — and of Barabbas. Sometimes it calls itself a Trust or Combine and sometimes the Concert of Europe.

326 — "Since liberty has failed", cries the advanced thought of Europe, "let us try Liberty cum Equality or, since the two are a little hard to pair, equality instead of liberty. For brotherhood, it is impossible; therefore we will replace it by industrial association." But this time also, I think, God will not be deceived.

 

As yet liberty, equality, fraternity are but words loudly proclaimed but never up to now put into practice, and they cannot be so long as men remain what they are, governed by their ego and all its desires instead of being governed only by the One Supreme and supremely Divine.

8.2.1970

327 — India had three fortresses of a communal life, the village community, the larger joint family and the order of the Sannyasins ; all these are broken or breaking with the stride of egoistic conceptions of social life; but is not this after all only the breaking of these imperfect moulds on the way to a larger and diviner communism ?

328 — The individual cannot be perfect until he has surrendered all he now calls himself to the divine Being. So

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328 — L'individu ne peut pas être parfait tant qu'il n'a pas soumis à l'Être divin tout ce qu'il appelle maintenant lui-même De même, tant que l'espèce humaine n'aura pas donné à Dieu tout ce qu'elle a, il n'y aura jamais de société parfaite.

 

Sri Aurobindo écrit ici d'une façon claire et définitive ce que j'essayais d'exprimer précédemment. Aucune perfection ne peut être atteinte tant que le gouvernement du Seigneur Suprême ne sera pas reconnu et admis partout et en toute chose.

 

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La liberté ne pourra être manifestée que lorsque tous les hommes connaîtront la liberté du Seigneur Suprême.

L'égalité ne pourra être manifestée que lorsque les hommes seront tous conscients du Seigneur Suprême.

La fraternité ne pourra être manifestée que lorsque tous les hommes se sentiront également issus du Seigneur Suprême et "un" en Son Unité.

9.2.1970

 

329 — Rien n'est petit au regard de Dieu ; que rien ne soit petit à ton regard. Il accorde autant de labeur et d'énergie divine à la formation d'une coquille qu'à la construction d'un empire. Quant à toi, il y a plus de grandeur à être un bon savetier qu'un roi luxueux et incompétent.

330 — Des capacités imparfaites et un résultat imparfait dans le travail qui t'est destiné valent mieux qu'une compétence artificielle et une perfection d'emprunt.

331 — Le résultat n'est pas le but de l'action, mais le délice éternel que Dieu trouve à devenir, à voir et à faire.

 

Il est évident que ce n'est pas la dimension qui fait la grandeur d'une action, et sa perfection ne dépend pas de circonstances ni de conditions ' extérieures, mais de la sincérité de la consécration avec laquelle on l'accomplit.

Faire ce que le Divin veut que l'on fasse, dans une consécration totale

also, until mankind gives all it has to God, never shall there be a perfected society.

 

Sri Aurobindo writes here in a clear and definite way what I have tried to express before : no perfection can be attained so long as the government of the Supreme Lord is not recognised and admitted everywhere and in all things.

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Liberty can only be manifested when all men know the liberty of the Supreme Lord.

Equality can only be manifested when all men become conscious of the Supreme Lord.

Fraternity can only be manifested when all men feel themselves to be born equally from the Supreme Lord and "one" in His Unity.

9.2.1970

 

329 — There is nothing small in God's eyes ; let there be nothing small in thine. He bestows as much labour of divine energy on the formation of a shell as on the building of an empire. For thyself it is greater to be a good shoemaker than a luxurious and incompetent king.

330 — Imperfect capacity and effect in the work that is meant for thee is better than an artificial competency and a borrowed perfection.

331 — Not result is the purpose of action, but God's eternal delight in becoming, seeing and doing.

 

It is evident that it is not the scale that constitutes the greatness of an action, and its perfection does not depend on circumstances or on external conditions, but on the sincerity of the consecration with which one accomplishes it.

To do what the Divine wants one to do, in a total consecration of the

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de l'être, voilà la seule chose importante ; la dimension extérieure de l'action ne compte pas.

10.2.1970

332 — Le inonde de Dieu avance pas à pas et il réalise l'unité moindre avant de tenter sérieusement l'unité plus grande. Affirme d'abord la liberté nationale si jamais tu veux amener le monde à être une seule nation.

333 — Une nation ne se fait pas par le sang commun, une langue commune ni par une religion commune ; ce sont là seulement des auxiliaires importants et des commodités puissantes. Mais partout où des communautés d'hommes non attachés par des liens de famille se sont unies dans un même sentiment et une même aspiration afin de défendre l'héritage commun de leurs ancêtres ou pour assurer un avenir commun à leur postérité, une nation est déjà née.

334 — La nation est un grand pas dans la marche de Dieu afin de dépasser le stade de la famille ; par conséquent, l'attachement au clan et à la tribu doit s'effacer et disparaître avant que puisse naître une nation.

 

Ainsi Sri Aurobindo nous révèle le grand secret politique dont la réalisation peut nous mener à l'union de toutes les nations et finalement à l'unité humaine.

11.2.1970

335 — La famille, la nation, l'humanité sont les trois enjambées de Vishnou1 pour passer de l'unité isolée à l'unité collective. La première est faite ; nous nous efforçons encore à la perfection de la seconde ; nous tendons les mains vers la troisième, mais le travail de pionnier a déjà commencé.

336 — Étant donné la moralité actuelle de l'espèce humaine, une unité humaine solide et durable n'est pas encore possible ;

 

1 Selon la tradition indienne, lorsque Vishnou s'est incarné sous forme de nain dans l'évolution, il est allé trouver le roi Bali, et celui-ci lui a demandé ce qu'il voulait — "trois pieds de terre", demanda Vishnou, qui lui furent accordés, et le nain se mit à grandir démesurément, couvrant toute la terre du premier pas, puis le ciel du deuxième, et il posa enfin le troisième pas sur la tête de Bali.

being, is the only important thing; the external scale of the action does not count.

10.2.1970

332 — God's world advances step by step fulfilling the lesser unit before it seriously attempts the larger. Affirm free nationality first, if thou wouldst ever bring the world to be one nation.

333 — A nation is not made by common blood, a common tongue or a common religion; these are only important helps and powerful conveniences. But wherever communities of men not bound by family ties arc united in one sentiment and aspiration to defend a common inheritance from their ancestors or assure a common future for their posterity, there a nation is already in existence.

334 — Nationality is a stride of the progressive God passing beyond the stage of the family; therefore the attachment to clan and tribe must weaken and perish before a nation can be born.

 

Thus Sri Aurobindo reveals to us the great political secret which, when realised, can lead us to the union of all nations and finally to human unity.

11.2.1970

335 — Family, nationality, humanity are Vishnu's three strides1 from an isolated to a collective unity. The first has been fulfilled, we yet strive for the perfection of the second, towards the third we are reaching out our hands and the pioneer work is already attempted.

336 — With the present morality of the human race a sound and durable human unity is not yet possible ; but there is no

 

1 According to Indian tradition, when in the evolution, Vishnu incarnated as the Dwarf, he sought out king Bali who asked him what he wanted — "three steps of earth", demanded Vishnu, which was accorded. Then the Dwarf began to take enormous proportions, covering the whole earth with one step, the heavens with the second and lastly he put his third step on the head of Bali.

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mais il n'y a aucune raison pour qu'une approximation temporaire ne vienne récompenser une aspiration opiniâtre et un effort infatigable. La Nature progresse par des approximations constantes, des réalisations partielles et des succès temporaires.

 

Comme Sri Aurobindo l'a prédit, les choses vont vite, et la situation de l'humanité a beaucoup changé depuis que Sri Aurobindo travaille dans le physique subtil : l'idée de l'unité humaine a fait beaucoup de progrès dans la compréhension générale.

12.2.1970

 

 

 

 

 

Dès que vous pourrez ouvrir l'être psychique et le garder ouvert, du dedans vous viendra constamment une perception qui vous montrera à chaque pas la vraie vérité et vous mettra en garde contre toutes les tromperies, quelles qu'elles soient. Si vous aspirez constamment et laissez la paix grandir, la Force travailler en vous, cette ouverture viendra.

SRI AUROBINDO

Letters on Yoga (éd. 1972), Vol. 24. p. 1353

reason why a temporary approximation to it should not be the reward of strenuous aspiration and untiring effort. By constant approximations and by partial realisations and temporary successes Nature advances.

 

As Sri Aurobindo has predicted, things are moving rapidly, and the situation of humanity has changed much since Sri Aurobindo has started to work in the subtle physical: the idea of human unity has gained a lot of ground in the understanding of the general public.

12.12.1970

THE MOTHER

 

 

 

 

 

If once you can open in the psychic being and keep it open, then from within yourself will come constantly a perception that will show you at each step the actual truth and keep you on your guard against any kind of deception. If you aspire constantly and allow the peace to grow and the Force to work in you, this opening will come.

SRI AUROBINDO

Letters on Yoga (Ed. 1972), Vol. 24, pp. 1353-54

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Mère Répond

 

(Suite de la quatrième série)

Douce Mère,

J'ai remarqué une chose pour nous tous, c'est que nous prenons part à autant d'activités que possible au programme du 2 décembre. Ne vaut-il pas mieux choisir un ou deux sports et donner une très bonne démonstration dans ces sports-là que de faire plusieurs sports d'une façon médiocre?

 

CHACUN fait selon sa nature et s'il (ou si elle) suit courageusement et sincèrement la loi de la nature, il ou elle agit selon la vérité. Ainsi, il est impossible de juger et de décider pour les autres. On ne peut savoir que pour soi-même, et encore faut-il être très sincère pour ne pas se tromper.

4.11.1961

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Douce Mère,

Dans cet aphorisme No 133, Sri Aurobindo dit que "les dieux n'ont su accepter que le fardeau plaisant de Son amour et de Son extase plus aimable.1 " Alors les dieux sont des lâches ! Où donc est leur grandeur et leur splendeur? Pourquoi adorons-nous des entités inférieures? Et les Titans doivent être les plus aimables fils du Divin?

 

Ce que Sri Aurobindo écrit là est un paradoxe pour éveiller les esprits

 

1 "Les Titans sont plus forts que les dieux parce qu'ils se sont mis d'accord avec Dieu pour affronter et porter le fardeau de Sa colère et de Son inimitié; les dieux n'ont su accepter que le fardeau plaisant de Son amour et de Son extase plus aimable."

Mother Answers

 

(fourth series continued)

 

Sweet Mother,

I have noticed something which applies to all of us, it is that we take part in as many items as possible in the 2nd December programme. Is it not better to choose one or two items and give a very good demonstration in these rather than do several in a mediocre way?

 

EACH one does according to his or her nature and if he (or she) follows courageously and sincerely the law of the nature, he or she acts according to truth. Thus it is impossible to judge and decide for others. One can know only for oneself, and even then one has to be very sincere in order not to deceive oneself.

4.11.1961

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Sweet Mother,

In this Aphorism No 133, Sri Aurobindo says that "the gods were able to accept only the pleasant burden of His love and kindlier rapture."1 So the gods are cowards? Where, then, is their greatness and their splendour? Why do we worship inferior entities? And the Titans must be the more lovable sons of the Divine !  

 

What Sri Aurobindo writes here is a paradox to awaken half asleep minds. But one must understand all the irony these phrases contain and

 

1 The Titans are stronger than the gods because they have agreed with God to front and bear the burden of His wrath and enmity; the gods were able to accept only the pleasant burden of His love and kindlier rapture.  

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un peu endormis. Mais il faut comprendre toute l'ironie contenue dans ces phrases et surtout l'intention qu'il met derrière les mots. D'ailleurs, lâches ou non, je ne vois aucune nécessité que nous adorions les dieux, petits ou grands. Notre adoration doit aller seulement au Seigneur Suprême, un en toutes choses et en tout être.

6.11.1961

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Douce Mère,

J'ai remarqué depuis longtemps en moi que je suis un peu timide, y ai toujours un complexe d'infériorité. Je crois que j'ai peur qu'on découvre mon ignorance. Pourquoi suis-je comme cela ? Et comment sortir de là?

 

Derrière tout cela et ce fameux complexe d'infériorité, il y a "ego" ' et sa vanité qui veut faire bonne figure et être apprécié par les autres. Mais s si toute ton activité était une offrande au Divin, tu n'aurais aucun souci de l'appréciation des autres.

14.11.1961

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Douce Mère,

Tu nous as dit souvent que nos activités devaient être une offrande au Divin. Qu'est-ce que cela veut dire exactement, et comment faire? Par exemple, quand on joue au tennis ou au basket-bail, comment le fait-on comme une offrande? Les formations mentales ne suffisent pas, naturellement !

 

above all the intention he puts behind the words. However, cowards or not, I do not see any necessity for us to worship gods, big or small. Our adoration must go only to the Supreme Lord, one in all things and all being,

6.11.1961

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Sweet Mother,

For a long time, I have noticed that I am rather timid. I still have an inferiority complex. I think I am afraid that people will discover my ignorance. Why am I like that? And how can I get out of it?

 

Behind all that and this famous inferiority complex there is the "ego" and its vanity which wants to cut a good figure and be appreciated by others. But if all your activity were offered to the Divine, you would not care at all about the appreciation of others.

14.11.1961

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Sweet Mother,

You have often told us that our activities must be an offering to the Divine. What does it mean exactly, and how to do it? For instance, when one plays tennis or basket ball, how does one do that as an offering? Mental formations are not enough, naturally !

 

It means that what you do should not be done with a personal, egoistic aim, for success, for glory, for gain, for material profit or out of vanity, but

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Cela veut dire que ce que vous faites ne doit pas être fait dans un but personnel, égoïste, pour le succès, pour la gloire, pour le gain, pour un profit matériel ou d'amour propre, mais comme un service et une offrande, pour devenir plus conscient de la volonté divine et pour se donner plus entièrement à elle, jusqu'au moment où l'on a fait assez de progrès pour savoir et sentir que c'est le Divin qui agit en vous. Sa force qui vous anime et Sa volonté qui vous soutient — non seulement une connaissance mentale, mais la sincérité d'un état de conscience et le pouvoir d'une expérience vécue.

Pour que cela soit possible, tous les mobiles égoïstes doivent disparaître.

20.11.1961

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Douce Mère,

Je Te prie de la part de tout le monde afin que la démonstration de ce soir soit un succès. Tout le monde pense que ce sera le contraire ... Il est vrai que notre exécution n'est pas à la hauteur. J'espère et je Te prie que l'exécution soit la meilleure possible ce soir. Prends nos actions, Douce Mère, et guide-nous. Tu nous as dit que Tu serais làsi seulement j'avais les yeux pour Te voir !

 

Ce que moi, j'ai vu, le 26, était satisfaisant (naturellement cela peut toujours être mieux), et j'ai entendu beaucoup de compliments de la séance du 2 décembre. Il ne faut pas écouter les gens qui ne savent que critiquer. Une critique exagérée n'aide pas au progrès.

2.12.1961

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as a service and an offering, in order to become more conscious of the divine will and to give oneself more entirely to it, until one has made enough progress to know and feel that it is the Divine who acts in you. His force that animates you and His will that supports you — not only a mental knowledge, but the sincerity of a state of consciousness and the power of a living experience.

For that to be possible, all egoistic motives and all egoistic reactions must disappear.

20.11.1961

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Sweet Mother,

I pray to You, on behalf of everyone, that this evening's demonstration be a success. Everyone thinks it will be the opposite.... It is true that our performance is not up to the mark. I hope, and I pray to You, that the performance this evening be the best possible. Sweet Mother, take our actions and guide us. You have told us You will be there — if only I had eyes to see You!

 

What I saw on the 26th, was satisfactory (naturally it can always be better), and I have heard a great many compliments regarding the 2nd of December show. One should not listen to people who only know how to criticise. Exaggerated criticism is not an aid to progress.

2.12.1961

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Douce Mère,

Je suis très paresseux et je manque de ferveur et de persévérance pour continuer le chemin choisi. Je suis comme une flamme qui s'anime et monte avec le vent, et retombe morte ou mourante aussitôt que le vent s'arrête. Vigilant, c'est cela que je dois être. Mais comment?

 

Toutes les qualités psychologiques se cultivent comme les muscles avec un exercice régulier et quotidien. Et surtout, tourne-toi vers la Force Divine dans une aspiration sincère et implore afin d'être délivré de tes limitations. Si tu es sincère dans ta volonté de progresser, tu es sûr d'avancer.

21.1.1962

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Douce Mère,

J'ai été surpris de voir ce nouveau rituel "Sri Aurobindo sharanam mama1 " introduit dans les cérémonies du cimetière. X ...se met debout en méditation devant le corps et prononce la phrase "Sri Aurobindo sharanam mama", et les autres, qui se sont placés autour du corps, doivent la répéter après lui. Cela continue une centaine de fois. Personnellement, je n'aime pas cette cérémonie. Je la sens vide d'émotion. Prendre le nom de Sri Aurobindo sans l'émotion et en faire un rituel, je n'aime pas. Il vaut beaucoup mieux lire une "prière" de Toi, et puis invoquer la Grâce Divine, chacun à sa manière, en silence, pour le bien du mort, comme on le faisait avant. C'est mon opinion.

 

La cérémonie en elle-même n'a qu'une importance secondaire. C'est seulement une forme et plus une question d'habitude qu'autre chose. Ce qui est important, quelle que soit la cérémonie que l'on adopte, c'est d'y

 

1 En sanscrit : Sri Aurobindo est mon refuge.

Sweet Mother,

I am very lazy and I lack the fervour and perseverance to continue on the chosen path. I am like a flame which is stimulated by the wind and rises with it., but which falls back dead or dying as soon as the wind drops. Vigilant, that is what I should be. But how?

 

All psychological qualities can be cultivated like the muscles, with regular and daily exercise. Above all turn towards the Divine Force in a sincere aspiration and implore it to deliver you from your limitations. If you are sincere in your will to progress, you are sure to advance.

21.1.1962

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Sweet Mother,

I was surprised to see this new ritual "Sri Aurobindo sharanam mama"1 introduced into the cemetery ceremonies. X... stands in meditation in front of the body and pronounces the phrase "Sri Aurobindo sharanam mama"1 and the others, who have taken up their position round the body, must repeat it after him. This continues about a hundred times. Personally I do not like this ceremony. I feel it to be empty of feeling. I do not like the name of Sri Aurobindo to be taken without feeling and turned into a ritual. It is much better to read one of Your "'prayers", and then invoke the Divine Grace in silence, each in his own way, for the good of the dead, as was done before. That is my opinion.

 

The ceremony in itself has only a secondary importance. It is merely . form, and more a question of habit than anything else. Whatever the :ceremony adopted, what is important is to put into it the sincere ardour

 

1 In Sanskrit : Sri Aurobindo is my refuge.

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mettre la ferveur sincère et l'aspiration ardente qui rend vivante tout cérémonie, quelle qu'elle soit, et qui ne dépendent pas d'elle.

6.2.1962

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Sri Aurobindo dit qu'il y a cinq mille ans que la grande bataille de Kouroukshétra a été livrée. Mais la bonne influence du génie politique de Shrî Krishna s'est terminée juste hier avec Rani Lakshmîbaï1... Ensuite, pour protéger de nouveau l'Inde et le monde-, il fallait un Poûrna Avatar. Cet Avatar va éveiller le "Brahmatej3" qui est endormi. Il dit aussi que c'est au Kaliyouga4 que le Divin se manifeste pleinement, car l'homme est en grand danger à cette époque —et le voilà, il révèle lui-même le grand secret : le Divin est pleinement manifesté dans l'Inde. Mais il a la modestie de ne pas dire que c'est lui-même qui est cette manifestation !

 

Ceux qui accomplissent l'œuvre n'ont pas l'habitude de se vanter, Ils gardent leur énergie pour le travail et laissent la gloire des résultats au Seigneur Éternel.

6.3.1962

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Douce Mère,

Je peux Te dire ceci sans être vain :je suis beaucoup mieux

 

1 Reine de Jhansi qui combattit toute seule les armées anglaises et mourut sur le champ de bataille en 1857.

2 L'Avatar complet. s La Puissance spirituelle. 4 L' "Age Noir", où nous sommes.

and fervent aspiration which give life to all ceremony, whatever it be, and which do not depend upon it.

6.2.1962

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Sri Aurobindo says that five thousand years ago the great battle of Kurukshetra was fought. But the good influence of Sri Krishna's political genius ended only yesterday with Rani Lakshmibai1.... Then, to protect again India and the world, a Puma Avatar2 was necessary. This Avatar will awaken the "Brahmatej3" which is dormant. He also says that it is in the Kaliyuga4 that the Divine manifests fully, because man is in great danger in this age — and here he is, he himself reveals the great secret : the Divine has fully manifested in India. But he has the modesty not to say that it is he himself who is this manifestation!

 

Those who accomplish the work are not in the habit of boasting. They keep their energy for the labour and leave the glory of the results to the Eternal Lord.

6.3.1962

 

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Sweet Mother,

I can tell You this without vanity : I am much better than I was before, but all the same quite far, perhaps very, very far, from the

 

1 The Queen of Jhansi who fought the British single-handed and died on the battle-field in 1857.

2 The full Avatar.

3 The Power of the Spirit.

4 The "Iron Age" in which we are.

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que je n'étais auparavant, mais tout de même bien loin et peut-être très loin de l'Idéal que Tu nous as donné. Cela ne me décourage pas, car j'ai pleine confiance en Toi.

 

Oui, il faut persévérer avec courage et sincérité. Tu es sûr de réussir un jour.

2.9.1962

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Douce Mère,

Nous avons eu une discussion avec des amis sur le problème et les méthodes possibles d'éducation physique. Le problème fondamental est celui-ci : comment établir un programme qui contentera tout le monde et qui sera aussi efficace que possible pour tous les membres en général ? Les tournois sont-ils nécessaires, ne doit-il y avoir aucune contrainte d'aucune sorte ? Et si on laisse une liberté complète, est-ce pratique ? etc. ... C'est un sujet auquel il n'est pas facile de trouver une réponse suffisamment satisfaisante pour tout le monde, sauf quand la Mère interviendra Elle-même.

 

C'est impossible. Chacun a son propre goût et son propre tempérament. On ne peut rien faire sans discipline — la vie tout entière est une discipline.

20.9.1962

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Douce Mère,

Est-il mauvais d'aller au cinéma en ville ?

Ideal You have given us. This does not discourage me, for I have full confidence in You.

 

Yes, you must persevere with courage and sincerity. You are sure to succeed one day.  

2.9.1962

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Sweet Mother,

We have had a discussion with-friends concerning the problem and possible methods of physical education. The fundamental problem is this : how to establish a programme which will please everyone and which will be as effective as possible for all members in general ? Are tournaments necessary ? Should we have no compulsion whatsoever ? And if complete freedom is given, will that be practical ? etc.... It is a subject to which it is not easy to find a solution which sufficiently satisfies everyone, except when the Mother Herself intervenes.

 

It is impossible. Each has his own taste and his own temperament. One can do nothing without discipline — the whole of life is a discipline.

20.9.1962

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Sweet Mother,

Is it bad to go to the cinema in town ?

 

For those who want to do yoga, it is very bad. Moreover, I have already said this a considerable number of times, and if one does not

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Pour ceux qui veulent faire le yoga, c'est très mauvais. J'ai d'ailleurs dit cela déjà un nombre considérable de fois et si on ne le sait pas, c'est que l'on trouve plus commode de l'oublier.

27.9.1962

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Douce Mère,

Il y a trop de nœuds bien serrés dans cette immense organisation de î'Ashram.

Quand viendra le jour promis où il n'y aura que de l'harmonie) de la joie et de la paix sans mélange ?

 

Si chacun était plus soucieux de corriger ses propres fautes que de critiquer celles des autres, le travail irait plus vite.

29.9.1962

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Un peu de pratique sincère et régulière vaut mieux que beaucoup de résolutions éphémères.

2.10.1962

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J'ai entendu dire ce matin que X. avait été battu très sérieusement par Y. Je crois que ce if est pas du tout juste.

know it, it is because one finds it more convenient to forget it.

27.9.1962

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Sweet Mother,

There are too many very tight knots in the immense organisation of this Ashram.

When will the promised day come when there will be nothing but unadulterated harmony, joy and peace ?

 

If each one were more concerned with correcting his or her own faults than in criticizing those of others, the work would go more quickly.

29.9.1962

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A little sincere and regular practice is worth more than many transitory resolutions.

2.10.1962

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I heard this morning that X was very severely beaten by Y. I think that it is not at all just.

 

One can only speak of what one has seen with one's own eyes — and

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On ne peut parler que de ce que l'on a vu de ses propres yeux —  encore ... Quelle connaissance possède-t-on qui vous donne le droit c juger ? Seul le Seigneur voit et sait — Lui seul est la Vérité.

Tu devrais étudier un peu mieux les aphorismes de Sri Aurobindo Cela te guérirait de porter des jugements.

15.10.1962

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J'avais écrit une lettre à la Mère en demandant pourquoi Elle n'avait pas donné Son darshan à X. Mais j'ai peur maintenant que, peut-être. Mère se fâchera de mon audace à écrire une telle lettre. Car ce n'est pas mon affaire du tout !

 

J'ai lu la lettre et je ne me suis pas fâchée du tout. Mais X. n'était pas du tout prêt pour un darshan.

 19.10.1962

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(A propos de la menace chinoise aux frontières de l'Inde.) Parfois, j'ai l'impression que nos gouvernants ne semblent pas avoir une colonne vertébrale à la hauteur de celle de Kennedy et de sa décision pour Cuba.

 

Ce genre de réflexion est tout à fait déplacé en ce moment. Il ne faut jamais critiquer quelqu'un si l'on n'a pas trouvé d'une façon indiscutable que, dans les mêmes circonstances, on peut faire mieux que lui.

Te sens-tu capable d'être un premier ministre de l'Inde inégalable?

even then.... What knowledge does one possess which gives one the right to judge ? Only the Lord sees and knows — He only is the Truth.

You should study Sri Aurobindo's aphorisms a little better. That will cure you of passing judgment.

15.10.1962

 

I had written a letter to the Mother asking why She 'had not given darshan to X. But now I am afraid that perhaps the Mother will be angry at my audacity in writing such a letter. Because it is not at all my affair.

 

I read your letter and I was not at all angry. But X was not at all ready for darshan.

19.10.1962

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(Regarding the Chinese threat to Indian frontiers) Sometimes I have the impression that our leaders do not seem to have the backbone at the same level as Kennedy and his decision for Cuba.

 

This kind of thinking is quite out of place at this moment. One should never criticize someone if one has not proved indisputably that, in the same circumstances, one can do better than he.

Do you feel yourself capable of being an unequalled Prime Minister

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Je réponds : certainement non, et te conseille de te taire et de rester tranquille.

24.10,1962

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(À propos d'une prière pour le jour de Kâlîpoûdjâ.)

 

C'est bien, mes enfants, mais ce n'est pas assez de prier, il faut aussi faire effort avec persévérance.

26.10.1962

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Dans une discussion avec un ami à propos de notre programme d'éducation physique et autres activités innombrables que nous avons ici, il m'a demandé : "Peux-tu me donner un exemple valable d'une personne, au moins, qui participe à autant d'activités et qui garde un niveau assez haut—une seule personne dans le monde tout entier ?"

 

N'oubliez pas — vous tous qui êtes ici — que nous voulons réaliser quelque chose qui n'existe pas encore sur la terre, ainsi il est absurde de chercher ailleurs un exemple de ce que nous voulons faire.

18.11.1962

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Il me disait aussi ceci : "Mère dit qu'il y a toute liberté et toutes les facilités pour ceux qui sont doués pour un sujet particulier et qui

of India ? I reply : certainly not, and advise you to keep silent and to remain quiet. ,  ;

24.10.1962

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(About a prayer for Kalipuja Day)

 

It is all right, my children, but it is not enough to pray, you must also make a persevering effort.

26.10.1962

 

In a discussion with a friend about our physical education programme and the other innumerable activities we have here, he asked me : "Can you give me a valid example of at least one person who takes part in so many activities and maintains a fairly high standardone single person in the whole world ?"

 

Do not forget — all of you who are here — that we want to realise something which does not yet exist on the earth, so it is absurd to seek elsewhere an example of what we want to do.

18.11.1962

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He told me this also : "Mother says that there is all freedom and

C-7

 

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veulent le poursuivre au maximum. Mais où est cette liberté comme, par exemple, de devenir un grand musicien, etc. ?" Douce Mère, peux-tu me dire quelques mots au sujet de cette liberté ?

 

La liberté dont je parle est celle de suivre la volonté de l'âme, non celle de suivre toutes les fantaisies du vital et du mental.

La liberté dont je parle est une vérité austère qui tend à surmonter toutes les faiblesses et les désirs de l'être inférieur et ignorant.

La liberté dont je parle est celle de se consacrer entièrement et sans réserve à son aspiration la plus haute, la plus noble, la plus divine.

Lequel d'entre vous suit sincèrement ce chemin-là ? Il est facile de juger, mais il est plus difficile de comprendre et encore beaucoup plus difficile de réaliser.

18.11.1962

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(A propos de mon impression sur une personne et des louanges que j'en avais faîtes.)

 

Souviens-toi que toutes ces vertus et ces fautes individuelles sont seulement l'apparence mensongère d'un grand jeu de forces universelles que l'on ne comprend pas.

5.1.1963

 

 

all facilities for those who are gifted for a particular subject and want to pursue it to the full. But where is this freedom to become., for instance, a great musician., etc. ?" Sweet Mother, can you please say a few words on the subject of this freedom ?

 

The freedom of which I speak is the freedom to follow the soul's will r and not that of mental and vital whims and fancies.

The freedom of which I speak is an austere truth which tends to surmount all the weaknesses and desires of the lower, ignorant being.

The freedom of which I speak is the freedom to consecrate oneself entirely and without reserve to one's highest, noblest and most divine aspiration. .

Who amongst you follows sincerely that path ? It is easy to judge, but it is more difficult to understand and still much more difficult to realise.

18.11.1962

*

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(Concerning my impression of a person and the way I had praised him.)

 

Remember that all these individual virtues and faults are only the false appearance of a great play of universal forces which one does not understand. .

5.1.1963

THE MOTHER

 

 

 

Top

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Entretiens

Le 10 février 1954

 

Quelle est la méthode pour augmenter les "capacités d'expansion et d'élargissement ?

(Éducation, p. 40)

JE dis là qu'il faut prendre des sujets d'études très variés. Je crois que c'est cela. Par exemple, si vous êtes à l'école, étudier tous les sujets possibles. Si vous lisez chez vous, ne pas lire seulement un genre de choses, lire toutes sortes de choses différentes.

 

Mais, Douce Mère, à l'école, il n'est pas possible de poursuivre beaucoup de sujets. On doit se spécialiser.

 

Oui, oui ! j'ai entendu dire cela, spécialement par vos professeurs. Je ne suis pas d'accord. Et je sais bien, on me rabâche cela tout le temps : si l'on veut faire une chose convenablement, il faut se spécialiser. C'est la même chose aussi pour les sports. C'est la même chose pour tout dans la vie. On le dit et on le répète, et il y a des gens pour le prouver : pour faire quelque chose bien, il faut se spécialiser. Il faut faire cela et se concentrer. Si l'on veut être un bon philosophe, il faut faire seulement de la philosophie, si l'on veut être un bon chimiste, il faut faire seulement de la chimie. Et si l'on veut être un bon joueur de tennis, il faut jouer seulement au tennis. Ce n'est pas mon avis, c'est tout ce que je puis dire. Mon expérience n'est pas comme cela. Je crois qu'il y a des facultés générales, et qu'il est beaucoup plus important de les acquérir que de se spécialiser. À moins, naturellement, que ce ne soit comme M. et Mme Curie qui voulaient développer une science, trouver une chose nouvelle, alors, naturellement, ils étaient obligés de se concentrer sur leur science. Mais encore était-ce seulement jusqu'à ce qu'ils aient trouvé, une fois qu'ils avaient trouvé, rien ne les empêchait d'élargir leur cerveau.

Questions and Answers

 

February 10, 1954

 

What is the method for increasing the "capacities of expansion and wideness" ?

(Education, p. 38)

I SAY there that a great variety of subjects should be studied. I believe that is it. For instance, if you are, at school, studying all the subjects possible. If you are reading at home, not reading just one kind of thing, reading all sorts of different things.

 

But, Sweet Mother, at school it is not possible to take many subjects. We have to specialise.

 

Yes, yes ! I have heard that, specially from your professors. I don't agree. And I know very well, this is being continuously repeated to me : if anything is to be done properly, one must specialise. It is the same thing for sports also. It is the same for everything in life. It is said and repeated, and there are people who will prove it : to do something well one must specialise. One must do that and concentrate. If one wants to become a good philosopher, one must learn only philosophy, if one wants to be a good chemist, one must learn chemistry only. And if one wants to become a good tennis-player, one must play only tennis. That's not what I think, that is all I can say. My experience is different. I believe there are general faculties and that it is much more important to acquire these than to specialise — unless, naturally, it be like M. and Mme. Curie who wanted to develop a certain science, find something new, then of course they were compelled to concentrate on that science. But still that was only till they had discovered it, once they had found it, nothing stopped them from widening their mind.

 

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C'est une chose que j'ai entendue depuis ma plus petite enfance, et je crois que les arrière-grands-parents ont entendu la même chose, et que de tout temps il a été prêché que si vous voulez réussir quelque chose, il ne faut faire que cela. Et moi, on me grondait tout le temps parce que je faisais beaucoup de choses différentes ! Et on me disait toujours que je ne serais jamais bonne à rien. Je faisais des études, je faisais de la peinture, je faisais de la musique, et puis je m'occupais encore d'autres questions. Et on m'a dit que ma musique ne vaudrait rien, ma peinture ne vaudrait rien, et que mes études seraient tout à fait incomplètes. C'est probablement tout à fait vrai, mais enfin j'ai trouvé que cela avait des avantages — justement les avantages dont je parle, d'élargir, d'assouplir son cerveau et la compréhension. Il est vrai que si j'avais voulu être un exécutant de premier ordre et jouer dans les concerts, il aurait fallu que je fasse comme ils disent. Et pour la peinture, si j'avais voulu être parmi les grands peintres de l'époque, il aurait fallu que je ne fasse que cela. C'est bien entendu. Mais enfin, c'est un point de vue. Je ne vois aucune nécessité d'être le plus grand peintre, le plus grand musicien. Cela m'a toujours paru être une vanité. Et d'ailleurs, c'est une question de jugement...

Il n'y a qu'un cas, c'est celui où l'on veut faire une découverte. Alors, naturellement, il faut consacrer tout son effort là-dessus. Mais ce n'est pas nécessairement l'effort de toute une vie. À moins que l'on ne choisisse un sujet très difficile comme l'ont fait les Curie. Il y a eu un moment où ils avaient fait leur découverte — ils pouvaient aller au-delà.

Mais spontanément, les gens qui veulent garder leur équilibre se reposent d'une activité en en prenant une autre. On cite toujours l'exemple des grands exécutants ou des grands peintres, ou des grands savants, qui ont une sorte de manie, un délassement. Vous avez peut-être entendu parler du "Violon d'Ingres". Ingres était un peintre; il ne manquait pas de talent, et quand il avait du temps libre, il se mettait à jouer du violon, et son violon l'intéressait beaucoup plus que sa peinture. Il paraît qu'il ne jouait pas très bien du violon, mais ça l'intéressait beaucoup. Et sa peinture, il la faisait assez bien, et ça l'intéressait moins. Mais je crois que c'est tout simplement parce qu'il avait besoin d'un équilibre. La concentration sur une chose unique pour arriver à son résultat est très nécessaire pour l'esprit humain dans son fonctionnement normal, mais on peut parvenir à un fonctionnement différent, plus complet, plus subtil.

This is something I have heard from my very childhood, and I believe our great grand-parents heard the same thing, and from all time it has been preached that if you want to succeed in something you must do only that. And as for me, I was scolded all the time because I did many different things ! And I was always told I would never be good at anything. I studied, I did painting, I did music, and then was busy with still other things. And I was told my music wouldn't be up to much, my painting wouldn't be worthwhile, and that my studies would be quite incomplete. Probably it is quite true, but still I have found that this had its advantages — those very advantages I am speaking about, of widening, making supple one's mind and understanding. It is true that if I had wanted to be a first-class player and to play in concerts, it would have been necessary to do what they said. And as for painting, if I had wanted to be among the great artists of the period, it would have been necessary to do that. That's quite understandable. But still, that is just one point of view. I don't see any necessity of being the greatest artist, the greatest musician. That has always seemed to me a vanity. And besides, it is a question of opinion....

There is but one instance, that's when one wants to make a discovery. Then, naturally, one must dedicate all one's effort to that. But that is not necessarily a whole lifetime's effort — unless one chooses a very difficult subject as the Curies did. There was a time they had made their discovery — they could go beyond it.

But, spontaneously, people who wish to keep their balance rest from one activity and take up another. Examples are always cited of great performers or great artists or great scientists who have a kind of mania, a diversion. You have perhaps heard of Ingres's violin. Ingres was a painter ; he did not lack talent and when he had some free time he used to start playing the violin, and his violin interested him much more than his painting. It seems he did not play the violin very well but it interested him more. And his painting he did very well and it interested him less. But I believe that was quite simply because he needed balance. Concentration on a single thing in order to attain one's aim is very necessary for the human mind in its normal functioning, but one can arrive at a different working that's more complete, more subtle. Naturally, physically one is bound to be limited for, in physical life one depends a great deal on time

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Naturellement, physiquement, on est obligé de se limiter parce que, dans le physique, on dépend beaucoup du temps et de l'espace, et puis il est difficile de réaliser de grandes choses sans avoir une concentration spéciale. Mais si l'on veut mener une vie plus haute et plus profonde, je crois que l'on peut atteindre à des capacités peut-être beaucoup plus grandes par d'autres moyens que des moyens de restriction et de limitation. Il y a un avantage considérable à se débarrasser de ses limites, sinon du point de vue de la réalisation active, du moins de la réalisation spirituelle.

 

Pourquoi oublie-t-on les choses ?

 

Ah ! je suppose qu'il y a plusieurs raisons. D'abord, parce que l'on se sert de sa mémoire pour se souvenir. La mémoire est un instrument mental et dépend de la formation du cerveau. Votre cerveau est en constante croissance—à moins qu'il ne commence à dégénérer, mais enfin sa croissance peut durer très, très longtemps, beaucoup plus longtemps que celle du corps. Et dans cette croissance, il y a nécessairement des éléments qui prennent la place des autres. Et à mesure que l'instrument mental se développe, les éléments qui ont servi d'étape, ou de moment transitoire dans le développement, peuvent s'effacer pour laisser place au résultat. Alors le résultat de tout ce que l'on savait est là, vivant, en soi, mais le chemin parcouru pour y arriver peut être tout à fait estompé. C'est-à-dire qu'un bon fonctionnement de la mémoire est de ne se souvenir que des résultats afin de pouvoir avoir les éléments d'une marche en avant et d'une construction nouvelle. C'est plus important que de juste retenir d'une façon mentalement rigide.

Maintenant, il y a un autre aspect. En dehors de la mémoire mentale, qui est une chose défectueuse, il y a les états de conscience. Chaque état de conscience où Fon se trouve enregistre les phénomènes de ce moment-là, quels qu'ils soient. Si votre conscience reste limpide, large et forte, vous pouvez, à n'importe quel moment, par une concentration, appeler dans la conscience active ce que vous aviez fait, pensé auparavant, vu, observé ; tout cela vous pouvez vous en souvenir en faisant surgir en vous le même état de conscience. Et cela ne s'oublie jamais. Vous pourriez vivre mille ans que vous vous souviendriez. Par conséquent, si

and space, and also it is difficult to realise great things without a special concentration. But if one wants to lead a higher and deeper life, I believe one can acquire perhaps much greater capacities by other means than those of restriction and limitation. There is a considerable advantage in getting rid of one's limits, if not from the point of view of active realisation, at least from that of spiritual realisation.

 

Why do we forget things ?

 

Ah ! I Suppose there are several reasons. First, because one makes use of the memory to remember. Memory is a mental instrument and depends on the formation of the brain. Your brain is constantly growing, unless it begins to degenerate, but still its growth can continue for a very, very long time, much longer than that of the body. And in this growth, necessarily some things will take the place of others. And as the mental instrument develops, things which have served their term or the transitory moment in the development, may be wiped out to give place to the result. So the result of all that you knew is there, living, in itself, but the road traversed, to reach it may be completely blurred. That is, a good functioning of the memory means remembering only the results so as to be able to have the elements for a march onwards and a new construction. That is more important than just retaining things rigidly in the mind.

Now, there is another aspect also. Outside the mental memory, which is something defective, there are states of consciousness. Each state of consciousness in which one happens to be registers the phenomena of that moment, whatever they may be. If your consciousness remains limpid, wide and strong, you can at any moment whatsoever, by concentrating, call into the active consciousness what you had done, thought, seen, observed at any time before; all this you can remember by bringing up in yourself the same state of consciousness. And that, that is never forgotten. You could live a thousand years and you would remember it. Consequently, if you don't want to forget, it must be your consciousness which remembers and not your mental memory. Your mental memory will perforce be wiped out, get blurred, and new things will take the place of the old ones. But things of which you are conscious you do not forget. You

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vous voulez ne pas oublier, il faut que ce soit votre conscience qui se souvienne et non votre mémoire mentale. Votre mémoire mentale, forcément, s'effacera, s'estompera, et des éléments nouveaux prendront la place des vieux. Mais les choses dont vous êtes conscients, vous ne les oubliez pas. Vous n'avez qu'à faire re-surgir le même état de conscience. Et ainsi, on peut se souvenir de circonstances qu'on a vécues des milliers d'années auparavant si l'on sait faire resurgir le même état de conscience. C'est comme cela que l'on peut se souvenir de ses vies antérieures. Cela ne s'efface jamais. Tandis que la mémoire de ce que vous avez fait physiquement quand vous étiez tout petits, vous ne l'avez même plus. On vous raconterait beaucoup d'incidents que vous ne savez plus. Cela s'efface tout de suite. Parce que le cerveau est en constante transformation et que certaines cellules plus faibles sont remplacées par d'autres beaucoup plus fortes, et par d'autres combinaisons, d'autres organisations cérébrales. Et alors, ce qui était avant est effacé ou déformé.

 

On peut se souvenir de choses qui se sont passées des milliers d'années avant !

 

Oui, si vous allez à un certain endroit, si vous arrivez à entrer en contact avec l'endroit qui a vécu des milliers d'années avant. Et en plus (je crois que je l'ai écrit quelque part), il y a l'enregistrement de la conscience de la terre, et si vous savez aller à cet endroit-là, vous pouvez non seulement vous souvenir de votre propre vie, mais de tout ce qui s'est passé sur la terre. C'est enregistré là, et c'est un phénomène de conscience.

 

Mais comment se souvient-on, Douce Mère, parce que, quand on change de corps, de mental...

 

Je viens de le dire, mon enfant, tu n'as pas écouté ce que je t'ai dit. J'ai dit que si c'est un souvenir mental, cela s'effacera, même dans votre vie présente, vous ne pouvez pas vous rappeler d'incidents qui se sont passés vingt ans ou trente ans ou quarante ans avant. Mais un état de conscience n'est pas un état mental. Cela n'a rien à voir avec le mental. En effet, la

have only to bring up the same state of consciousness again. And thus one can remember circumstances one has lived thousands of years ago, if one knows how to bring up the same state of consciousness. It is in this way that one can remember one's past lives. This never gets blotted out, whilst the memory of what you have done physically when you were very young you don't have any more. You would be told many things you no longer know. That gets wiped off immediately. For the brain is constantly changing and certain weaker cells are replaced by others which are much stronger, and by other combinations, other cerebral organisations. And so, what was there before is effaced or deformed.

 

One can remember things which happened thousands of years ago !

 

Yes, if you go to a certain place, if you succeed in entering into contact with the place which existed thousands of years ago. And, moreover, (I believe I have written this somewhere), there is the record of the earth's consciousness, and if you know how to go to that place, you can not only remember your own life but everything that happened upon earth. It is recorded there, and it is a phenomenon of consciousness.

 

But how does one remember. Sweet Mother, for when one changes the body, the mind...  

 

I have just told you how, my child, you did not listen to what I said. I said that if it is a mental remembrance it will be effaced, even in your present life you cannot recall incidents which took place twenty or thirty or forty years ago. But a state of consciousness is not a mental state. It has nothing to do with the mind. Indeed, most minds are dissolved with the body except when there is a very well-made special formation, very "cohesive", very well organised, which can last. But that is fairly rare. These are only exceptional cases. But consciousness is something quite different. Consciousness is an eternal state. The state of consciousness is an eternal state. Creation is born through consciousness and if consciousness were withdrawn, there would be no creation any longer. And if you

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plupart des mentalités se dissolvent avec le corps, sauf si l'on a une formation spéciale très bien faite et très "cohésive", très bien organisée, qui peut se perpétuer. Mais c'est suffisamment rare, ce sont seulement des cas exceptionnels. Mais la conscience est une chose tout à fait différente. La conscience est un état éternel. L'état de conscience est un état éternel. La création est née par la conscience et si la conscience se retirait, il n'y aurait plus de création. Et si vous entrez en rapport avec la conscience, vous pouvez retrouver toute l'histoire de la création, parce que la création vient de la conscience. La conscience est éternelle.

 

Mère, parfois certaines pensées désagréables viennent nous troubler. Quelle est le moyen de s'en débarrasser ?

 

Il y a plusieurs moyens. Généralement (cela dépend des gens), mais généralement le moyen le plus facile est de penser à autre chose. C'est-à-dire de concentrer son attention sur quelque chose qui n'a rien à voir avec cette pensée-là, qui n'a aucun rapport avec cette pensée-là, comme la lecture ou un travail — généralement quelque chose à créer, une création. Par exemple, ceux qui écrivent, pendant tout le temps qu'ils écrivent (prenons simplement un romancier), toutes les autres pensées sont parties, parce qu'il est concentré sur ce qu'il fait. Quand il aura fini d'écrire, s'il n'a pas le contrôle, les autres pensées reviendront. Mais justement, quand on est attaqué par une pensée, on peut essayer de faire un travail créateur. Par exemple, le savant peut faire un travail de découverte, une étude spéciale pour découvrir quelque chose—quelque chose qui absorbe beaucoup, c'est le moyen le plus facile. Naturellement, ceux qui ont un commencement de contrôle sur leur pensée peuvent faire un mouvement de rejet : repousser la pensée comme on repousserait une chose physique. Mais c'est plus difficile et cela demande beaucoup plus de maîtrise. Si l'on y réussit, c'est plus actif, en ce sens que si vous rejetez cette activité-là, cette pensée, si vous la chassez d'une façon efficace et constamment, ou d'une façon tout à fait répétée, à la fin elle ne vient plus. Tandis que dans l'autre cas, elle peut toujours revenir. Cela fait deux moyens.

Le troisième moyen, c'est d'être capable d'amener d'en haut une

enter into contact with consciousness, you can discover the whole history of creation, for creation comes from consciousness. Consciousness is eternal.

 

Mother, at times unpleasant thoughts come and disturb us. How can we get rid of them ?

 

There are several methods. Generally — but it depends on people — generally, the easiest way is to think of something else. That is, to concentrate one's attention upon something that has nothing to do with that thought, has no connection with that thought, like reading or some work — generally something creative, some creative work. For instance, those who write, whilst they are writing (let us take simply a novelist), whilst he is writing all other thoughts are gone, for he is concentrated on what he is doing. When he finishes writing, if he has no control, the other thoughts will return. But precisely when one is attacked by a thought one can try to do some creative work, for example, the scientist could do some research work, a special study to discover something — something that is very absorbing, that is the easiest means. Naturally, those who have begun to control their thought can make a movement of rejection: push aside the thought as one would a physical object. But that is more difficult and asks for a much greater mastery. If one can manage it, it is more active, in the sense that if you reject that movement, that thought, if you chase it off effectively and constantly or almost repeatedly, finally it does not come any more. But in the other case, it can always return. That makes two methods.

The third means is to be able to bring down a sufficiently great light from above which will be the "denial" in the deeper sense, that is, if that thought which comes is something dark (and specially if it comes from the subconscient or inconscient and is sustained by instinct), if one can bring down from above the light of a true knowledge, a higher power, and put that light upon the thought, one can manage to dissolve it or enlighten or transform it — this is the supreme method. This is still a little more difficult. But it can be done, and if one does it, one is cured — not only does the thought not come but the very cause is removed.

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lumière assez grande qui soit la "contradiction" dans le sens profond; c'est-à-dire que si cette pensée qui vient est une chose obscure (et surtout si elle vient du subconscient ou de l'inconscient et qu'elle est soutenue par l'instinct), si l'on peut amener d'en haut la lumière d'une connaissance vraie, un pouvoir supérieur, et que l'on mette la lumière sur cette pensée-là, on arrive à la dissoudre ou à l'éclairer ou à la transformer—c'est le moyen suprême. C'est encore un peu plus difficile. Mais cela peut se faire, et si on le fait, alors on guérit — non seulement la pensée ne vient plus, mais la cause est guérie.

Le premier pas, c'est de penser à autre chose (mais cela, n'est-ce pas, indéfiniment ça se répétera) ; le second, c'est de se battre, et le troisième, c'est de transformer. Quand on est arrivé au troisième pas, alors, non seulement on est guéri mais on a fait un progrès définitif.

 

*

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Le 17 février 1954

 

Une fois que l'être entre en contact avec le psychique, pourquoi le psychique se cache-t-il encore ?

 

Ce n'est pas le psychique qui se cache, c'est l'être qui retourne dans sa conscience ordinaire ! ... C'est difficile de se maintenir au plus haut de soi-même. On glisse, on retombe. Seulement, la seconde fois, la découverte est plus facile. Et chaque fois le chemin est plus facile, jusqu'à ce que l'on ne retombe plus.

 

Douce Mère, ici je ne comprends pas : "D'une façon assez générale, on associe cette découverte (du principe éternel) à un sentiment mystique et à une vie religieuse, parce que ce sont surtout les religions qui se sont occupées de cet aspect de la vie. Mais il n'en est pas nécessairement ainsi; et si l'on remplace la notion mystique de Dieu par la notion

The first step is to think of something else (but that, you know, it will be indefinitely repeated), the second is to fight, and the third is to transform. When one has reached the third step, not only is one cured, but one has made a permanent progress.

 

*

**

February 17, 1954

 

Once the being has entered into contact with the psychic, why does the psychic again hide itself ?

 

It is not the psychic that hides itself, it is the being which returns to its ordinary consciousness !... It is difficult for it to remain at its highest. One slides down, falls back. Only, the second time the discovery is easier. And every time the road is easier until one no longer falls back.

 

Sweet Mother, I don't understand this : "This discovery [of one's eternal principle] is very generally associated with a mystic feeling, a religious life, because it is religions particularly that have been occupied with this aspect of life. But it need not be necessarily so:

the mystic notion of God may be replaced by the more philosophical notion of truth and still the discovery will remain essentially the same, only the road leading to it may be taken even by the most intransigent positivist."

(Education, p. 48)

 

What don't you understand ? I mean that what one thinks is not of much importance because thought is formed by the surroundings in which one is born and the education one has received — but that is only a way of saying things. And one can say them in all sorts of ways : they remain what they are. What don't you understand ?

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plus philosophique de Vérité., la découverte restera essentiellement la même, mais la route pour y arriver pourra être parcourue par le positiviste le plus intransigeant."

 (Éducation, p. 51)

 

Qu'est-ce que tu ne comprends pas ? Je veux dire que ce que l'on pense n'a pas une très grande importance, parce que la pensée est formée par le milieu dans lequel on est né et l'éducation que l'on a reçue — mais ce n'est qu'une façon de dire les choses. Et on peut les dire de toutes sortes de manières : elles restent ce qu'elles sont. Qu'est ce que tu ne comprends pas ?

 

"... si l'on remplace la notion mystique de Dieu par la notion plus philosophique ..."

 

Tout dépend de ce que tu mets dans le mot "Dieu". C'est un mot (je vous l'ai dit déjà au moins quatre ou cinq fois) pour exprimer "quelque chose" que vous ne connaissez pas et que vous essayez d'atteindre. Eh bien, si l'on a reçu une éducation religieuse, on est habitué à appeler cela "Dieu". Si l'on a reçu une éducation plus positiviste et plus philosophique aussi, on est habitué à appeler cela par toutes sortes de noms, et on peut en même temps avoir la conception que c'est la suprême vérité. Si l'on veut parler de Dieu et le décrire, on est obligé de faire appel aux choses les plus inaccessibles pour notre conscience et d'appeler Dieu ce qui est au-delà de ce que nous connaissons et de ce que nous pouvons saisir et de ce que nous pouvons être — tout ce qui est trop loin pour que nous puissions le comprendre, nous l'appelons Dieu. Il n'y a que certaines religions (il y en a) qui donnent une forme précise à la divinité; et quelquefois elles donnent plusieurs formes et elles ont plusieurs dieux, quelquefois elles donnent une forme et n'ont qu'un Dieu; mais c'est tout de la fabrication humaine. Il y a "quelque chose", il y a une réalité qui est par-delà toutes nos expressions, et que l'on peut, par une discipline suivie, arriver à contacter. On peut s'identifier. Une fois que l'on est identifié, on sait ce que c'est, mais on ne peut pas l'exprimer parce que les mots ne peuvent pas le dire. Alors, si l'on emploie un certain genre de vocabulaire, si l'on est dans une

If the mystic notion of God is replaced by the more philosophical notion....

 

All depends on what meaning you put into the word "God". It is a word (I have told you this at least four or five times) to express "some thing" you do not know but are trying to attain. Well, if you have received a religious education, you are accustomed to call that "God". If you have received a more positivist and also a more philosophical education, you are accustomed to call that by all sorts of names, and you may at the same time have the idea that it is the supreme truth. If one wants to speak of God and describe him, one is obliged to make use of things which are most inaccessible to our consciousness, and to call God what is beyond the things we know and can grasp and be — all that is too far for us to be able to understand it, we call God. There are only some religions (there are some) which give a precise form to the godhead, and sometimes they give several forms and they have several gods ; sometimes they give one form and have only one God, but all this is human fabrication. There is "some thing", there is a reality which is beyond all our expressions, but which one can succeed in contacting by practising a discipline. Once one is identified with it, one knows what it is, but one cannot express it, for words cannot say it. So, if one uses one kind of vocabulary, if one has a particular mental conviction, one will use the vocabulary corresponding to that conviction. If you belong to another group which has another way of speaking, you will call it or even think about it in that way. I am telling you this to give you the true impression, that there is something there which cannot be grasped — grasped by thought — but which exists. But the name you give it matters little, that's of no importance, it exists. And so the only thing to do is to enter into contact with it — not to give it a name or describe it. In fact, it is hardly any use giving it a name and describing it. One must try to enter into contact, to concentrate upon it, live it, live that reality, and whatever the name you give it is not at all important once you have the experience. The experience alone counts. And when people associate the experience with a particular expression — and in so narrow a way, so closed up in itself that apart from this formula they can find nothing — that is an inferiority. One must be able to live that reality through all possible paths, all occasions, all formations ; one

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certaine conviction mentale, on emploiera le vocabulaire qui est en conformité avec cette conviction. Si vous appartenez à un autre groupe qui ait une autre façon de parler, vous l'appellerez, ou même vous le penserez, de cette manière-là. Je vous dis cela pour vous donner l'impression vraie, c'est-à-dire qu'il y a là quelque chose qui est insaisissable — insaisissable par la pensée —, mais qui existe. Mais peu importe le nom que vous lui donnez, cela n'a aucune importance, ça existe. Et alors la seule chose à faire, c'est d'entrer en contact avec ça — ce n'est pas de lui donner un nom ni de le décrire. En fait, cela sert à très peu de chose de lui donner un nom et de le décrire. Il faut tâcher d'entrer en contact, de se concentrer là, de vivre ça, cette réalité-là, et quel que soit le nom que vous lui donniez, cela n'a aucune importance une fois que vous avez l'expérience. C'est l'expérience seule qui compte. Et quand les gens associent l'expérience à une certaine expression (et d'une façon tellement étroite et tellement enfermée en elle-même que, en dehors de cette formule, on ne peut rien trouver) c'est une infériorité. Il faut être capable de vivre cette réalité à travers tous les chemins possibles, toutes les occasions, toutes les formations, il faut vivre ça, parce que ça, c'est vrai, parce que ça, c'est suprêmement bon, parce que ça, c'est tout-puissant, parce que ça, ça connaît tout, parce que ça ... Ça, on peut le vivre, mais on ne peut pas en parler. Et si l'on en parle, tout ce que l'on en dit n'a pas beaucoup d'importance. C'est seulement une façon de dire, c'est tout. Il y a toute une série de philosophes et de gens qui ont remplacé la notion de Dieu par une notion d'absolu impersonnel, ou par une notion de vérité, ou par une notion de justice, ou même par une notion de progrès — de quelque chose qui est éternellement progressif—, mais pour celui qui a, au-dedans de lui, la capacité de s'identifier à cela, ce que l'on en dit n'a pas beaucoup d'importance. Quelquefois on peut lire tout un livre de philosophie et ne pas faire un pas de progrès. Quelquefois on peut être tout à fait un fervent d'une religion et ne pas faire de progrès. Il y a des gens qui ont passé des existences entières assis en contemplation et qui ne sont arrivés à rien. Il y a des gens (on a eu des exemples fameux) qui faisaient un travail manuel des plus modestes, comme un savetier qui raccommodait de vieilles chaussures, et qui ont eu une expérience. C'est tout à fait en dehors de ce que l'on en pense et de ce que l'on en dit. C'est quelque don qui est, c'est tout. Et tout ce qu'il faut, c'est l'être, c'est d'arriver à s'identifier et à le vivre. Quelquefois vous lisez

must live it, for that is true, for that is supremely good, that is all-powerful, that knows all, that.... Yes, one can live that, but one cannot speak about it. And if one does speak, all that one says about it has no importance. It is only a way of speaking, that is all. There is an entire line of philosophers and people who have replaced the notion of God by the notion of an impersonal Absolute or by a notion of Truth or a notion of Justice or even by a notion of progress — of something eternally progressive, but for one who has within him the capacity of identifying himself with that, what has been said about it hasn't much importance. Sometimes one may read a whole book of philosophy and not progress a step farther. Sometimes one may be quite a fervent devotee of a religion and not progress. There are people who have spent entire lifetimes seated in contemplation and attained nothing. There are people (we have well-known examples) who used to do the most modest of manual works, like a cobbler mending old shoes, and who had an experience. It is altogether beyond what one thinks and says of it. It is some gift that's there, that is all. And all that is needed is to be that, — to succeed in identifying oneself with it and live it. At times you read one sentence in a book and that leads you there. Sometimes you read entire books of philosophy or religion and they get you nowhere. There are people, however, when they read philosophy books, that helps them to go ahead. But all these things are secondary. There is only one thing that's important : that is a sincere and persistent will, for these things don't happen in a twinkling. So one must persevere. When one feels that one is not advancing one must not get discouraged ; one must try to find out what it is in the nature that is opposing, and then make the necessary progress. And suddenly one goes forward. And when you reach the end you have an experience. And what is remarkable is that people who have followed altogether different roads, with altogether different mental constructions, from the greatest believer to the most unbelieving, even materialists, have arrived at that experience, it is the same for everyone. For it is true — for it is real, for it is the sole reality. And it is quite simply that. I do not say anything more. This is of no importance, the way one speaks about it, what is important is to follow the path, your path, no matter which — yes, to go there.

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une phrase dans un livre et cela vous conduit là-bas. Quelquefois vous lisez des livres entiers de philosophie ou de religion, cela ne vous mène nulle part. Il y a des gens aussi, quand ils lisent des livres de philosophie, cela les aide à marcher. Mais tout cela, ce sont des choses secondaires. Il n'y a qu'une chose importante : c'est une volonté sincère et persistante, parce que cela ne se fait pas du jour au lendemain. Alors il faut persévérer. Quand on sent que l'on n'avance pas, il ne faut pas se décourager; il faut chercher à savoir ce qu'il y a dans la nature qui s'oppose, et alors faire le progrès nécessaire. Et tout d'un coup on avance. Et quand vous arrivez au bout, vous avez une expérience. Et ce qui est remarquable, c'est que des individus qui ont suivi des chemins tout à fait différents, avec des constructions mentales tout à fait différentes, depuis le plus croyant jusqu'au plus incroyant, même des matérialistes, quand ils sont arrivés à cette expérience-là, elle est pour tous la même. Parce qu'elle est vraie — parce que c'est réel, parce que c'est l'unique réalité. Et c'est tout simplement ça. Je ne dis pas autre chose. Cela n'a aucune importance, la façon dont on en parle, ce qui est important c'est de suivre le chemin, votre chemin, n'importe quel chemin — oui, d'aller là.

 

Je n'ai pas compris l'explication que tu as donnée du psychique : "On pourrait dire., par exemple, que la création d'un être individuel provient de la projection, dans l'espace et le temps, d'un des innombrables possibles latents dans l'origine suprême de toute manifestation qui, par l'intermédiaire de la conscience unique et universelle, se concrétise en la loi ou la vérité d'un individu et devient ainsi, par un développement progressif, son âme ou être psychique."

(Ibid., p.53)

 

C'est un peu philosophique ... Tu sais la différence entre ce qui est subjectif et ce qui est objectif? Tu sais! Eh bien, imagine justement cette Réalité dont nous parlions qui est à l'origine de toutes choses, qui passe de l'état subjectif à l'état objectif. C'est-à-dire que ce qui était en dedans devient comme projeté en dehors. C'est la même chose : c'est l'état qui change. Et alors, en dedans, il y a toutes les possibilités d'existence objective; du dedans, elles sont inexprimées, non manifestées;

I did not understand the explanation of the psychic you have given : "One can say., for example, that the creation of an individual being is the result of the projection, in time and space, of one of the countless possibilities latent in the Supreme Origin of all manifestation which, through the one and universal consciousness, is concretised in the law or the truth of an individual and so becomes by a progressive growth its soul or psychic being."

(Ibid., p. 50)

 

It is a little philosophical.... You know the difference between what is subjective and what is objective ? You know it ! Well, imagine precisely this Reality we were speaking about, which is at the origin of all things, passing from the subjective to the objective state. That is, what was within becomes as though projected outside. It is the same thing : it is the state that changes. And so, within it there are all the possibilities of objective existence; within they are unexpressed, unmanifested, outside, they are projected, as the picture is projected on the cinema-screen: we see it before us. And every element that was a possibility within, a law, becomes the law of a realisation. And every one of these possibilities becomes the reality of a being, of an individuality if you like, of something existing objectively. And it is that law which is the origin of the centre of the psychic being: it is the truth of the being or the law of the being. The Buddha called it the "law", he spoke of the Dharma. It is the truth of the being. It is that which binds it again indestructibly to its origin. And that is the starting-point of the psychic being. And so, even as this develops, like the picture on the screen, it takes a more and more complex and precise form in the manifestation. But the reality of that form is one, it is bound to the One. And all the units are linked together and reproduce the One.

Is it not easier ? ... (Looking at the child) It is still more difficult! But indeed, that's what I have said here.

 

Sweet Mother, you have said : "Give up all personal seeking for comfort, satisfaction, enjoyment or happiness. Be only a burning fire for progress, take whatever comes to you as a help for progress and make

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au-dehors, elles sont projetées comme l'image est projetée sur l'écran du cinéma : on le voit devant soi. Et chaque élément qui était au-dedans une possibilité, une loi, devient la loi d'une réalisation. Et chacune de ces possibilités devient la réalité d'un être (d'une individualité si tu veux), de quelque chose qui existe d'une façon objective. Et c'est cette loi qui est l'origine du centre de l'être psychique : c'est la vérité de l'être ou la loi de l'être. Le Bouddha l'appelait la "loi", il disait le dharma. C'est la vérité de l'être. C'est ce qui le relie d'une façon indestructible à son origine. Et c'est cela qui est le point de départ de l'être psychique. Et alors, à mesure que cela se développe, comme l'image sur l'écran, cela prend une forme de plus en plus complexe et précise dans la manifestation. Mais la réalité de cette forme est unique, elle est reliée à l'Unique. Et toutes les unités sont reliées ensemble et reproduisent l'Unique.

Ce n'est pas plus facile ? ... (Regardant V enfant) C'est encore plus difficile! ... Mais enfin c'est ce que j'ai dit ici.

 

Douce Mère, tu as dit : "Renonce à toute recherche personnelle de confort-, de satisfaction-, de jouissance ou de bonheur : sois seulement un feu brûlant pour le progrès et prends tout ce qui vient à toi comme une aide pour progresser et accomplis immédiatement le progrès requis."

(Ibid., p. 55)

 

Oui, ça, c'est simple ! C'est très clair !

 

Oui-, mais si je veux progresser dans les sports, par exemple, alors cela devient un progrès personnel, n'est-ce pas ?

 

Hein ! Quoi ? Dans les sports ? Non, la valeur de la volonté dépend de ton but. Si c'est pour avoir du succès et te faire une réputation et être supérieur aux autres — toutes sortes d'idées comme cela —, cela devient une chose très égoïste, très personnelle et tu ne pourras pas faire de progrès — oui, tu pourras faire un progrès, mais enfin il ne te mènera nulle part. Mais si tu le fais dans l'idée d'être ouvert, même physiquement,

at once the progress required."

(Ibid., p. 53)

Yes, that's quite simple ! It is very clear !

 

Yes, but if I want to progress in sports, for instance, then that would he a personal progress, wouldn't it ?

 

Eh ? What ? In sports ? No, the value of the will depends on your aim. If it is in order to be successful and earn a reputation for yourself and be better than others — all sorts of ideas like that — then that becomes something very egoistic, very personal and you won't be able to progress — yes, you will make progress but still it won't lead you anywhere. But if you do it with the idea of being open, even in the physical, to the divine Influence, to be a good instrument and manifest Him, then that is very good. Not clear ?

 

Yes.

 

Physical things are not necessarily more egoistic than mental or emotional ones. Far from it. They are often much less so. Egoism does not lie in that, egoism lies in the inner attitude. It does not depend on the field in which you are concentrated, it depends on the attitude you have. It does not depend on what you do, it depends on the way you do it.

 

Sweet Mother, you say : "Never take physical happenings at their face value. They are always a clumsy attempt to express something id else, the true thing which escapes your superficial under standing." et ' (Ibid., p. 54)

 

But, Mother, it is said one must not be pessimistic, and here you have said "they are always a clumsy attempt...'"

 

This means that the material world, just as it is, is very awkward at

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à l'Influence divine pour être un bon instrument et Le manifester, alors c'est très bien. Pas compris ?

 

Oui.

 

Les choses physiques ne sont pas nécessairement plus égoïstes que les choses mentales ou sentimentales. Il s'en faut de beaucoup. Elles le sont quelquefois beaucoup moins. L'égoïsme n'est pas cela, l'égoïsme est dans l'attitude intérieure. Cela ne dépend pas du domaine dans lequel on se concentre, cela dépend de l'attitude que l'on a. Cela ne dépend pas de ce que l'on fait, cela dépend de la manière dont on le fait.

 

Douce Mère : "Ne prends jamais les événements physiques pour ce qu'ils semblent être. Ils sont toujours des essais maladroits pour exprimer quelque chose d'autre qui est la vraie chose et échappe à notre compréhension superficielle."

(Ibid., p. 57)

 

Alors, Douce Mère, on dit qu'il ne faut pas être pessimiste et ici tu as dit "ce sont toujours des essais maladroits".

 

C'est que le monde matériel, tel qu'il est, est très maladroit à exprimer la vérité qui est derrière. C'est évident. Je crois que nous n'avons pas besoin de beaucoup réfléchir pour nous en apercevoir, à moins qu'il y ait des gens ... Oui, dans Les Quatre Austérités, je parle de ceux qui sont parfaitement adaptés à la vie et qui trouvent que tout est admirable, mais je n'en ai pas encore rencontré beaucoup qui puissent le croire pendant toute leur existence. Je parle des optimistes — on est optimiste tant que l'on se porte bien et qu'on est très jeune, et puis dès que l'on commence à être moins fort et moins bien portant, l'optimisme s'évanouit. Mais enfin, si l'on a un petit peu de bon sens et de sensibilité, il est facile de s'apercevoir que tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, parce que si, vous, vous êtes confortable et que vous avez tout ce qu'il vous faut, que vous vous portez bien et que vous n'avez pas de soucis, cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas des millions d'êtres qui soient dans des situations tout à fait pénibles et douloureuses. Alors il peut être très

expressing the truth which is behind. That is evident. I believe we don't need to reflect very deeply to perceive that, unless there are people ... yes, in The Four Austerities I speak of those who are perfectly adjusted in life and find everything wonderful, but I haven't yet met many of these who can believe it all their life through. I am speaking of optimists — one is optimistic so long as one is healthy and very young, and then, as soon as one begins to be less strong and less healthy, optimism vanishes. But still, if one has a little sense and sensibility, it is easy to see that everything is not for the best in the best possible world, for if you yourself are  comfortable and have all you need, if you are getting on well and have no cares, that does not mean that there are not millions of beings in altogether painful and sad situations. Then, it can be very easy to think only of oneself. But it is not something very advisable. I knew people who were very rich and had never had the chance to come into contact with those who had nothing or hadn't enough, and for these it was something unthinkable. I knew a lady (I knew many) who was there and lived in a very fine apartment with many servants and all possible comfort — she had always lived thus and had never known any but easy circumstances — and one day, I spoke to her about someone, a person of great worth and merit but who had nothing, hadn't enough to eat — and I asked her to help that person, not with money for she would not have accepted it, but with some work or by inviting her to pass some time with her (for she had a philosophical mind and could have helped intellectually). So I told her: "You know, she doesn't always eat her fill." I saw that she did not understand. I said : "Ah, yes, she does not always have enough money to buy food — buy bread and what she needs to eat." — "But surely there is always bread and food in the kitchen !" (Laughter) She said that so spontaneously !

 

THE MOTHER

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facile de ne penser qu'à soi. Mais ce n'est pas une chose très recommandable. J'ai connu des personnes qui étaient très riches et qui n'avaient jamais eu l'occasion d'entrer en rapport avec ceux qui n'avaient rien ou qui n'avaient pas assez, et pour eux c'était une chose impensable. J'ai connu une dame (j'en ai connu beaucoup) qui était là et qui vivait dans un très bel appartement avec beaucoup de domestiques et tout le confort possible — elle avait toujours vécu comme cela et n'avait jamais connu que des circonstances faciles; et un jour, je lui ai parlé de quelqu'un, qui était une personne de valeur et de mérite, mais qui n'avait rien — n'avait pas de quoi manger — et je lui ai demandé d'aider cette personne, non pas avec de l'argent parce qu'elle n'en aurait pas pris, mais avec du travail ou en l'invitant à passer quelque temps avec elle (parce que c'était un esprit philosophique et quelqu'un qui était capable d'aider intellectuellement). Alors je lui ai dit : "Vous savez, elle ne mange pas tous les jours à sa faim." J'ai vu qu'elle ne comprenait pas. J'ai dit : "Eh bien, oui, elle n'a pas toujours assez d'argent pour acheter de la nourriture : acheter le pain et ce qu'il faut pour manger." — "Il y a toujours du pain et de la nourriture à la cuisine, voyons !" (Rires) Elle a dit cela si spontanément !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Top

1 can seldom sit up after the evening meditation ; 1 have invariably to lie down and stretch my body. What is this due to ? Is it on account of the tamas ? 1 also cannot work much at night, — 1 mean reading and writing, — except on special circumstances when 1 exert to reject the tamas or am possessed by your Force or energy. Ordinarily, 1 lie down and allow the inertia to get the better of me.

 

All that is part of the resistance of the inertia in the most material physical. But it is better to rest if the need to do so is very great. While resting one should open oneself, not concentrate, but relaxing the body let the restorative force come in and fill it. This restorative force is different from the force that makes for dynamic action. It has simply to be kept in the frame for the rebuilding of energy, not put out immediately in action.

SRI AUROBINDO

(26.8.1937)

*

**

 

 

J'arrive rarement à veiller après la méditation du soir , invariablement, je dois étendre mon corps. À quoi cela tient-il? Est-ce dû au tamas? Je n'arrive pas beaucoup non plus à travailler la nuit (je veux dire lire et écrire), sauf dans certaines circonstances spéciales quand je fais. effort pour rejeter le tamas ou que je suis possédé par votre Force ou votre énergie. D'habitude, je m'allonge et laisse l'inertie prendre le dessus.

 

Tout cela fait partie de la résistance de l'inertie dans le physique le plus matériel. Mais il vaut mieux se reposer si vous en sentez très fortement le besoin. Pendant que l'on se repose, il faut s'ouvrir — ne pas se concentrer mais détendre le corps et laisser la force réparatrice venir l'emplir. Cette force réparatrice est différente de la force qui sert à l'action dynamique. Il faut simplement la garder dans l'organisme pour qu'elle restaure l'énergie sans la mettre immédiatement en action.

SRI AUROBINDO

(26.8.1937)

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Sri Aurobindo

 

Correspondence with Nirodbaran

 

Sri Aurobindo

 

Correspondance avec Nirodbaran

 

December 26, 1934

 

Today I lost my temper in my carpentry work over a workman's disobedience and insolence. He refused to clean the place at the  end of the work ; I insisted and had it done. Perhaps I was wrong in losing my temper, but how can a worker be rude and insolent?

 

YES, that was the mistake. It was not a mistake to insist (quietly, but firmly it should be) on his doing his duty —but by losing the temper you raise issues and make it a case of Greek meets Greek. Besides that, you must learn to use a silent inner force en the man or else call in the Mother's force, as Chandulal1 suggested. It may not be successful at first through want of practice and skill in the handling, but when you become an expert in that yogic way, you will be surprised at the additional power of effectuation it brings. In all action the yogin uses this inner force to support the outer means—it is one difference between yogic and ordinary action.

 

1 An old disciple.

 

If this is Karmayoga, why not do it through literature where one doesn't face such troubles? Dilip and others will surely have transformation of nature without having to fight so many complicated factors ?

 

They have plenty of complicated factors to fight and their confinement to literature does not make their fight any easier. Work like this gives much more opportunities of inner change provided one is ready to take advantage. You are making good progress, and I think if you had remained only a literary gent or only a medical gent, it would have taken longer.

 

When I wrote about the absolute newness of your Yoga, you swore at me in German.

 

Not my yoga — Karmayoga. The Karmayoga element in my Yoga is not new.

 

Yes, in the Gita it is there, to be sure but has it been done through timber-cutting, bread-kneading,

Le 26 décembre 1934

 

Aujourd'hui-, je me suis mis en colère dans mon travail à la me' nuiserie, parce qu'un ouvrier était désobéissant et insolent. Il refusait de nettoyer le local à la fin du travail. J'ai insisté et l'ai obligé à le faire. Peut-être ai-je eu tort de me mettre en colère, mais comment admettre qu'un ouvrier soit grossier et insolent ?

 

OUI, c'était l'erreur. Ce n'était pas une erreur d'insister (tranquillement, mais fermement) pour qu'il fasse son travail—mais en vous mettant en colère, vous soulevez des discussions et vous en faites une lutte entre égaux. En outre, vous devez apprendre à vous servir d'une force intérieure silencieuse et à la diriger sur la personne en question, ou à appeler la force de la Mère, comme Chandoulal1 le suggérait. Cela ne réussira peut-être pas du premier coup, parce que vous n'avez pas l'habitude et n'êtes pas habile à manier la force mais quand vous deviendrez expert à la manière yoguique, vous serez surpris de voir le pouvoir

 

1 Un. ancien disciple.

supplémentaire, pratique, qu'elle apporte. Dans toutes ses activités, le yogi utilise cette force intérieure pour appuyer les moyens extérieurs — c'est l'une des différences entre l'action yoguique et l'action ordinaire.

 

Si c'est cela, le Karmayoga, pourquoi ne pas le faire avec des activités littéraires où l'on ne se heurte pas à tous ces ennuis ? Dilip et autres arriveront sûrement à la transformation de leur nature sans avoir à se battre avec tous ces facteurs compliqués ?

 

Ils ont à se battre avec toutes sortes de facteurs compliqués, et leur confinement dans la littérature ne rend pas du tout leur lutte plus facile. Un travail comme le vôtre donne beaucoup plus d'occasions de changer intérieurement, à condition que l'on soit prêt à profiter de l'occasion. Vous faites de bons progrès et je pense que si vous étiez resté simplement un homme de plume ou un homme de médecine, il vous aurait fallu plus de temps.

 

Quand je vous ai parlé de l'absolue

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cooking etc., etc. ? Janakas, Arjunas might, but not Nirods or Ramas Shyamas!1

 

There is nothing new in that either. It has always been a rule of Karmayoga that one must be ready to do any work for the Divine or with the spiritual consciousness.

Why not Ramas Shyamas ? Plenty of Ramas and Shyamas have done that kind of Karmayoga and done it easily enough.

 

*

**

 

December 29, 1934

 

I can quite understand that the inner knowledge comes with the growth and heightening of consciousness. But what about the outer knowledgewhat we ordinarily call knowledge?

 

The capacity for it can come with the inner knowledge. E.g. I understood nothing about painting before I did Yoga. A moment's illumination in Alipore jail opened my vision and since then I have

 

1 Janaka, king of Mithila during the time of the Ramayana, was famous for combining the knowledge of the Brahman with doing the works of the world. Arjuna was the famous companion of Sri Krishna in the battle of Kurukshetra.

Ramas Shyamas : Tom, Dick, Harry.

 

understood with the intuitive perception and vision. I do not know the technique, of course, but I can catch it at once if anybody with knowledge speaks of it. That would have been impossible -to me before.

 

Suppose you had not studied English literature ;  would it be still possible for you to say something about it by Yogic experience ?

 

Only by cultivating a special siddhi,2 which would be much too bothersome to go after. But I suppose if I had got the Yogic knowledge (in your hypothetical case) it would be quite easy to add the outer one.

 

1 hope you won't say like Ramakrishna that these things — outer knowledge, beauty of expression, thought-power etc. don't matter since they don't lead us to the Divine. But you have said we are children of an intellectual age. Should we not follow in the footsteps of the Master ?

 

Essentially Ramakrishna was right. The literature etc. belongs to the instrumentation of the Divine life. It is of importance only if one accepts that aim and even so, not of importance to every

 

2 Occult power.

nouveauté de votre yoga, vous m'avez injurié en allemand ...

 

Pas de mon yoga — du Karmayoga. L'élément de karmayoga dans mon yoga n'est pas nouveau.

 

Oui, il est là dans la Guîtâ, pour sût, mais l'a-t-on jamais pratiqué en débitant du bois, pétrissant du pain, chauffant des marmites, etc. ? Les Janaka et les Arjouna, peut-être, mais pas les Nirod ni les Rama et les Shyâma1 !

 

Rien de nouveau là non plus. La règle du Karmayoga a toujours été d'être prêt à faire n'importe quel travail pour le Divin ou avec une conscience spirituelle.

Et pourquoi pas les Rama et les Shyâma ? Quantité de Rama et de Shyâma ont fait cette sorte de karmayoga et l'ont fait sans trop de mal.

 

*

**

 

Le 29 décembre 1934

 

Je peux très bien comprendre que

 

1 Janaka, roi de Mithilâ à l'époque du Râmâyana, célèbre parce qu'il avait la connaissance de Brahman tout en accomplissant les œuvres du inonde. Arjouna était le célèbre compagnon de Shrî Krishna sur le champ de bataille de Kouroukshétra.

Les Rama et les Shyâma : Pierre ou Paul, n'importe qui.

la connaissance intérieure vienne avec le développement et l'élévation de la conscience. Mais quand il s'agit de la connaissance extérieure (ce que nous appelons couramment la "connaissance")?

 

La faculté de connaissance extérieure peut venir avec la connaissance intérieure. Par exemple, je ne comprenais rien à la peinture avant de commencer le yoga. Un moment d'illumination dans la prison d'Alipore m'a ouvert la vision et, depuis, j'ai compris la peinture par la perception intuitive et la vision. Je ne connais pas la technique, bien sûr, mais je peux la saisir tout de suite si quelqu'un de qualifié en parie. Avant, je ne l'aurais pas pu.

 

Supposons que vous n'ayez pas étudié la littérature anglaise, vous serait-il possible d'en parler tout de même,par expérience yoguique ?

 

Seulement si je cultivais certaine siddhi2 spéciale, mais il me semblerait bien trop ennuyeux de courir après. Cependant, je suppose que si j'avais eu la connaissance yoguique (dans le cas hypothétique que vous dites), il aurait été très facile d'y ajouter la connaissance extérieure.

 

J'espère que vous ne dites pas, comme Râmakrishna, que toutes

 

2 Pouvoir occulte.

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body. It is not necessary for instance for everybody to have any mastery of English literature or to be a poet or a scientist or acquainted with all science (an encyclopaedia in knowledge). What is more important is to have an instrument of knowledge that will apply itself accurately, calmly, perfectly in all that it has to handle.

 

Chand has sent Re. 1/- to buy something for you on New Year's day. I don't know what to buy.

 

Nor do I.

 

*

**

 

January 2, 1935

 

I am rather shocked to hear of the behaviour of D lacking all commonsense, not to speak of Yogic attitude and that too after living here for so many years!

 

At any rate it was not Yoga that upset D. He never proposed to do any —he was interested only in medicine. That, he always said, was his Yoga to read, to study, to experiment, to learn more and more about medicine. But perhaps you will say that Yoga of works is responsible.

 

I am rather puzzled by these

 

failures or upsettings. I fear sometimes the same fate overtaking me.

 

I suppose you always avoided getting into a railway train because there might be a collision or into a steamer for similar reasons and certainly you would never dare go in an aeroplane !

 

At one time I thought that old people are better off since they have a less active vital, but Doctorbabu1 and Bhupalbabu have demolished that view. Doctor had a genuine seeking and went away for a flimsy reason! With Amal the same fate!

 

He has always been doing that — doing the navette between his family and the Ashram. Amal has left the Ashram ?

 

Then I thought if one has big experiences, he will be safe, but G has shattered that delusion. This man is said to have had overmental experiences! And he also gone. I have heard that you don't approve of one's going.

 

He had no overmental experiences he had something of the opening in

 

1 Baku : term of respect, in Bengali, meaning Mr.

ces chosesconnaissance extérieure, beauté de l'expression, pouvoir de penser, etc.,n'ont pas d'importance puisqu'elles ne nous conduisent pas an Divin. Mais vous avez dit que nous étions les fils d'un âge intellectuel. Ne devons-nous pas marcher sur les traces du Maître ?

 

Essentiellement, Râmakrishna avait raison. La littérature, etc., a sa place parmi les instruments de la vie divine. Elle a une importance seulement si l'on accepte ce but, et même alors elle n'a pas d'importance pour tout le monde. Par exemple, il n'est pas nécessaire que tout le monde ait une maîtrise de la littérature anglaise ou soit poète ou savant ou au courant de toutes les sciences (une encyclopédie de la connaissance). Plus important est d'avoir un instrument de connaissance qui s'applique exactement, calmement et parfaitement à tout ce qu'il doit manier.

 

Chand a envoyé une roupie pour vous acheter quelque chose pour le nouvel an. Je ne sais pas quoi.

 

Moi non plus.

 

*

**

 

Le 2 janvier 1935

 

Je suis assez choqué d'apprendre

le comportement de D ...et son i absence de tout sens commun, sans parler de l'attitude yoguique, et tout cela après avoir vécu tant d'années ici !

 

En tout cas, ce n'est pas le yoga qui a bouleversé D ... Il n'a jamais eu l'intention d'en faire le moindre—il s'intéressait seulement à la médecine. Son yoga, disait-il toujours, était de lire, d'étudier, d'expérimenter, d'apprendre de plus en plus la médecine. Mais vous direz peut-être que c'est de la faute du yoga des œuvres.

 

Je suis plutôt perplexe devant tous ces échecs et ces bouleversements. Parfois, je crains que le même sort ne m'attende.

 

Je suppose que vous avez toujours évité de prendre le chemin de fer par crainte d'une collision, ou un paquebot pour les mêmes raisons, et certainement vous n'oserez jamais prendre un aéroplane !

 

À une époque, je pensais que les gens âgés étaient privilégiés du fait qu'ils avaient un vital moins actif, mais le Docteur babou1 et. Bhupal babou ont démoli cette opinion. Le Docteur cherchait sincèrement et il est parti pour des raisons si futiles ! Même sort pour Amal !

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the cosmic mind—and that plenty besides him have done and are doing. I have explained this before.

We approved of it. He went to arrange about his aunt's property as the family wants to live here (not in the Ashram, but outside).

 

All these cases of failures prove what? I apprehend the same reasons may operate on me and I may behave exactly like an insane person.

 

What you say may apply to everybody because everybody has things in him which conflict with the Yoga. Logical conclusion : Nobody should try anything in which anybody has failed or in which there is a possibility of failure ! I am afraid most human activities would stop on that principle except (food, sleep and sex) and perhaps only the first two. But after all not even these — for people die in their sleep and others die of their food by poison, indigestion or otherwise. So to be safe one must neither eat, sleep nor do anything else — much less do Yoga. Q.E.D.

 

*

**

 

January 4, 1935

 

In meditation, I had again a stillness  

 

of the inner and outer being, but the body was gradually bending down, as if I was in a light sleep. I could remember that you were there.

Was that a state of sleep due to a full stomach?

 

You were going into the inner consciousness and away from the outer, that is all.

Is that the medical man's explanation of the experience ? If a full stomach can produce experiences, you might perhaps treble or quadruple your rations.

Can't decipher Chand. The Doctor has prescribed a treatment and he can't afford it ? Is that it ? Or what else ?

 

*

**

 

January 5, 1935

 

Forgive me if I quarrel with you today, you have hinted that I am a coward.

 

There is a coward in every human being precisely the part in him which insists on "safety" — for that is certainly not a brave attitude. I admit however that I would like safety myself if I could have it — perhaps that is why I have always managed instead to live dangerously and follow the dangerous paths dragging on many poor Nirods in my train.

Il a toujours fait cela—la navette entre sa famille et l'Ashram. Amal a quitté l'Ashram ?

 

Et puis, je pensais que si l'on avait de grandes expériences, on serait sauf; mais G... a fait crouler cette illusion aussi. On disait que cet homme avait eu des expériences surmentales ! Et il est parti aussi. J'ai entendu dire que vous n'approuviez pas que l'on s'en aille.

 

Il n'avait pas d'expériences surmentales—il avait une certaine ouverture dans le mental cosmique, mais cela, beaucoup d'autres l'ont ou l'ont eu en dehors de lui. J'ai déjà expliqué cela.

Nous approuvions qu'il s'en aille. Il est parti prendre ses dispositions pour les biens de sa tante, parce que la famille veut vivre ici (pas à l'Ashram, mais en dehors).

 

Que prouvent tous ces cas d'échec ? Je redoute que les mêmes raisons ne s'appliquent à moi et d'être capable un jour de me comporter exactement comme un fou.

 

Ce que vous dites peut s'appliquer à tout le monde, parce que tout le monde porte en soi des éléments qui sont en conflit avec le yoga. Conclusion logique :

personne ne devrait essayer quoi que ce soit quand qui que ce soit y a échoué ou

quand il y a une possibilité d'échec! À ce compte, je crains bien que la plupart des activités humaines devraient cesser, sauf la nourriture, le sommeil et le sexe — et encore, peut-être les deux premières seulement. Et finalement, pas même celles-là, car il y a des gens qui meurent dans leur sommeil et d'autres qui meurent d'empoisonnement alimentaire, d'indigestion ou autre. Donc, pour plus de sûreté, il ne faut ni manger ni dormir, ni rien faire d'autre—et encore moins le yoga. C.q.f.d.

 

*

**

 

Le 4 janvier 1935

 

En méditation, j'ai de nouveau senti cette immobilité de l'être intérieur et extérieur, mais le corps se courbait peu à peu comme si j'étais dans un sommeil léger. Je me souviens que vous étiez là.

Était-ce un état de sommeil dû à un estomac plein ?

 

Vous étiez en train d'entrer dans la conscience intérieure et de vous éloigner de la conscience extérieure, c'est tout.

Est-ce là l'explication médicale de l'expérience ? Si un estomac plein peut produire des expériences, peut-être pourriez-vous tripler ou quadrupler vos rations ?

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I am stunned to see you mention Yoga and other human activities in the same breath. Is it not Sri Krishna who said that out of thousands very few seek him and still fewer get him ?

 

There are those who try for a Govt. Post and only a few get them ! It is the same principle everywhere.

 

Let me tell you how a born yogi felt and feels about Yoga. He  says often to us that on many occasions he has felt like running away never mind to which hell! What then about us, born-bi-yogis ?

 

I am not aware that there are born yogis and unborn yogis. All have their vital and mental difficulties, whether born or unborn.

 

You have called around you or rather we have come to you, a jumble of assorted elements, (7 ' call no one — is your thundering voice, but don't you really call even from within ?) far yoga which seems to me a great gamble like that of Monte Carlo.

 

Whom have I called ?

If they were not, they would not be representative of the world which has to be changed.

 

And this gambling fight is more against forces unseen than seen. We eat hostile forces, breathe them, feed them, exchange them except see and trample them— swarming micro-organisms!

 

So is all life on earth — a complex of seen and unseen forces and an obscure and ignorant struggle.

After all there are plenty of people here who are going pretty well, why emphasise only the comparatively few who have fallen out or are in serious trouble ? Each has his difficulties, no doubt, but how on earth do you expect so high a path to be without them ?

 

To add to all this, you hardly take an initiative and ask persons to do this or that. Your principle is to give a long rope either to hang oneself or have a taste of the bitter cup.

 

I am to put everybody into leading strings and walk about with them or should it be to rope in their nose ? Supermen cannot be made like that— the long rope is necessary.

 

When I went on reading and reading in the godown you said nothing till the blow came.

 

Reading in the godown does not end tragically as a rule.

Je n'arrive pas à déchiffrer Chand. Le docteur a-t-il prescrit un traitement et il n'en a pas les moyens ? Est-ce cela ? Ou quoi ?

 

*

**

 

Le 5 janvier 1935

 

Pardonnez-moi si je vous cherche querelle aujourd'hui, mais vous avez laissé entendre que j'étais poltron.

 

Il y a un poltron en chaque être humain — justement dans cette partie de lui-même qui tient à la "sécurité", ce qui n'est certes pas une attitude de brave. Je reconnais, cependant, que j'aimerais moi-même la sécurité, si je pouvais l'avoir — c'est peut-être pourquoi, au contraire, j'ai toujours trouvé le moyen de vivre dangereusement et de suivre des chemins dangereux, traînant à la remorque plus d'un pauvre Nirod.

 

Je suis abasourdi de voir que vous mentionnez d'une même baleine le yoga et les autres activités humaines. N'était-ce pas Shrî Krishna qui disait que, sur des milliers de gens, quelques-uns seulement Le cherchaient et encore moins Le trouvaient?

Il y a ceux qui cherchent à obtenir un poste au gouvernement et quelques-uns seulement l'obtiennent! C'est le même principe partout.

 

Permettez-moi de vous dire les impressions d'un yogi-né à propos du yoga. Il répète souvent que, plus d'une fois, il a eu envie de s'enfuir à n'importe quel diable! Alors que dire de nous, nonyogi-nés ?

 

Je ne savais pas qu'il y eût des yogi-nés et des non-yogi-nés Tout le monde a ses difficultés vitales et mentales, né ou non né.

 

Vous avez appelé autour de vous une collection d'éléments assortis, ou plutôt nous sommes venus à vous ("je n'appelle personne", fulminerez-vous — mais n'appelez-vous vraiment personne, pas même du dedans ?) pour faire le yoga, qui me semble être une sorte de grand jeu comme à Monte-Carlo.

 

Qui ai-je appelé ?

Si les gens n'étaient pas comme vous le dites, ils ne seraient pas représentatifs du monde à changer.

 

Et ce jeu de bataille doit se livrer contre des forces invisibles plutôt

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Dayashankar is doing the same. yet it can't be denied that he originally came to do yoga. In spite of it he is caught in the intricate net of the blessed forces and gives up the greater pursuit for the lesser.

 

It is not reading medical books that was the cause of Dayashankar's serious upset. It was the usual causes coupled with something more. But as all that is private, I can't go into it.

 

I come for yoga with all sincerity but end by being a tool in their hands. Isn't it tragic and pathetic ? This side of the shield I request you to see,

 

Gracious heavens! You are really a poet.

 

"So, what is your point ?" you may ask, "One shouldn't do yoga ?" Certainly. Only, I am trying to establish my position that one is never sure in yoga, or only a few are.

 

One is never sure in anything. It is absurd in this world to say, "I will only do what is sure and absolutely safe — especially in anything great."

 

Your caustic satire about railways

 

is, with all apology, a little off the point. Firstly I have dared yoga.  

 

Why not go on daring — instead of wailing because there is no safety ?

 

In railways etc. the journeys are safe; hostile forces are not so villainous. But even after Herculean efforts, the path of yoga is not a jot easier.

 

You ought to read the Matin. Every now and then a tremendous collision and holocaust. I admit that in India railway is slow and scanty1 and therefore more though not quite safe. Anyway, what about aeroplanes ?

 

Ramakrishna had a word of hope for his disciples and used to say, (all those who have come here, will have). You don't or won't give any, not even a quarter. You might sayit is a greater Truth, but we have greater Divines as well.

 

He had a few disciples round him — here there is a crowd of 150— so his assurance was not a big sporting flutter. But what did  (will have) mean ?

 

1 Uncertain reading.

2 Written in Bengali.

que visibles. Nous mangeons des forces hostiles, les respirons, les nourrissons, les échangeons, tout, sauf de les voir et de les écraser — micro-organismes grouillants !

 

Ainsi en est-il de toute la vie sur la terre — un mélange de forces visibles et invisibles, une lutte obscure et ignorante.

Après tout, quantité de gens ici n'avancent pas trop mal — pourquoi parler seulement de ceux, relativement rares, qui ont quitté les rangs ou qui ont de sérieux ennuis? Chacun a ses difficultés, certainement, mais comment diable espérez-vous qu'un chemin si haut en soit exempt ?

 

 

Et pour comble, c'est à peine si vous prenez une initiative et nous demandez de faire ceci ou cela. Votre principe est de laisser les coudées franches et la corde longue — soit pour se pendre soi-même, soit pour goûter à la coupe amère de la vie.

 

Dois-je tenir les gens en lisières et déambuler avec eux, ou faut-il mettre une corde au bout de leur nez ? Les surhommes ne peuvent se faire de la sorte—la corde longue est nécessaire.

 

Quand je passais mon temps à lire dans la resserre, vous n'avez rien dit, jusqu'au jour où le coup m'est tombé sur la tête.

Lire dans la resserre ne finit pas tragiquement par principe.

 

Dayashankar fait la même chose. Pourtant, on ne peut nier qu'à l'origine il était venu pour faire le yoga. Malgré cela, il est pris dans le filet enchevêtré de ces satanées forces et quitte la haute poursuite pour la petite.

 

Ce n'est pas la lecture des livres de médecine qui a causé le sérieux dérangement de Dayashankar. C'étaient les causes habituelles, avec autre chose en plus. Mais comme tout cela est personnel, je ne puis entrer dans les détails.

 

Je suis venu pour le yoga en toute sincérité, mais pour finir je suis un jouet entre leurs mains. N'est-ce pas tragique et pathétique? Je vous prie de considérer aussi ce côté-ci du bouclier.

 

Bonté divine ! Vous êtes vraiment poète.

 

"Alors, où voulez-vous en venir, me demanderez-vous — on ne devrait pas faire le yoga ?" Certes si. J'essaye seulement de prouver mon point de vue quand je dis que l'on n'est jamais sûr dans le yoga, ou que seuls le sont quelques élus.

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For this greater Truth if some fall out, what matters ? The Wheel of Jagannath1 must roll on and the Divine has no tears for them, for he is beyond dualities.

 

Even if I fall out myself, I will not weep ! I will try again.

 

It is very problematic, however, how many will reach your Heaven alive, like Yudhisthira.

 

And his dog. You have forgotten the dog.2

 

I am afraid most of us will have the fate of the Pandavas3barring

 

1 Jagannath, lord of the world, one of the forms of Vishnu, in Puri, the sacred city, where every year his huge chariot is pulled by people who have assembled in large numbers on the special festival day. Some devotees get themselves killed under the wheels with the belief that they will get immediate liberation.

2 According to the Mahabharata, Yudhisthira, the eldest of the four brothers of Arjuna, was the only person to reach Heaven alive in his mortal body. He was accompanied by a dog which he had found on the way. It is said that the gatekeeper of Heaven would not allow the dog to enter, but the King Yudhisthira himself refused to enter without his dog, since being a king, it was his duty to protect all those who had asked for his protection. Thus the dog entered Heaven. Then the dog resumed his true form. He was no other than Dharmaraj, Lord of the Law. Yudhisthira had obeyed the Law by giving protection even to a dog.

3 The four brothers of Yudhisthira were called the "Pandavas" that is, the sons of Pandu. They died on the way, one after the other.

the ladies!  

 

What the deuce has sex to do here ? Don't be too medical.

 

Because medical science says that their physiological apparatus is more suitable for psychological attitude of self-abnegation which is also the essential desideratum for yoga.

 

This is the only thing for which their physiological apparatus works ? I fear there are other things, both in male and female which are not essential desiderata for yoga.

Apart from the sense of humour — I have never said that Yoga or that this Yoga is a safe and easy path. — What I say is that any one who has the will to go through can go through. For the rest if you aim high there is always the danger of a steep fall if you misconduct your aeroplane. But the danger is for those who allow themselves to entertain a double being, aiming high but also indulging their lower outlook4 and hankerings. What else can you expect when people do that ? You must become single-minded, then the difficulties of the mind and vital will be overcome. Otherwise those who oscillate between their heights and their abysses, will always be in danger till they have become single-minded—that applies to the "advanced" as well as to the beginner.

 

4  Doubtful reading.

On n'est jamais sûr de quoi que ce soit. Il est absurde de dire en ce monde : "Je ferai seulement ce qui est sûr et absolument sans danger — surtout quand il s'agit de quoi que ce soit de grand."

 

Votre satire caustique sur les chemins de fer (avec toutes mes excuses) est quelque peu à côté de la question. D'abord-, j'ai osé faire le yoga.

 

Pourquoi ne pas continuer à oser — au lieu de gémir parce qu'il n'y a aucune sécurité ?

 

Dans les chemins de fer, etc.., le trajet est sans danger : les forces hostiles ne sont pas si scélérates ; tandis que même après des efforts herculéens, le chemin du yoga n'est pas d'un pouce plus facile.

 

Vous devriez lire Le Matin. Par-ci par-là, une terrible collision, un holocauste. Je reconnais qu'en Inde, les chemins de fer sont lents et rares1, et donc moins dangereux, mais pas tout à fait. Finalement, que dire des avions ?

 

Râmakrishna avait un mot d'espoir pour ses disciples ; il disait souvent: "Tous ceux qui sont venus

 

1 Déchiffrage incertain.

ici auront".2 Vous n'en avez pas le moindre pour nous ou ne voulez pas en avoir, pas même le quart. Vous direz peut-être : "Il s'agit d'une Vérité plus grande", mais nous avons aussi un Divin plus grand.

 

Il avait peu de disciples autour de lui—ici, nous avons une foule de cent cinquante personnes; sa promesse n'était donc pas une bien grosse spéculation hippique. Mais que veut dire "auront"?

 

Aux yeux de cette Vérité plus grande, si quelques-uns tombent en route, quelle importance ? La roue de Jagannâth3 continue de tourner et le Divin n'a pas une larme pour eux, car il est au-delà des dualités.

 

Même si je tombe moi-même, je ne pleurerai pas ! J'essaierai encore.

 

Tout de même, il est très problématique que beaucoup parviennent vivants à votre Ciel, comme Youdhishthira.

 

2 En bengali dans le texte.

3 Jagannâth, le Seigneur du monde, l'une des formes de Vishnou adorée en la ville sacrée de Puri où chaque année des milliers de fidèles viennent tirer son énorme char. Parfois même, certains fidèles se jettent sous les roues du char dans la croyance que ce sacrifice leur vaudra la libération immédiate.

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These are facts of nature— I can't pretend for anybody's comfort that they are otherwise. But there is the fact also that nobody need keep himself in this danger. Onemindedness (एकनिष्ठा), surrender to the Divine, faith, true love for the Divine, complete sincerity in the will, spiritual humility (real, not formal) there are so many things that can be a safeguard against any chance of eventual downfall. Slips, stumbles, difficulties, upsettings, everyone has and can't be assured against these things, but if one has the safeguards, they are transitory, help the nature to learn and are followed by a better progress.

 

*

**

 

January 8, 1935

 

I hope you have understood the psychology behind all my wailings. My headache and fear are that you allow the other forces to take away some of the poor Nirods from your "train", being weary of the fight, perhaps.

But I sincerely pray that you will drag this really poor Nirod in your train till his last breath!

 

Excuse me, I don't allow — the poor Nirods allow or they take themselves away in a huff.

What else am I doing but dragging towards that ?

 

You call me a poet ? A poet without poems ? A briefless barrister ?

 

It was the uchchhwas1 that extorted that exclamation from me.

 

*

**

January 9, 1935

 

What is double being or double nature ? Are both the same ? Is it, as you say, aiming high and aiming low simultaneously ? In that case I am afraid most of us have it more or less!

 

Every man has a double nature except those who are born ("not unborn) Asuras, Rakshasas, Pishachas2 and even they have a psychic being concealed somewhere by virtue of their latent humanity. But a double being (or a double nature in the special sense) refers to those who have two sharply contrasted parts of their being without as yet such a linking control over them. Sometimes they are all for the heights and then they are quite all right — sometimes all for the abysses and then they care nothing for the heights, and even sneer or rail at

 

1 Bengali word meaning outburst of emotion.

2 Different types of demons.

Et son chien. Vous avez oublié le chien1.

 

J'ai bien peur que la plupart d'entre nous n'aient le sort des Pândava2à l'exception des femmes !

 

Que diantre vient faire le sexe là-dedans ? Ne soyez pas si médical.

 

Parce que la science médicale nous dit que leur appareil physiologique est plus propice à l'attitude psychologique d'abnégation-, ce qui est également l'un des desiderata du yoga.

 

Est-ce la seule chose à laquelle serve leur appareil physiologique ? Je crains bien qu'il n'y ait d'autres choses, dans les hommes comme dans les femmes,

 

1 Selon le Mahâbhârata, Youdhishthira, l'un des quatre frères d'Arjouna, fut le seul à parvenir au ciel dans son corps mortel, accompagné d'un chien qu'il avait rencontré en route. Les quatre autres frères de Youdhishthira et leur femme sont morts en chemin. Le gardien du ciel, dit-on, voulut refuser l'entrée au chien, mais le roi Youdhishthira refusa d'entrer lui-même sans son chien, disant qu'étant roi il se devait de protéger tous ceux qui lui demandaient protection. Et ainsi le chien entra-t-il au ciel. Aussitôt le chien reprit sa vraie forme qui était celle du Dharma, le dieu de la Loi. (Car Youdhishthira avait obéi à la loi en protégeant même un chien.)

2 Les quatre frères de Youdhishthira étaient appelés les "Pândava", c'est-à-dire les fils de Pândou. Ils sont morts en route, l'un après l'autre.

qui ne soient pas des desiderata essentiels du yoga.

Humour mis à part, je n'ai jamais dit que le yoga ou ce yoga fût un chemin sans danger et facile. Ce que je dis, c'est que tous ceux qui ont la volonté d'aller jusqu'au bout le peuvent. Pour le reste, si vous visez haut, il y a toujours le danger d'une chute à pic quand on conduit mal son aéroplane. Mais le danger est pour ceux qui trouvent bon d'entretenir un être double, visant haut, mais s'adonnant aussi à leurs manières d'être3 et leurs soifs inférieures. Que pouvez-vous espérer d'autre quand les gens sont doubles ainsi? Il faut avoir un unique but, alors les difficultés du mental et du vital seront surmontées. Sinon, ceux qui oscillent entre leurs sommets et leurs abîmes courront toujours un danger tant qu'ils n'auront pas un unique but — ceci s'applique à ceux qui sont "avancés" autant qu'aux débutants. Ce sont des faits de la nature — je ne peux pas prétendre qu'il en soit autrement pour consoler les gens. Mais il y a le fait aussi que personne n'a besoin de rester dans ce danger. La détermination, la soumission au Divin, la foi, l'amour vrai pour le Divin, la sincérité complète de la volonté, l'humilité spirituelle (la vraie, non la conventionnelle), tant de choses peuvent être une sauvegarde contre les possibilités de chute. Les glissades, les faux pas, les bouleversements, tout le monde les a et l'on ne peut guère être assuré contre eux, mais si l'on possède les sauvegardes, ils sont passagers,

 

3 Déchiffrage incertain.

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them and give full rein to the lower man. Or they substitute for the heights a smoky volcano summit in the abyss. These are extreme examples, but others while they do not go so far, yet are now one thing, now just the opposite. If they can convert the lower fellow or discover the central being in themselves, then a true harmonious whole can be created. (For a case of a double being who had no central organising part in him, you can take R as an example) N.B. this note is confidential.

 

In the meditation., I had again a strong feeling of pressure. As you had advised, I tried to enlarge my consciousness by thinking that I was as large as the universe. But is that the way ?

 

Yes. At any rate it is a very good way — there may be others, but I think it is the best.

 

*

**

 

January 10, 1935

 

I don't know anything about the example you gave of a double being. You have read, I am sure, Dr. Jekyl and Mr. Hyde. Is that an instance of the double being ? ;

 

Well, it is something very much like that — except that the possession of the consciousness by either personality is not always or often as complete as that.

 

Is Divine Force somewhat different from Ananda and Peace in its operation ? When Peace descends or Ananda invades, one can distinctly feel it as coming from above. But what about the Force ?

 

One can feel it in the same way if it descends into the body. But sometimes it simply works from above or behind or within and in that case one may be conscious of the result, the energy given without feeling the Force itself.

 

Why is it so rarely felt ? Is it more difficult to bring it down ?

 

No. It depends on the person. Many people feel the Force more easily than the Peace and Ananda.

 

Today an almirah was completed after 38 days costing Rs. 98. To me it seems too much. But I don't know how the labour could have been reduced.

 

That needs a knowledge and keen observation, I suppose — to see whether the fruit of the work is as good as the

ils aident la nature à apprendre et sont suivis d'un progrès plus grand.

 

*

**

 

Le 8 janvier 1935

 

J'espère que vous avez compris la psychologie derrière mes gémissements. Mon tourment et ma crainte sont que vous ne permettiez que les autres forces viennent kidnapper de votre "train" quelques-uns des pauvres Nirod, peut-être parce que vous serez fatigué de la bataille.

Mais je prie sincèrement que vous remorquiez ce très pauvre Nirod dans votre train jusqu'à son dernier souffle !

 

Pardon ! je ne "permets" pas—ce sont les pauvres Nirod qui permettent qu'on les kidnappe, ou qui s'enlèvent eux-mêmes d'un coup de tête.

Fais-je autre chose que de "remorquer" vers cela ?

 

Vous m'appelez "poète"? Poète sans poèmes ? Avocat sans cause ?

 

C'est le ouchchhwâs1 qui m'a tiré ce cri.

*

**

 

1 Mot bengali : vive émotion.

Le 9 janvier 1935

 

Qu'est-ce que l'hêtre double" ou la double nature ? Est-ce une seule et même chose ? Est-ce, comme vous dites, viser haut et viser bas en même temps ? En ce cas, j'ai bien peur que nous n'ayons tous plus ou moins cette doublure.

 

Chaque homme a une double nature, sauf ceux qui sont nés (non ceux qui n'ont pas de corps) Asoura, Râkshasa, Pishâcha2, et même ceux-là ont un être psychique caché quelque part du fait de leur humanité latente. Mais l'être double (ou la double nature en ce sens particulier) se réfère à ceux qui ont deux parties de leur être en contraste aigu et qui ne possèdent pas encore le lien de commande entre les deux. Tantôt ils sont entièrement pour les hauteurs, et alors ils sont très bien, tantôt ils sont entièrement pour les abîmes, et alors ils se moquent tout à fait des hauteurs, ou même ricanent et se révoltent pour laisser la bride à l'homme inférieur. Ou ils remplacent les hauteurs par le sommet fumeux d'un volcan au fond de l'abîme. Ce sont les cas extrêmes, mais d'autres, sans aller si loin, sont tantôt une chose, tantôt le contraire. S'ils arrivent à convertir le gaillard inférieur ou à découvrir l'être central en eux, alors un tout harmonieux peut se créer. (Comme exemple d'être double sans

 

2 Diverses catégories de démons.

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show. But you are there for supervision mainly, not for expert knowledge.

 

I can never imagine that some day I shall have an expert knowledge of carpentry to supervise and regulate the work.

 

Well, get the Energy from above (the Force) and put it forcefully on the carpenters. If one day you can do that you will amply justify your timber-throne.

 

If, as you say to D, remembering the Divine and giving thanks at the end ought to be enough, that is very simple and easy.

 

One must also aspire for the Force and for the consciousness of the Force.

 

In yoga everything seems to be opposite. My Rupees 20,0001over medical education are in vain ! I don't know what purpose will be served by making me a carpenter of the Divine. If, on the contrary, I could be the Son of a carpenter that would be something !

 

I was under the impression that you were not enthusiastic over medicine or at least over the practice of it. If I had known that you were anxious to justify

 

 and

the 20,000, we could have utilised you in that direction. Are you serious about it?...

 

*

**

 

January 12, 1935

 

It comes as a great surprise to hear that you consider enthusiasm so important for want of which you didn't utilise my medical knowledge!

 

I meant that as you had no enthusiasm for drugs, you might just as well be living with timber.

 

I am really puzzled by your question, the more so because you have said that I am progressing more than I would have done if I were a literary or a medical gent:

 

Well, Mother thought of you when we wanted somebody to fill up the hole left by the erratic X and we also don't know what we shall do when B goes for his domestic inspection of his affairs. We had rejected the idea because we thought you might not only be not enthusiastic but the reverse of enthusiastic about again being a medical gent. When however you spoke lovingly

élément central organisateur en lui, vous pouvez prendre R., notamment.)

N.B. Cette note est confidentielle.

 

En méditation, j'ai eu encore une fois cette forte sensation de pression. Selon vos conseils, j'ai essayé d'élargir ma conscience en pensant que j'étais aussi large que l'univers. Mais est-ce la façon ?

 

Oui. En tout. cas, c'est une très bonne façon — il y en a d'autres, mais je pense que c'est la meilleure.

 

*

**

 

Le 10 janvier 1935

 

Je ne connais pas l'exemple d'être double que vous citez. Sûrement, vous avez lu le Dr. Jekyl et Mr. Hyde. Est-ce là un cas d'être double?

 

Ma foi, cela y ressemble pas mal — sauf que la prise de possession de la conscience par l'une des deux personnalités n'est pas toujours (ni souvent) aussi complète que cela.

 

Dans son action, la Force divine est-elle quelque peu différente de l'Ananda et de la Paix ? Quand la Paix descend ou quand

 

l'Ananda envahit, on peut distinctement sentir que cela vient d'en haut. Mais quand il s'agit de la Force?

 

On peut la sentir de la même manière si elle descend dans le corps. Mais parfois, elle agit simplement d'en haut ou de derrière ou du dedans, en ce cas, on peut être conscient du résultat, de l'énergie donnée, sans sentir la Force elle-même.

 

Pourquoi la sent-on si rarement ? Est-ce plus difficile de la faire descendre ?

 

Non. Cela dépend des gens. Beaucoup sentent plus facilement la Force que la Paix ou l'Ânanda.

 

Aujourd'hui, nous avons fini une armoire après trente-huit jours— coût : Rs. 98. Il me semble que c'est beaucoup. Mais je ne vois pas comment la main-d'œuvre aurait pu être réduite.

 

Je suppose qu'il faut une connaissance et une observation aiguisée pour cela — voir si le fruit du travail est aussi bon que le semblant. Mais vous êtes là principalement pour surveiller, non pour vos connaissances d'expert.

 

Je n'arrive pas à imaginer qu'un

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hungeringly about the 20,000, I rubbed my eyes and thought, "Well, well, here is a chance." That's all.

 

If you seriously think that 1 may add my little strength to help the Divine and call me to do it 1 am thrice seriously your man.

 

We will think of it in case of need.

 

You speak as if the Energy or Force is just above the head, and one has only to snatch it down.

 

There is a lid in between. Remove

 

_________

______________

suite de la p. 113

 

jour j'aurai jamais une connaissance d'expert en menuiserie pour surveiller et organiser le travail.

 

Eh bien, tirez l'Énergie d'en haut (la Force) et appliquez-la vigoureusement sur les menuisiers. Si, un jour, vous pouvez faire cela, vous aurez amplement mérité votre trône de bois.

 

Si, comme vous Pavez dit à D., il suffit de se souvenir du Divin et de lui rendre grâces à la fin, c'est très simple et très facile.

 

Il faut aussi aspirer à la Force et à la conscience de la Force.

that and the Force will come tumbling down into you.

 

And even if it were, how can 1 put the Force on the carpenters? Does it not also depend on the receptivity of respective individuals ?

 

Much more easy if you have the force to make a carpenter to carpent properly than to propel a sadhak in the way he should go. Receptivity is all-important for the sadhana — it counts but not so much in getting an ordinary thing done by an ordinary man.

(to be continued)

 

__________

 

Dans le yoga, tout semble aller en sens contraire. Mes vingt mille roupies d'études médicales n'ont servi de rien ! Je ne sais pas à quoi servira que l'on fasse de moi un menuisier du Divin, mais si, par contre, je pouvais être le Fils d'un certain menuisier, ce serait déjà quelque chose !

 

J'avais l'impression que vous n'étiez pas enthousiaste de la médecine ou du moins de l'exercer. Si j'avais su que vous étiez si désireux de justifier les Rs.20.ooo, nous aurions pu vous utiliser de ce côté-là. Parlez-vous sérieusement ? ...

 

*

**

Le 12 janvier 1935

 

C'est une grande surprise d'entendre dire que vous considérez l'enthousiasme comme une chose si importante et que c'est parce qu'il me manquait que vous ne vous êtes pas servi de mes connaissances médicales !

 

Je voulais dire que, puisque vous n'aviez pas d'enthousiasme pour les potions, vous pouviez vous accommoder tout aussi bien du bois de charpente.

 

Je suis vraiment déconcerté par votre question, d'autant que vous m'aviez dit que je progressais mieux que je ne l'aurais fait si j'avais été un homme de plume ou un homme de médecine.

 

Eh bien. Mère a pensé à vous quand il a fallu quelqu'un pour remplir le vide laissé par l'extravagant X., et nous ne savons pas non plus ce que nous allons faire quand B. partira pour inspecter ses affaires domestiques. Nous avions rejeté l'idée parce que nous pensions que, non seulement vous ne seriez pas enthousiaste, mais le contraire de l'enthousiaste pour redevenir un homme de médecine. Mais quand vous avez parlé avec une tendre gloutonnerie de ces 20.000, je me suis frotté les yeux et j'ai pensé :

 

 

"Tiens, tiens ! voilà une occasion. C'est tout.

 

Si vous pensez sérieusement que je puis apporter mes petites forces à l'aide du Divin et si vous m'appelez, alors je suis trois fois sérieusement votre homme.

 

Nous y penserons en cas de besoin.

 

Vous avez l'air de dire que l'Énergie ou la Force est juste au-dessus de la tête et qu'il suffit de l'attraper au vol pour la faire descendre.

 

Il y a un couvercle entre les deux. Enlevez-le et la Force tombera sur vous.

 

Même si elle tombait, comment puis-je appliquer la Force sur les menuisiers ? Ne dépend-elle pas aussi de la réceptivité des individus ?

 

Si vous avez la force, il est bien plus facile de faire menuiser les menuisiers que de propulser les sâdhak dans la direction voulue. La réceptivité est de toute importance pour la sâdhanâ — elle compte aussi, mais pas autant, quand on veut faire faire un travail ordinaire par un homme ordinaire.

(à suivre)

 

 

 

 

 

 

Top

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Report on the Quarter

 

Darshan

 

Beyond Alan's consciousness

Beyond speech 0 Thee, Supreme Consciousness

Unique Reality

Divine Truth.

 

THIS is the Message given by the Mother to mark the fifty-third anniversary of her final arrival at Pondicherry.

The celebrations began early in the morning with a visit to Sri Aurobindo's Room. At 10, there was collective Meditation around the Samadhi. In the evening the Mother gave Darshan from her Terrace to a large number of people including visitors. After Darshan there was a j March Past at the Playground, Bande Mataram and music by the J.S.A.S.A. Band. These were followed by the screening of the rush prints of a documentary film on the Centenary celebrations and the movement and reception of the Sacred Relics of Sri Aurobindo in West Bengal.

 

Education AcademicExtension Lectures

 

On 4.4.73, Nolini gave a talk on "An Upanishadic Story" and readings from Savitri.

On 7.4.73, Aster gave a talk on "Some Problems of Indian Youth Today" (Saturday Programme).

On 5th and 12th May 1973, Dr. V. Madhusudan Reddy, Osmania University, Andhra Pradesh, addressed our Higher Course students on "The Vision of Sri Aurobindo, Auroville and the Modern Youth."

On 5.6.73, Nolini spoke on "Liberties and Self-Control", and gave readings from Savitri.

On 8.6.73, Nirodbaran gave a talk in Bengali on Poet Nishikanta who passed away on 20.5.73, and Swadesh read what Nishikanta dictated to

Rapport Trimestriel

 

Darshan

Au-dessus de la conscience

Au-delà de la parole

O Toi, Suprême Conscience

Unique Réalité

Vérité divine.

 

C'EST là le message donné par la Mère pour marquer le cinquante-1 troisième .anniversaire de son arrivée définitive à Pondichéry.

La célébration commença de bonne heure le matin par une visite à la chambre de Sri Aurobindo. À dix heures a eu lieu une méditation collective autour du Samâdhi. En fin d'après-midi la Mère s'est montrée sur sa terrasse à une foule nombreuse. Après le Darshan le défilé au Terrain de jeux a été suivi du Bandé Mâtaram et d'un concert par la fanfare de la J. S.A. S.A. Enfin, ont été projetés des extraits d'un film documentaire sur les cérémonies du Centenaire, le transfert des reliques sacrées de Sri Aurobindo au Bengale occidental et leur réception.

 

Vie académique. Cours et conférences

 

Le 4 avril Nolini a fait une causerie en anglais sur "Une histoire des Oupanishad" et lu des passages de Savitri

Le 7 avril, dans le cadre des programmes du samedi. Aster a parlé en anglais de "Quelques problèmes de la jeunesse indienne d'aujourd'hui"

Les 5 et 7 mai le professeur V. Madhusudan Reddy de l'Université Osmania (Andhra Pradesh) a parlé en anglais aux étudiants de notre Cours supérieur de "La vision de Sri Aurobindo, Auroville et la jeunesse moderne"

Le 5 juin Nolini a traité en anglais le sujet "Libertés et contrôle de soi" et lu des passages de Savitri

Le 8 juin Nirodbaran a fait une conférence en bengali sur le poète

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him on his early life of quest. On 27.6.73, Nolini spoke in Bengali on the inner significance of Nishikanta's poetry and read some of his early poems and his Bengali translations of two of Sri Aurobindo's poems.

On 20.6.73, Dr. Sisirkumar Ghose spoke on "Some impressions of a tour in Bulgaria, Japan and Thailand" in connection with Sri Aurobindo's Centenary, and on 22.6.73, he showed slides on Japan, with a commentary.

On 30.6.73, Guruprasad, one of our Science teachers, with a group of his students, gave a talk in French "Quand les Astres Jouent a Cache-Cache", (Heavenly Bodies Play Hide-and-Seek).

Dr. M. Venkataraman, Madurai University, gave a series of talks on Sri Aurobindo , Arindam Basu, his weekly talks on "The Life Divine"., he and Kanupriya their weekly talks in Bengali on the teachings of the Mother and Sri Aurobindo.

 

Education ~ Physical

 

After the normal group activities, we started the first "season" on 1st April 1973, with a March Past at the Sports Ground. The programme for the first two seasons was as follows :

 

Section

Men

Women

Juniors

Elder Children

Younger Children

1st Season

Athletics

Games

Aquatics

Gymnastics

Games

2nd Season

Gymnastics

Aquatics

Athletics

Games

Athletics

 

Men : Athletics

 

In all 162 persons participated, most of them being between the ages of 18 and 25, a few above the age of 40. The total number of entries in all events was 1430.

Nishikanta qui est décédé le 20 mai et Swadesh a lu ce que Nishikanta lui avait dicté sur le début de sa vie de recherche. Le 27 juin Nolini a parié en bengali de la signification intérieure de la poésie de Nishikanta, puis a lu quelques-uns de ses premiers poèmes et ses traductions en bengali de deux poèmes de Sri Aurobindo

Sisirkumar Ghose a exposé en anglais, le 20 juin, ses impressions d'un voyage en Bulgarie, au Japon et en Thaïlande, en rapport avec le centenaire de Sri Aurobindo ; le 22 juin, il a commenté des diapositives prises au Japon

Le 30 juin Guruprasad et un groupe de ses élèves ont parlé de : "Quand les astres jouent à cache-cache"

Le professeur M. Venkataram, de l'Université de Madurai, a donné une série de causeries en anglais sur Sri Aurobindo ; l'Ananda Basu a poursuivi ses causeries hebdomadaires en anglais sur la Vie divine et, avec Kanupriya leurs causeries hebdomadaires en bengali sur l'enseignement de Sri Aurobindo et de la Mère.

 

Éducation physique

 

La première saison d'entraînement a commencé le 1er avril, après les activités normales de groupe, par un défilé au Terrain de sports.

Les programmes des deux saisons sont les suivants :

 

Section

Hommes

Dames

Juniors

Grands enfants

 Petits enfants

1ère saison

Athlétisme

Jeux

Sports

Gymnastique

Jeux

2ème saison

Gymnastique

Sports aquatiques

Athlétisme

Jeux

Athlétisme

 

Hommes — athlétisme

 

La participation totale a été de 162 personnes, la plupart entre dix-huit et vingt-cinq

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The road race over a distance of about 22 kilometres attracted 56 entrants. /

This year we carried out a study to find how many members could achieve a performance of 500 points and over in decathlon events, on the decathlon scoring system. Starting from the year 1950 up to the current year, 82 members reached such a performance. This year, 21 members achieved this target of 500 points.

 

Women : Games

 

In all, 144 members participated, half of them being between 18 and 25 years of age, in seven games. Basket Ball had the highest number of entries — 138-followed by Soft Ball —106, Hockey — 84, Hand Ball — 49 and Kabadi — 36. 'Skill Tests' in Basket Ball were also included.

 

Juniors : Aquatics

 

Out of 89 members, 62 took part in swimming and 42 in diving. A new item "100 laps" comprising a distance of 3333 metres was included and 8 members took part in this race. The general standard was very good. There was a maximum number of new age group records — 30, out of which two were Ashram records.

 

Elder Children (Groups Al 6s A2') : Gymnastics

 

All the children from both groups participated in all the events, namely, vaulting, trampoline, parallel bars, agility, rope climbing and Mass Exercises. This year a new item of "Movements with Music" in 'pairs' and 'teams' was introduced. In Mass Exercises the standard was good.

ans et quelques-unes de plus de quarante ans. Lé nombre total d'inscriptions a été de 1430.

La course sur route, couvrant environ vingt kilomètres, a attiré cinquante-six participants.

Cette année, nous avons fait une étude pour déterminer combien de nos membres ont réalisé une performance de cinq cents points ou plus dans le décathlon, selon la manière de compter propre au décathlon. Depuis 1960 jusqu'à l'année en cours, quatre-vingt-deux membres on atteint cette performance. Cette année, vingt-et-un membres ont atteint l'objectif de cinq cents points.

 

Dames —jeux

 

Il y a eu cent quarante-quatre participantes, dont une moitié entre dix-huit et vingt-cinq ans, réparties en sept jeux. Le basket-bail a eu le plus grand nombre d'inscriptions : cent trente-huit; suivi par le soft-ball : cent six; le hockey : quatre-vingt-quatre; le hand-ball : quarante-neuf et le kabadi : trente-six. Le programme comprenait aussi des essais d'habileté en basket-bail.

 

Juniorssports aquatiques

 

Sur quatre-vingt neuf membres, soixante-deux ont participé à la natation et quarante-deux aux plongeons. Une nouvelle épreuve "cent tours", couvrant une distance de trois mille trois cent trente-trois mètres, a été introduite et huit membres ont participé à cette course. Le niveau atteint en général a été très bon. Le nombre de records de groupes d'âge améliorés a été de trente, un maximum. Deux de ces nouveaux records sont des records de l'Ashram.

 

Grands enfants (groupes Al et A2) —gymnastique

 

Tous les enfants des deux groupes ont pris part à toutes les épreuves,

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2nd Season

Men : Gymnastics

 

119 members participated, 84 of them being between the ages of 18 and 25. Olympic Gymnastics and Olympic Tests attracted 58 members each. There was a change in this year's method. The participants were sub-divided into 5 fixed groups, each sub-group being given a fixed number of items with specified figures. This facilitated the introduction of a sub-group championship. On the 8th of June, a display was given along with the mass exercises competition.

 

Women : Aquatics

 

After two weeks practice, it became necessary to change the water in the swimming pool. The resulting break was made good by extending the season until the 9th of June. This time, the first two groups were formed according to the participant's capacity in each event. For the remaining groups, the participants were divided into fixed groups for all items. The general standard of performance was very good. 7 Ashram records and 18 age-group records were improved.

 

Juniors : Athletics

 

88 members were sub-divided into 6 groups and were given fixed events which were standard and sub-standard ones.

 

Elder Children : Games

 

All 78 children took part in all the games fixed for them. A novel method was tried in Basket Ball where each team was comprised of six players, one player being changed every five minutes by rotation.

à savoir : voltige, trampoline, barres parallèles, agilité, corde lisse et exercices d'ensemble. Une nouvelle épreuve a été introduite cette année : les mouvements en musique en paires et en équipes. Le niveau atteint par les' exercices d'ensemble a été bon.

 

Deuxième saison d'entraînement

Hommesgymnastique

 

Cent dix-neuf membres y ont participé, dont quatre-vingt-quatre ayant entre dix-huit et vingt-cinq ans. La gymnastique olympique et les épreuves olympiques ont attiré chacune cinquante-huit membres. La méthode a été changée cette année. Les participants ont été divisés en cinq sous-groupes, chaque sous-groupe devant exécuter un certain nombre d'exercices avec des figures déterminées. Cela a permis l'organisation d'un championnat entre les sous-groupes. Le 8 juin une démonstration a été donnée en même temps que le concours d'exercices d'ensemble.

 

Dames — sports aquatiques

 

Après deux semaines d'entraînement, il a été nécessaire de changer l'eau de la piscine. L'interruption qui en est résultée a été compensée par la prolongation de l'entraînement jusqu'au 9 juin. Cette lois-ci, les deux premiers groupes ont été formés en fonction des capacités des participants dans chaque épreuve. Pour le reste, les participants ont été répartis en groupes fixes pour toutes les épreuves. Le niveau général des résultats a été très bon. Sept records de l'Ashram et dix-huit records de groupes d'âge ont été améliorés.

 

Juniorsathlétisme

 

Quatre-vingt-huit membres ont été répartis en six groupes et ont subi des épreuves déterminées de difficulté normale ou inférieure à la normale.

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Younger Children : Athletics

 

All 90 children participated in the events fixed for them. The events were selected to suit their capacity and interest.

 

Entertainment -— Cultural and Educational

 

On 1.4.73, George Nakashima (Sundarananda, the name given by Sri Aurobindo when he was at the Ashram during the Thirties, associated with the construction of Golconde), the Japanese-American architect, on a visit here after a lapse of about 30 years, showed slides on "The Project at New Hope" (Architecture in the U.S.A.).

On 14.4.73, our students presented a programme of dance, dialogue and prayer on the occasion of the Bengali New Year.

On 23.4.73, our students and teachers gave a recital of Bengali songs and Sanskrit hymns and readings from Sri Aurobindo. These were repeated on the Saturday Programme.

On 16.5.73, Narayan Shastri of All-India Radio, gave a recital of Carnatic music.

On 22.5.73, Ramesh Rawal sang some songs on the Mother and Sri Aurobindo.

On 25.5.73, Bal Krishna Das of Orissa gave a recital of devotional and classical songs.

On 13.6.73, was arranged a programme "In Loving Remembrance of Nishikanta", in which some of our teachers sang some of his songs and recited his poems. Little children danced to his songs and poems on him were read out.

On 23.6.73, students of our Vocal Music Section gave a recital of Hindi and Bengali songs (Saturday Programme).

On 29.6.73, some of our students recited a few English poems on the Sea by Sri Aurobindo and other poets.

Besides the items already reported, the Saturday Programme this quarter included playlets and stories enacted, mimed and told by teachers and students, mainly in English, French and Sanskrit, discussions and demonstrations on classical music, both Indian and Western, and the

Grands enfants-—jeux

 

Les soixante-dix-huit enfants ont tous participé à tous les jeux qui étaient prévus pour eux. Une nouvelle méthode a été essayée pour le basket-bail ; chaque équipe comprenait six joueurs et un joueur était changé toutes les cinq minutes, à tour de rôle.

 

Jeunes enfants — athlétisme

 

Les quatre-vingt-dix enfants ont tous pris part aux épreuves sélectionnées pour eux. Ces épreuves étaient choisies pour demeurer dans leurs possibilités et éveiller leur intérêt.

 

Divertissements éducatifs et culturels

 

L'architecte japonais-américain Georges Nakashima, en visite ici après un intervalle de trente ans, a projeté le 1er avril des diapositives sur le projet de New Hope (architecture aux États-Unis). Sri Aurobindo lui avait donné le nom de Sundarananda quand il était à l'Ashram pendant les années trente, associé à la construction de Golconde

Le 14 avril, nos étudiants ont présenté un programme de danses, de dialogues et de prières à l'occasion du nouvel an bengali

Le 23 avril, nos professeurs et nos étudiants ont donné un récital de chants bengalis, d'hymnes sanscrits et de lecture d'œuvres de Sri Aurobindo. Ce récital a été donné une deuxième fois dans le cadre des programmes du samedi

Narayan Shastri, de All-India Radio, a donné le 16 mai un récital de musique carnatique

Le 22 mai Ramesh Rawal a chanté des chansons ayant pour thème Sri Aurobindo et la Mère

Bal Krishna yogi-nés, d'Orissa, a donné le 25 mai un récital de chants dévotionnels et classiques

Une séance "En souvenir affectueux de Nishikanta" a été organisée le 13 juin. Des professeurs ont chanté quelques-unes de ses chansons et

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Mother's recorded reading "Entretiens".

Recorded music, Indian and European, was played every week.

 

General

 

The Twenty-eighth Seminar of the New Age Association was held on 22.4.73. The subject chosen by the Mother was :

 

"How to reconcile the individual's claim for freedom with the collectivity's need for unity and order".

 

In answer to the above, the following message by the Mother was read out:

 

"Freedom is far from meaning disorder" and confusion.

It is the inner liberty that one must have, and if you have it nobody can take it away from you".

28.3.73

 

Six members then spoke on the subject.

On 29.5.73, Nolini opened a new Wing added to the Sri. Aurobindo Library.

On the 1st July 1973 our Nature Cure section started the sixth year of its self-health-study classes with the Mother's music. Children's Nature Cure Section was opened on 24th April '73.

 

Visitors

 

Shri B. D. Jatti, Governor of Orissa, on 13.4.73.

récité ses poèmes. Des petits enfants ont dansé sur la musique de ses' chansons et des poèmes composés pour lui ont été lus

Le 23 juin les étudiants de notre section de musique vocale ont donné un récital de chansons hindies et bengalies (programme du samedi)

Le 29 juin nos étudiants ont récité en anglais quelques poèmes sur la mer écrits par Sri Aurobindo ainsi que par d'autres poètes

En dehors de ce qui a été déjà mentionné, les programmes du samedi ont compris, pendant ce trimestre, des saynètes et des histoires jouées, mimées et racontées par des professeurs et des élèves, principalement en anglais, en français et en sanscrit ; des discussions, avec démonstrations, sur la musique classique tant indienne qu'occidentale ; et l'audition des "Entretiens" enregistrés de la Mère

Chaque semaine on a joué de la musique enregistrée, indienne et européenne.

 

Généralités

 

Le vingt-huitième séminaire de l'Association du nouvel âge a eu lieu le 22 avril. Le sujet choisi par la Mère était :

 

"Comment concilier le droit individuel à la liberté et le besoin d'unité et d'ordre de la collectivité." (traduction de l'original en anglais)

 

En réponse, le message suivant de la Mère a été lu :

"La Liberté est loin de signifier le désordre et la confusion. C'est la liberté intérieure que l'on doit avoir et, si vous l'avez, personne ne peut vous la retirer." (traduction de l'original en anglais)

28.3.73

 

Six membres ont alors pris la parole sur le sujet.

Le 29 mai Nolini a inauguré une aile nouvelle ajoutée à la Grande bibliothèque.

Le 1er juillet notre section de cure naturiste a commencé sa sixième

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année de classes d'auto-observation de santé avec une audition' de la musique de la Mère. La section de cure naturiste pour les enfants a été ouverte le 24 avril.

 

Visiteurs

 

Le 13 avril Shri B. D. Jatti, Gouverneur d'Orissa.

 

Nouvelles publications

 

Sri Aurobindo —The Riddle of this world

La Synthèse des Yoga-II

 

The Mother — Questions and Answers 1956

 

Nolini Kanta Gupta — Six Talks

 

Nirodbaran — Talks with Sri Aurobindo Vol. III

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Illustrations

 

 

Mr.Jurgensen, the French Ambassador to India and Mrs.Jurgensen at Sri Aurobindo's Samadhi

L'Ambassadeur de France à New Delhi et

Madame Jurgensen au Samâdhi de Sri Aurobindo

 

Free Milk Distribution  to the workers' children

Distribution gratuite de lait aux enfants des ouvriers

 

 

by the Consul General of France

par le Consul général de France

by the Lt.Governor of Pondicherry

par le Lieutenant-Gouverneur de Pondichéry

 

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Ladies Games Tournament 1973: Kabadi

Tournoi féminin des jeux 1973: kabadi

 

 

Ladies Games Tournament 1973 : Soft-Ball

Tournoi féminin des jeux 1973: soft-ball

 

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Athletics Competition 1973: High Jump

Tournoi d'athlétisme 1973: saut en hauteur

 

 

Finis of 200 Meters Race

Arrivée de la course de 200 mètres

 

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Athletics Competition: Tug of War

 

Concours athlétisme, lutte à la corde

 

 

 

Road Race

Course sur route

 

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Novelty Races

Course de fantaisie

 

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Gymnastic Competition

Concours de gymnastique

 

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Nolini with his Students

Nolini et ses élèves

 

 

Nolini Distributing Sweets on his Birthday

 

Nolini distribue des bonbons pour

son anniversaire

 

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Divine Grace

Grâce divine

 

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